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anglo-irlandais, conflit

Publié le 19/02/2013

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1   PRÉSENTATION

anglo-irlandais, conflit, combat pour l'indépendance nationale de l'Irlande contre la domination anglaise. Cette lutte a duré 750 ans, de l'invasion de 1170 à la création de l'État libre d'Irlande (Eire) en 1922, qui a donné l'indépendance à 26 comtés sur 32.

2   LA PROGRESSIVE DOMINATION ANGLAISE
2.1   La conquête

L'implication de l'Angleterre dans les affaires irlandaises remonte à 1169-1170, lorsque le roi de Leinster, Dermot MacMurrough, appelle des aventuriers normands du nouveau royaume d'Angleterre conduits par Richard de Pembroke. Celui-ci épouse la fille du roi irlandais de Leinster et lui succède sur le trône. En 1171, Richard hérite de ce royaume, tandis que ses compagnons se taillent d'amples domaines. La même année, Henri II d'Angleterre traverse la mer d'Irlande avec une armée importante pour soumettre l'un de ses barons, le comte de Pembroke. Fort d'une bulle pontificale, il fait reconnaître en 1172 par le synode de Cashel son autorité pour réformer l'Église d'Irlande, dont l'indépendance pouvait inquiéter Rome. En 1175, le traité de Windsor consacre la suzeraineté d'Henri II sur toute l'île. Dès lors, l'Irlande est une colonie anglaise. Par la suite, l'Irlande est peu à peu conquise par des barons qui introduisent le système féodal et la Common Law (droit coutumier anglais). Mais, dans toute l'Irlande, le ressentiment face à l'envahisseur anglais est endémique et seulement contenu par le fait que les Irlandais sont incapables d'unir leurs forces.

2.2   L’établissement de la main mise

Après la peste noire en 1348, qui décime la moitié de sa population, l'Irlande cesse d'être une source de revenus prospère pour les habitants et les propriétaires anglais. Au XVe siècle, les Normands d'Angleterre ne contrôlent véritablement plus qu'une bande côtière entre Dublin et Dundalk. Cette situation change avec l'arrivée d'une armée anglaise envoyée par Henri VII et placée sous le commandement de sir Edward Poynings. Ce dernier, en qualité de lieutenant général, décrète l'extension de la législation anglaise à l'Irlande et la subordination de tous les actes du Parlement irlandais à l'approbation du roi et de son conseil en Angleterre, par le célèbre Poynings Act en 1494. C’est cette loi qui régit les relations entre les deux pays jusqu'à l'Acte d'union de 1800. Plus tard, Henri VIII, à la suite de la rébellion du comte de Kildare, envoie une autre armée pour soumettre l'Irlande ; des combats très durs opposent les forces en présence pendant six ans, à l'issue desquels le Parlement irlandais octroie à Henri le titre de roi d'Irlande en 1541.

2.3   La division religieuse

La réforme religieuse d'Henri VIII (Acte de suprématie, 1534), développée pendant le court règne d'Édouard VI et interrompue sous le règne de la catholique Marie Ire Tudor, accroît l'hostilité entre les Anglais et les Irlandais. L'Irlande proteste énergiquement à l'abolition de la messe sous le règne d'Édouard VI, et défend farouchement sa foi contre une Angleterre de plus en plus protestante, et l'aristocratie catholique se tourne vers l'Espagne. Le règne d'Élisabeth Ire est marqué par la répression des révoltes de Munster, qui ont lieu de 1569 à 1573 et de 1579 à 1583, et après lesquelles les locataires irlandais sont déplacés par les colons Anglais et le Connach indépendant fermement anglicisé. Enfin, une révolte nationaliste en Ulster (1594-1603) fomentée par le Comte de Tyrone est brutalement réprimée, préparant le pays à une nouvelle campagne d'anglicisation sous le règne de la dynastie Stuart.

