Approche esthétique des Industries culturelles

« En lançant Motown, Berry Gordy avait pour objectif de séduire à la fois le public noir et le grand public blanc, c’est ainsi qu’il développe un style musical plusaccessibles que la production de labels concurrents tel que Stax.Le label Motown a une identité sonore qui lui est propre, caractérisée par une ligne de basse, la grosse-caisse, le jeu des guitares…L’arrangeur a un rôle primordial, il agit dans l’ombre pour donner l’identité commune aux différentes musiques produites par la Motown.

Il coordonne la fabricationdu disque, en apportant une idée générale, un concept.Berry Gordy organisa sa société en une véritable « usine à tubes » dans laquelle rien n'était laissé au hasard : il s'entoura des meilleurs compositeurs, des interprètesles plus prometteurs et apporta un soin particulier à la production.

Détroit sera d'ailleurs surnommé Hitsville USA (« la ville des succès ») en référence au succès deMotown. Le son devient donc accessible à un large public, et la terminologie évolue.C’est ainsi que naquit le « rythm and blues » ce terme, qui se prête davantage au marketing musical, remplace peu à peu l'expression race music (« musiqueraciale »), trop péjorative.

Le R’n’B est plus rythmé, plus dansant, plus populaire que le jazz.Apparaît également :« la soul » (l’âme) marquée par l’atmosphère des églises noires américaines, le « Funk », est un style volontairement « sale » et rudimentaire unpeu obscène.Pour plaire au maximum de personnes, le jazz « authentique » a donné naissance à un jazz « populaire » (notamment par la médiation du rhythm and blues) puis àune variété jazzée et au rock and roll, bref, à la nouvelle musique populaire américaine.En devenant accessible à tous, la musique devient « pop music ».

(musique populaire).

Ainsi de nouveaux artistes se voient étiqueté « pop rock », en réalité, le rocks’est institutionnalisé et a servi à rythmer la variété.

Le terme « Pop » évite la connotation péjorative de « variété ».Le préfixe « pop » ne caractérise-t-il pas la soumission aux prérogatives de l’industrie du disque? Cependant, la musique populaire ne peut être réduite à une simple définition négative.

Au-delà de l’aspect commercial, elle a eu un rôle de ciment social, entre lacommunauté noire et blanche aux Etats-Unis.Motown c’est aussi à l’intérieur d’une maison de disque « noire » la collaboration de musiciens blancs.

On ne peut s’en tenir au mythe simpliste de l’exploitationblanche de la musique noire.

Motown c’est aussi une poignée de musiciens noirs, à la fois rivaux et solidaires, qui sont parvenus à séduire l’Amérique Nous avons vu à travers l’exemple de la Motown que la musique populaire a eu un impact social bénéfique.

On peut également reprocher à Adorno et Horkheimerde surestimer l’art comme ferment révolutionnaire.

Cependant un public dont le rapport à l’art ne passerait que par l’industrie culturelle ne verrait-il pas sa liberté depenser limitée ?. »