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L'argumentation

Publié le 27/06/2011

Extrait du document

 

Argumenter : Etayer une thèse à l'aide d'arguments assortis d'exemples.

Persuader : S'adresser aux sentiments.

Convaincre : S'adresser à la raison, l'intelligence.

Délibérer : Envisager deux thèses et choisir

 

L'argumentation directe :

-          Explicite : énonce la thèse d'emblée

-          Essais / Intellectuel / On comprend tout de suite

-          Dangereux sous une dictature : Censure, emprisonnement, exil.

 

L'argumentation indirecte :

-          Implicite : passe par un récit

-          Fable, Conte, Parabole, Utopie, Roman, Apologue

-          Contre sens possible, plusieurs interprétations, plaisant

 

Quel est le plus efficace : l'argumentation directe ou indirecte ?

-          Tout dépend de la situation de l'auteur, du contexte et des gouts de l'auteur.

 

Définitions :

-          Fable : Récit court en prose ou en vers d'où l'on tire une morale (explicite ou implicite). Caractérisée par l'utilisation d'animaux ou de personnages fictifs, de dialogues vifs et de ressorts comique. But didactique (pour instruire)

-          Utopie : Récit ayant pour cadre un monde parfait, idyllique.

-          Parabole : Récit dans les livres saints, forme indirecte et imagée, leçon à portée morale ou religieuse.

-          Conte Philosophique : Récit imaginaire qui s'inspire de la forme d'un conte pour transmettre des idées et des concepts à portée philosophique. Histoire fictive ayant pour but de critiquer la société et/ou le pouvoir.

-          Roman : Genre littéraire. Récit en prose, souvent imaginé ou l'auteur cherche à éveiller l'intérêt par la peinture des mœurs, l'analyse des caractères et la singularité des aventures.

-          Mouvement littéraire : Il s'affirme par des principes et des idées qui le distinguent des autres mouvements. Au sein d'un même mouvement, les écrivains partages les mêmes options d'esthétique (conception de l'art, du beau, du style…) et idéologiques (conception de la vérité, société, liberté…). Il s'intègre dans un mouvement plus large = culturel (vie artistique et intellectuelle dans son ensemble). Pas seulement en France mais aussi en Europe.

-          Siècle des Lumières : Métaphore désignant le 18ième siècle, désigne le mouvement intellectuel, culturel et scientifique qui le parcourt. Siècle du droit et de la raison, ouvre la voie à la République par son esprit de tolérance, sa croyance au progrès, sa recherche d'un monde plus juste, sans les préjugés de classe et le poids de la religion.

- Penseurs : John Locke, Benjamin Francklin

- Scientifiques : Volta, Ohm, Avogadro, Ampère

- Peintres : Maurice Quentin, Antoine Wateau, François Baucher

 

Causes pour lesquelles se battent les philosophes :

Voltaire, Jean Jacques Rousseau, Denis Diderot et Montesquieu.

-          Démocratisation du savoir

-          La torture

-          La liberté d'expression et de penser

-          Dénonciation du pouvoir et de la société.

Entretien d'un père avec ses enfants

Ou du danger de se mettre au-dessus des lois.

Denis Diderot

 

                Passage 1 : l.o1 à l.40

 

Mon père, homme d'un excellent jugement, mais homme pieux, était renommé dans sa province pour sa probité rigoureuse. Il fut, plus d'une fois, choisi pour arbitre entre ses concitoyens ; et des étrangers qu'il ne connaissait pas lui confièrent souvent l'exécution de leurs dernières volontés. Les pauvres pleurèrent sa perte, lorsqu'il mourut. Pendant sa maladie, les grands et les petits marquèrent l'intérêt qu'ils prenaient à sa conservation. Lorsqu'on sut qu'il approchait de sa fin, toute la ville fut attristée. Son image sera toujours présente à ma mémoire ; il me semble que je le vois dans son fauteuil à bras, avec son maintien tranquille et son visage serein. Il me semble que je l'entends encore. Voici l'histoire d'une de nos soirées, et un modèle de l'emploi des autres. C'était en hiver. Nous étions assis autour de lui, devant le feu, l'abbé 1, ma soeur et moi. Il me disait, à la suite d'une conversation sur les inconvénients de la célébrité :