2.4   Anglicisation et colonisation

Dans la première moitié du XVIIe siècle, la résistance des dirigeants irlandais face à l'enracinement grandissant des Anglais mène à une série de révoltes, puis de représailles militaires, d'appropriation de terres en territoire rebelle et d'attribution de ces terres à des colons venant de Grande-Bretagne. Ainsi, les protestants, en majorité écossais, s'installent en Ulster, et, à la veille de la première Révolution d'Angleterre, en 1611, une rébellion sanglante oppose les protestants aux catholiques de cette région. Cet événement marque un tournant dans l'histoire irlandaise, la religion, les antagonismes économiques et les haines sectaires creusant un peu plus l'énorme fossé qui existe entre les deux nations. La répression impitoyable des royalistes irlandais par Oliver Cromwell, accompagnée de nouveaux massacres en 1649 à Drogheda et à Wexford, et suivie de la restauration de Charles II, affaiblit encore plus les propriétaires irlandais catholiques : possédant près des trois cinquièmes des terres en 1640, ils n'en détiennent plus qu'un cinquième vingt ans plus tard.

L'accession au trône du catholique Jacques II en 1685, sa déposition et son échec à regagner son trône à la tête de l'armée jacobine irlandaise conduisent à la désastreuse bataille de la Boyne, le 1er juillet 1690, durant laquelle Jacques subit une défaite retentissante face aux forces protestantes de Guillaume d'Orange. Par la suite, le Parlement irlandais, protestant, vote une série de lois pénales (1702-1705) à l'encontre des catholiques irlandais par lesquelles, jusqu'à leur abolition en 1782, les Irlandais, dans leur grande majorité, sont pratiquement hors la loi. Ces lois leur interdisent tout emploi public, d'aller à la messe, d'acheter ou d'hériter de terres. L'oppression est aussi économique : l'Irlande n'ayant qu'un statut colonial, elle ne doit pas concurrencer l'Angleterre, et des mesures sont prises pour limiter les importations anglaises de bétail et de produits textiles en provenance d'Irlande.

Soumise aux astreintes politiques et économiques édictées par l'Angleterre, l'Irlande est de surcroît étroitement surveillée par une garnison vigilante, mais relativement hétérogène. En Ulster, elle se compose de protestants non conformistes et radicaux. Dans le reste du pays règne un groupe minoritaire de landlords anglicans et réactionnaires appelé Ascendancy. Si les aspirations et les intérêts des deux piliers de la colonie protestante sont divergents, l'unité est maintenue à tout prix face à la « menace papiste «. C'est ainsi que commence l'ère de la domination des protestants, qui tiennent tête à toutes les révoltes pendant près d'un siècle jusqu'en 1795, date à laquelle l'Acte d'émancipation catholique de William Pitt donne le droit de vote aux catholiques sur la même base que les protestants et leur permet de se présenter aux élections. À la fin de 1779 et au début de 1780, Londres rétablit la liberté du commerce. Deux ans plus tard, l'indépendance législative de l'Irlande est reconnue et la tutelle du Parlement anglais sur la législation dublinoise abrogée.

Mais la propagande révolutionnaire française influence fortement les Irlandais-Unis de Wolfe Theobald Tone, dont la révolte de 1798, qui s’accompagne d’une tentative de débarquement des Français dirigés par Hoche, est impitoyablement réprimée par les forces britanniques et met fin à la tentative d'autonomie législative irlandaise. Pitt, après avoir négocié l'Acte d'union du 1er janvier 1801, qui supprime le Parlement irlandais et donne à l'Irlande un droit de représentation à la Chambre des communes, est obligé de démissionner lorsque Georges III refuse d'approuver l'émancipation totale des catholiques.

