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ANIMALE (psychologie)

Publié le 26/06/2012

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Etude systématique du comportement animal. La psychologie animale est née du désir des psychologues de définir l'homme non seulement en le comparant avec ses semblables, mais aussi en le situant parmi l'ensemble des êtres vivants. L'animal fournit un matériel d'expérience patient, facile à contrôler. Avec lui, on peut faire varier à l'infini les conditions de l'expérience et pousser celle-ci jusqu'à ses limites extrêmes. D'ingénieuses études ont permis de mettre en lumière quelles performances l'animal parvenait à réaliser, depuis les réactions réflexes jusqu'aux fonctions complexes du cerveau, telles que la capacité d'apprentissage, la mémoire et même le langage ou le raisonnement. Bien des surprises attendaient le spécialiste de psychologie animale dans tous ces domaines. On peut trouver, dans l'évolution des espèces, des modèles qui permettent de mieux comprendre l'épanouissement du psychisme humain à partir des automatismes et des racines affectives.

Les gradations de la psychologie animale

Les êtres monocellulaires présentent en germe les fonctions principales de l'être organisé. La cellule vivante possède déjà les trois propriétés qui sont à la base de la caractérologie de Le Senne : elle est irritable, elle réagit aux stimulations, elle peut retenir certaines impressions reçues. Les amibes, par exemple, sont même capables d'un certain apprentissage ; on est parvenu à leur enseigner à nager en décrivant un carré ou un triangle.

Les conduites de l'insecte sont entièrement basées sur les automatismes de l'instinct. Mais celui-ci est étrangement raffiné, notamment chez les insectes sociaux. Karl von Frisch (Vie et mœurs des abeilles, Albin Michel, 1955) a découvert un langage chez les abeilles : la danse des exploratrices indique symboliquement par son rythme et son axe principal l'éloignement d'une source de nourriture et sa direction par rapport au soleil, de façon que les ouvrières puissent s'y rendre.

Chez les mammifères, le développement de l'écorce cérébrale permet d'accéder aux conduites intelligentes. Le rat, placé dans un labyrinthe d'où il cherche à sortir pour trouver un abri ou de la nourriture, apprend à trouver le bon chemin en procédant d'abord au hasard par essais et erreurs. Mais, une fois cet apprentissage laborieusement réalisé, il est capable de le généraliser à des situations différentes, dont il se tire ainsi victorieusement en un laps de temps beaucoup plus court. Zamenhof (cité par Jean Rostand dans Aux frontières du surhumain, p. 22) affirme avoir augmenté cette capacité cervicale du rat par des procédés chimiques (colchicine, ypérite), ou physiques (rayons X, rayons cosmiques) provoquant des mutations dans ses cellules sexuelles, donc agissant sur sa descendance. Les « super-rats « issus de ces expériences apprendraient beaucoup plus rapidement le parcours correct du labyrinthe que leurs congénères non modifiés.

Chez le chien, franchissant encore un degré dans l'échelle des êtres, on trouve différentes capacités mentales remarquables. Citons en particulier la possibilité d'atteindre son but en contournant des obstacles importants qui le dissimulent provisoirement à sa vue. Pour cela, il n'a besoin d'aucun apprentissage. Une compréhension directe de l'utilité du détour lui vient par insight, illumination mentale intérieure que les théoriciens allemands de la Gestaltpsychologie considèrent comme la base des processus intellectuels.

Avec les singes supérieurs, on voit apparaître une certaine maîtrise du symbolisme abstrait. Certaines espèces disposent de soixante-quinze cris différents pour communiquer entre elles. Voici une expérience où la signification de symboles abstraits est nettement perçue : « Les travaux de Yale sur la compréhension du rôle des jetons par les chimpanzés sont célèbres. Il put apprendre à ses sujets à aller chercher un jeton dans un appareil distributeur ; les habitua même à distinguer plusieurs sortes de jetons, de couleurs diverses, dont l'un servait à obtenir du raisin, un autre de l'eau, un troisième à ouvrir une porte pour retourner dans la cage, etc. « (Filloux, La Psychologie (les animaux, P.U.F., p. 107). L'un d'eux, une fois rassasié, s'est même mis à collectionner .les jetons en prévision de l'avenir. Les expériences de Wolfgang Köhler (L'Intelligence des singes supérieurs, P.U.F., 1927) ont montré que le chimpanzé est également capable d'utiliser des objets intermédiaires entre sa main et le fruit convoité mais hors d'atteinte : il sait faire usage d'outils. Ainsi, pour atteindre un régime de bananes suspendu hors de sa portée, le chimpanzé Sultan sut mettre deux caisses l'une sur l'autre, monter dessus, puis, avec un bâton tenu à bout de bras, les faire tomber.

Malgré ce que l'on peut lire encore dans certains ouvrages récents, on ne peut plus prétendre que le psychisme animal n'est capable que de réactions réflexes et d'instinct, et que le psychisme humain commence avec les habitudes et l'apprentissage. La question n'est pas si simple. Il y a encore de l'animal chez l'homme et les potentialités humaines sont déjà présentes chez l'animal. C'est pourquoi l'étude de la psychologie animale fournit de précieuses clés pour comprendre le psychisme humain.

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