« Mon fils, nous avons fait tous les deux du bruit dans le monde, avec cette différence que le bruit que vous faisiez avec votre outil vous ôtait le repos ; et que celui que je faisais avec le mien ôtait le repos aux autres.« Après cette plaisanterie, bonne ou mauvaise, du vieux forgeron, il se mit à rêver, à nous regarder avec une attention tout à fait marquée, et l'abbé lui dit: “ Mon père, à quoi rêvez-vous ? ”

- « Je rêve, lui répondit-il, que la réputation d'homme de bien, la plus désirable de toutes, a ses périls, même pour celui qui la mérite. « Puis, après une courte pause, il ajouta : - « J'en frémis encore, quand j'y pense... Le croiriez-vous, mes enfants ? Une fois dans ma vie, j'ai été sur le point de vous ruiner ; oui, de vous ruiner de fond en comble. «

L'ABBÉ. Et comment cela ?

MON PÈRE. Comment ? Le voici...

Avant que je commence (dit-il à sa fille), soeurette, relève mon oreiller qui est descendu trop bas ; (à moi) et toi, ferme les pans de ma robe de chambre, car le feu me brûle les jambes... Vous avez tous connu le curé de Thivet.

MA SOEUR. Ce bon vieux prêtre, qui, à l'âge de cent ans, faisait ses quatre lieues dans la matinée ?

L'ABBÉ. Qui s'éteignit à cent et un ans, en apprenant la mort d'un frère qui demeurait avec lui, et qui en avait quatre-vingt-dix-neuf ?

MON PÈRE. Lui-même.

 

è Eloge du père « excellent jugement, probité rigoureuse « - qualité : bonne morale.

è Homme aimé

è Bonne entente, ambiance familiale

è Tout tourne autour du père

è Récit descriptif

 

Plan :

-          I. L'éloge du père

-          II. Intimité d'une soirée agréable

 

Passage 1 : l.41 à l.92

 

L'ABBÉ. Eh bien ?

MON PÈRE. Eh bien, ses héritiers, gens pauvres et dispersés sur les grands chemins, dans les campagnes, aux portes des églises où ils mendiaient leur vie, m'envoyèrent une procuration, qui m'autorisait à me transporter sur les lieux, et à pourvoir à la sûreté des effets du défunt curé leur parent. Comment refuser à des indigents un service que j'avais rendu à plusieurs familles opulentes ? J'allai à Thivet ; j'appelai la justice du lieu ; je fis apposer les scellés, et j'attendis l'arrivée des héritiers. Ils ne tardèrent pas à venir ; ils

étaient au nombre de dix à douze. C'étaient des femmes sans bas, sans souliers, presque sans vêtements, qui tenaient contre leur sein des enfants entortillés de mauvais tabliers ; des vieillards couverts de haillons qui s'étaient traînés jusque-là, portant sur leurs épaules avec un bâton, une poignée de

guenilles enveloppées dans une autre guenille ; le spectacle de la misère la plus hideuse. Imaginez, d'après cela, la joie de ces héritiers à l'aspect d'une dizaine de mille francs qui revenait à chacun d'eux ; car, à vue de pays, la succession du curé pouvait aller à une centaine de mille francs au moins. On lève les scellés. Je procède, tout le jour, à l'inventaire des effets. La nuit vient. Ces malheureux se retirent ; je reste seul. J'étais pressé de les mettre en possession de leurs lots, de les congédier, et de revenir à mes affaires. Il y