3   DE L’ANTAGONISME RELIGIEUX AU PROBLÈME ÉCONOMIQUE

Au XIXe siècle, la situation politique de l'Irlande connaît de grands changements. Le mouvement populaire de Daniel O'Connell pour l'émancipation catholique remporte la victoire en 1829. Mais l'événement le plus important pour l'avenir de l'Irlande, dont les effets sont encore prolongés par l'évolution économique et sociale, est la grande famine de 1845-1848, provoquée par trois mauvaises récoltes consécutives de pommes de terre, qui est alors la nourriture exclusive des paysans irlandais. Durant cette période, plus d'un million et demi de personnes meurent, et plus d'un million émigrent, principalement aux États-Unis. Ces nouveaux exilés, qui partent avec un ressentiment profond à l'égard de la présence anglaise en Irlande, et qu'ils communiquent à leurs descendants, joueront par la suite un rôle considérable en finançant la lutte pour l'indépendance de l'Irlande.

Pendant ce temps en Irlande, les fenians, des révolutionnaires, fomentent, sans succès, un coup de force pour renverser le pouvoir britannique ; ils poursuivent leur action jusqu'à ce que l'appel à l'autonomie ravive massivement le nationalisme irlandais sous la bannière de Charles Stewart Parnell. La conversion du Premier ministre Gladstone aux idées de Parnell dans les années 1880 fait sensation, mais il échoue à deux reprises (1886 et 1895) lorsqu'il tente de faire voter sa loi sur l'autonomie irlandaise (Home Rule) par le Parlement, tandis que plusieurs lois agraires entre 1870 et 1909 rendent près des deux tiers des terres aux Irlandais. Déçus, de nombreux jeunes Irlandais radicalisent leurs positions et adhèrent à des organisations secrètes comme le Sinn Féin d'Arthur Griffith, exigeant l'indépendance de l'Irlande. Mais contre la masse catholique et gaélique des nationalistes, la minorité protestante, fortement concentrée en Ulster, s'oppose violemment aux réformes politiques et parvient en levant une armée de près de 110 000 volontaires à différer le vote sur l'autonomie irlandaise jusqu'en mai 1914. La Première Guerre mondiale provoque un nouveau retard de sa mise en œuvre, qui est suspendue jusqu'à la fin des hostilités.

4   VERS LA PARTITION

Le redéploiement de tous les efforts du Royaume-Uni dans la guerre semble avoir accéléré le dénouement du problème irlandais, alors même que les nationalistes parmi les plus extrémistes créent une armée clandestine, l’IRB (Irish Republican Brotherhood). Une insurrection conduite par Patrick Pearse, James Connally et Roger Casement est organisée à Dublin le lundi de Pâques 1916. Les Pâques sanglantes, nom qu'on lui a donné par la suite, durent cinq jours. Même si elle échoue, les exécutions qui s'ensuivent choquent profondément l'opinion publique. Des milliers de nouvelles recrues rejoignent le Sinn Féin et sa branche armée, l'Armée républicaine irlandaise (IRA).

À la fin de la Première Guerre mondiale, en 1918, alors que le Sinn Féin, sous l’impulsion de Eamon De Valera, remporte les élections, constitue un Parlement irlandais — le Dáil Éireann — et proclame l’indépendance, une guérilla (aujourd'hui appelée guerre anglo-irlandaise) éclate en Irlande entre l'IRA et la police royale irlandaise (Royal Irish Constabulary), soutenue par des unités de l'armée britannique (les Black and Tans). La tactique de l'IRA, qui consiste à assassiner tous les officiers de police « visibles «, crée une véritable situation anarchique, et les atrocités commises des deux côtés entre 1919 et 1921 bouleversent l’opinion publique mondiale, notamment aux États-Unis à un tel point que le Premier ministre Lloyd George est contraint de négocier avec le Sinn Féin en juillet 1921. Après cinq mois de négociations, la création de l'État libre d'Irlande, identique au dominion du Canada, mais sans les six comtés de l'Ulster à majorité protestante et loyale envers la Couronne britannique, est décidée. Le traité est signé le 6 décembre 1921 entre Lloyd Georges et les modérés de la cause nationaliste irlandaise, Arthur Griffith et Michael Collins.

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