Antisthène et Diogène contre Platon

« 2 intelligible, révélerait la réalité de toute chose, et nous permettrait de contempler le Bien. Mais nous verrons que ce qui oppose Platon aux deux autres revêt un champ philosophique bien plus large, allant du politique au spirituel en passant par la vision de l’amour ou celle du sens de la vie.

Parler du contraste entre cet idéaliste qu’est Platon et ce matérialisme qui constitue la philosophie des deux autres, c’est par là même aborder l’enjeu d’une polémique qui fit écho dans toute la Grèce Antique, et c’est pourquoi cela mérite que l’on s’y arrête. Quelles ont donc été les raisons et les arguments qui fondèrent l’attaque d’Antisthène et de Diogène contre la philosophie platonicienne ? Si les deux philosophes de l’Ecole cynique réfutent autant l’un que l’autre la philosophie de Platon, nous verrons que les moyens argumentatifs pour y parvenir ne sont pas les mêmes, que cela soit sur la forme ou sur le fond.

Alors qu’Antisthène, fidèle aux valeurs morales de Socrate, avait fondé tout un système philosophique duquel découlait naturellement une réfutation de la théorie des Idées de Platon, Diogène de Sinope, lui, même s’il a écrit des ouvrages, a avant tout privilégié une philosophie par l’action et un mode d’existence provocateur comme arme contre la philosophie platonicienne. C’est ainsi par l’analyse de cette polémique anti platonicienne que nous pourrons mettre en lumière l’une des philosophies controversées qui fut au siècle de Platon, celle du cynisme. I. Antisthène contre Platon A. La philosophie d’Antisthène 1.

Antisthène, fondateur de l’Ecole cynique « La vertu relève des actes, elle n’a besoin ni de l’aide des longs discours, ni de celle des connaissances » ; telle était l’une des devises phares d’Antisthène.

Fils d’un athénien et d’une esclave thrace, Antisthène n’a jamais été reconnu comme citoyen d’Athènes ; cette disgrâce le força, dès ses débuts en philosophie, à résister aux attaques d’illégitimité diverses, puis l’incita à forger une philosophie qui pourrait dépasser les conventions sociales et élever l’homme vers une fin vertueuse. Il fut d’abord élève de Gorgias, sophiste, mais s’en détacha vite pour aller écouter les discours de Socrate, ayant lieu chaque jour à quarante stades de chez lui : « J’estime, disait-il, plus que. »