avait sous un bureau un vieux coffre, sans couvercle et rempli de toutes sortes de paperasses ; c'étaient de vieilles lettres, des brouillons de réponses, des quittances surannées, des reçus de rebut, des comptes de dépenses, et d'autres chiffons de cette nature ; mais, en pareil cas, on lit tout, on ne néglige rien. Je touchais à la fin de cette ennuyeuse révision, lorsqu'il me tomba sous les mains un écrit assez long ; et cet écrit, savez-vous ce que c'était ? Un testament ! un testament signé du curé ! Un testament, dont la date était si ancienne, que ceux qu'il en nommait exécuteurs n'existaient plus depuis vingt ans ! Un testament où il rejetait les pauvres qui dormaient autour de moi, et instituait légataires universels les Frémins, ces riches libraires de Paris, que tu dois connaître, toi. Je vous laisse à juger de ma surprise et de ma douleur ; car, que faire de cette pièce ? La brûler ? Pourquoi non? N'avait-elle pas tous les caractères de la réprobation ? Et l'endroit où je l'avais trouvée, et les papiers avec lesquels elle était confondue et assimilée, ne déposaient-ils pas assez fortement contre elle, sans parler de son injustice révoltante ? Voilà ce que je me disais en moi-même ; et me représentant en même temps la désolation de ces malheureux héritiers spoliés, frustrés de leur espérance, j'approchais tout doucement le testament du feu ; puis, d'autres idées croisaient les premières, je ne sais quelle frayeur de me tromper dans la décision d'un cas aussi important, la méfiance de mes lumières, la crainte d'écouter plutôt la voix de la commisération,

qui criait au fond de mon coeur, que celle de la justice, m'arrêtaient subitement ; et je passai le reste de la nuit à délibérer sur cet acte inique que je tins plusieurs fois au-dessus de la flamme, incertain si je le brûlerais ou non.

 

è Récit descriptif : Imparfait de description

è Présentation des héritiers (accumulation sans, champ lexical pauvreté, vocabulaire péjoratif : registre pathétique, champ lexical de la justice)

è Montée du suspens (Phrases de + en + longues, phrases interrogatives, oratoires, objets )

 

 Plan :

-          I. Récit et montée du suspens.

-          II. Délibération et dilemme.

 

Conclusion :

-          Incipit en accord avec le titre

-          Mise en abyme (récit dans le récit)

-          Diderot pose les questions de manière à nous faire réfléchir : argumentation directe et indirecte

-          Texte vivant : bien un conte philosophique -> Le lecteur se pose les mêmes questions que le père.

 

Passage 1 : l.104 à l.148

 

MOI. C'est qu'il y a tant de méchants dans ce monde, qu'il n'y faut pas retenir ceux à qui il prend envie d'en sortir.

LE DOCTEUR BISSEI. Mon affaire est de le guérir, et non de le juger ; je le guérirai, parce que c'est mon métier ; ensuite le magistrat le fera pendre, parce que c'est le sien.

MOI. Docteur, mais il y a une fonction commune à tout bon citoyen, à vous, à moi, c'est de travailler de toute notre force à l'avantage de la républi­que ; et il me semble que ce n'en est pas un pour elle que le salut d'un malfai­teur, dont incessamment les lois la délivreront.

LE DOCTEUR BISSEI. Et à qui appartient-il de le déclarer malfaiteur ? Est-ce à moi ?

MOI. Non, c'est à ses actions.

LE DOCTEUR BISSEI. Et à qui appartient-il de connaître de ces actions ? Est-ce à moi ?

MOI. Non ; mais permettez, docteur, que je change un peu la thèse, en supposant un malade dont les crimes soient de notoriété publique. On vous appelle ; vous accourez, vous ouvrez les rideaux, et vous reconnaissez Tartou­che ou Nivet. Guérirez-vous Cartouche ou Nivet ?

Le docteur Bissei, après un moment d'incertitude, répondit ferme qu'il le guérirait ; qu'il oublierait le nom du malade, pour ne s'occuper que du carac­tère de la maladie ; que c'était la seule chose dont il lui fût permis de connaî­tre; que s'il faisait un pas au delà, bientôt il ne saurait plus où s'arrêter ; que ce serait abandonner la vie des hommes à la merci de l'ignorance, des passions, du préjugé, si l'ordonnance devait être précédée de l'examen de la vie et des mœurs du malade. “ Ce que vous me dites de Nivet, un janséniste me le dira d'un moliniste, un catholique d'un protestant. Si vous m'écartez du lit de Cartouche, un fanatique m'écartera du lit d'un athée. C'est bien assez que d'avoir à doser le remède, sans avoir encore à doser la méchanceté qui permet­trait ou non de l'administrer…

MOI. -Mais, docteur, lui répondis-je, si après votre belle cure, le premier essai que le scélérat fera de sa convalescence, c'est d'assassiner votre ami, que direz-vous ? Mettez la main sur la conscience ; ne vous repentirez-vous point de l'avoir guéri ? Ne vous écrierez-vous point avec amertume : Pourquoi l'ai-je secouru ! Que ne le laissais-je mourir ! N'y a-t-il pas là de quoi empoisonner le reste de votre vie…

LE DOCTEUR BISSEI. Assurément, je serai consumé de douleur ; mais je n'aurai point de remords.

MOI. Et quel remords pourriez-vous avoir, je ne dis point d'avoir tué, car il ne s'agit pas de cela ; mais d'avoir laissé périr un chien enragé… Docteur, écoutez-moi. Je suis plus intrépide que vous ; je ne me laisse point brider par de vains raisonnements. Je suis médecin. Je regarde mon malade ; en le regar­dant, je reconnais un scélérat, et voici le discours que je lui tiens : “ Malheu­reux, dépêche-toi de mourir ; c'est tout ce qui peut t'arriver de mieux pour les autres et pour toi. Je sais bien ce qu'il y aurait à faire pour dissiper ce point de côté qui t'oppresse, mais je n'ai garde de l'ordonner ; je ne hais pas assez mes concitoyens, pour te renvoyer de nouveau au milieu d'eux, et me préparer à moi-même une douleur éternelle par les nouveaux forfaits que tu commettrais. Je ne serai point ton complice. On punirait celui qui te recèle dans sa maison, et je croirais innocent celui qui t'aurait sauvé ! Cela ne se peut. Si j'ai un regret, c'est qu'en te livrant à la mort je t'arrache au dernier supplice. Je ne m'occuperai point de rendre à la vie celui dont il m'est enjoint par l'équité naturelle, le bien de la société, le salut de mes semblables, d'être le dénoncia­teur. Meurs, et qu'il ne soit pas dit que par mon art et mes soins il existe un monstre de plus. ”

 

è Cas concret (présentation négative, accumulation méfaits croissants, avis du père et fils différent, pas encore de procès mais peine lourde prévue)

è Position de Diderot (laissez les partir / mourir : bien pour la société, mieux pour tout le monde / avocat du diable)

è Position de Bissei (Guérir, pas juger : fait son métier / comment le juger ? Ne connait rien sur lui)

è Dialogue vif, vivant (exemples précis et réels, enchainement de questions/réponses, reprises de mots/phrases, discours indirectes : développement, énumération longue)

 

Plan :

-          I. Une controverse à partir d'un cas concret.

-          II. Un dialogue vif entre deux protagonistes.

 

Conclusion :

-          Dialogue réaliste et naturel

-          Problème d'ordre moral

-          Chaque parti reste sur ces positions, le lecteur choisi le sien

 

Passage 1 : l.399 à l.456

 

Le chapelier ajouta ensuite : “ Promettez-moi d'abord de garder le secret sur mon affaire, quel que soit le parti que je juge à propos de suivre. ” On le lui promit, et il continua. “ Je n'ai point d'enfants, je n'en ai point eu de ma dernière femme, que j'ai perdue il y a environ quinze jours. Depuis ce temps, je ne vis pas ; je ne saurais ni boire, ni manger, ni travailler, ni dormir. Je me lève, je m'habille, je sors et je rôde par la ville dévoré d'un souci profond. J'ai gardé ma femme malade pendant dix-huit ans ; tous les services qui ont dépendu de moi et que sa triste situation exigeait, je les lui ai rendus. Les dépenses que j'ai faites pour

elle ont consommé le produit de notre petit revenu et de mon travail, m'ont laissé chargé de dettes ; et je me trouverais, à sa mort, épuisé de fatigues, le temps de mes jeunes années perdu ; je ne serais, en un mot, pas plus avancé que le premier jour de mon établissement, si j'observais les lois et si je laissais aller à des collatéraux éloignés la portion qui leur revient de ce qu'elle m'avait apporté en dot : c'était un trousseau bien conditionné ; car son père et sa mère, qui aimaient beaucoup leur fille, firent pour elle tout ce qu'ils purent, plus qu'ils ne purent ; de belles et bonnes nippes en quantité, qui sont restées toutes neuves; car la pauvre femme n'a pas eu le temps de s'en servir ; et vingt mille francs en argent, provenus du remboursement d'un contrat constitué sur M. Michelin, lieutenant du procureur général. A peine la défunte a-t-elle eu les yeux fermés, que j'ai soustrait et les nippes et l'argent. Messieurs, vous savez actuellement mon affaire. Ai-je bien fait ? Ai-je mal fait ? Ma conscience n'est pas en repos. Il me semble que j'entends là quelque chose qui me dit : Tu as volé, tu as volé ; rends, rends. Qu'en pensez- vous ? Songez, messieurs, que ma femme m'a emporté, en s'en allant, tout ce que j'ai gagné pendant vingt ans ; que je ne suis presque plus en état de travailler ; que je suis endetté, et que si je restitue, il ne me reste que l'hôpital, si ce n'est aujourd'hui, ce sera demain. Parlez, messieurs, j'attends votre décision. Faut-il restituer et s'en aller à l'hôpital ?

-A tout seigneur, tout honneur, dit mon père, en s'inclinant vers l'ecclésiastique ; à vous, monsieur le prieur.

-Mon enfant, dit le prieur au chapelier, je n'aime pas les scrupules, cela brouille la tête et ne sert à rien ; peut-être ne fallait-il pas prendre cet argent ; mais, puisque tu l'as pris, mon avis est que tu le gardes.

MON PÈRE. Mais, monsieur le prieur, ce n'est pas là votre dernier mot ?

LE PRIEUR. Ma foi si ; je n'en sais pas plus long.

MON PÈRE. Vous n'avez pas été loin. A vous, monsieur le magistrat.

LE MAGISTRAT. Mon ami, ta position est fâcheuse ; un autre te conseillerait peut-être d'assurer le fonds aux collatéraux de ta femme, afin qu'en cas de mort ce fonds ne passât pas aux tiens, et de jouir, ta vie durant, de l'usufruit. Mais il y a des lois ; et ces lois ne t'accordent ni l'usufruit, ni la propriété du capital. Crois-moi, satisfais aux lois et sois honnête homme ; à l'hôpital, s'il le faut.

MOI. Il y a des lois ! Quelles lois ?

MON PÈRE. Et vous, monsieur le mathématicien, comment résolvez-vous ce problème ?

LE GÉOMÈTRE. Mon ami, ne m'as-tu pas dit que tu avais pris environ vingt mille francs ?

LE CHAPELIER. Oui, monsieur.

LE GÉOMÈTRE. Et combien à peu près t'a coûté la maladie de ta femme ?

LE CHAPELIER. A peu près la même somme.

LE GÉOMÈTRE. Eh bien ! qui de vingt mille francs paye vingt mille francs, reste zéro.

MON PÈRE, à moi. Et qu'en dit la philosophie ?

MOI. La philosophie se tait où la loi n'a pas le sens commun...

 

è Vie présente du chapelier (sans descendance, femme morte, accumulation négatif, enchainement de verbe : ombre de lui-même)

è Vie passée (Vie difficile : femme malade, homme bien : tout fait pour elle, in-intéressé de l'argent, perdu sa jeunesse et son temps)

è Vie future (Faible : plus de travail, hospice)

è Dilemme posé (situation, cherche des conseils, veut persuader, récit pathétique)

è Danger de se mettre au-dessus de la loi + avis (Acte contraire à la loi, risque de peine juridique, remords, obsession, prieur pragmatique, magistrat catégorique, Diderot indigné-septique, Géomètre : opération juste, on en parle plus).

 

Plan :

-          I. Un récit pathétique

-          II. Dilemme et Avis

 

Conclusion :

-          Injustice de la loi

-          Risque de se mettre au-dessus de celle-ci

-          Texte ouvert, sans réponse

 

Passage 1 : l.763 à l.817

 

LE PRIEUR. Vous vous rappelez l'énorme faillite du changeur Bourmont.

MON PÈRE. Si je me rappelle ! j'y étais pour quelque chose.

LE PRIEUR. Puisque vous le voulez savoir, on dit qu'il avait surpris quelques-unes de vos lettres.

MADAME D'ISIGNY. Et n'avais-je pas un beau recueil des siennes ?... Et puis voilà une querelle tout à fait comique entre le prieur et Mme d'Isigny sur les priviléges des deux sexes. Mme d'lsigny m'appela à son secours ; et j'allais prouver au prieur que le premier des deux époux qui manquait au pacte, rendait à l'autre sa liberté ; mais mon père demanda son bonnet de nuit, rompit la conversation, et nous envoya coucher. Lorsque ce fut à mon tour de lui souhaiter la bonne nuit, en l'embrassant, je lui dis à l'oreille: “ Mon père, c'est qu'à la rigueur il n'y a point de lois pour le sage...

LE PRIEUR. Tant mieux !

MON PÈRE. Pourquoi tant mieux ?

LE PRIEUR. C'est que, si j'ai mal fait, ma conscience en sera soulagée d'autant. Je fus nommé syndic des créanciers. Il y avait parmi les effets actifs de Bourmont un billet de cent écus sur un pauvre marchand grènetier son voisin. Ce billet, partagé au prorata de la multitude des créanciers, n'allait pas à douze sous pour chacun d'eux ; et exigé du grènetier, c'était sa ruine. Je supposai...

MON PÈRE. Que chaque créancier n'aurait pas refusé douze sous à ce malheureux ; vous déchirâtes le billet, et vous fîtes l'aumône de ma bourse.

LE PRIEUR. Il est vrai ; en êtes-vous fâché ?

MON PÈRE. Non.

LE PRIEUR. Ayez la bonté de croire que les autres n'en seraient pas plus fâchés que vous ; et tout sera dit.

MON PÈRE. Mais, monsieur le prieur, si vous lacérez de votre autorité privée un billet, pourquoi n'en lacérerez-vous pas deux, trois, quatre ; tout autant qu'il se trouvera d'indigents à secourir aux dépens d'autrui ? Ce principe de commisération peut nous mener loin, monsieur le prieur : la justice, la justice...

LE PRIEUR. On l'a dit, est souvent une grande injustice. Une jeune femme, qui occupait le premier, descendit ; c'était la gaieté et la folie en personne. Mon père lui demanda des nouvelles de son mari : ce mari était un libertin qui avait donné à sa femme l'exemple des mauvaises moeurs, qu'elle avait, je crois, un peu suivi ; et qui, pour échapper à la poursuite de ses créanciers, s'en était allé à la Martinique. Mme d'Isigny, c'était le nom de notre locataire, répondit à mon père: “ M. d'Isigny ? Dieu merci ! je n'en ai plus entendu parler ; il est peut-être noyé.

LE PRIEUR. Noyé ! je vous en félicite.

MADAME D'ISIGNY. Qu'est-ce que cela vous fait, monsieur l'abbé ?

LE PRIE UR. Rien, mais à vous ?

MADAME D'ISIGNY. Et qu'est-ce que cela me fait à moi ?

LE PRIEUR. Mais, on dit...

MADAME D'ISIGNY. Et qu'est-ce qu'on dit ?

LE PRIEUR. Puisque vous le voulez savoir, on dit qu'il avait surpris quelques-unes de vos lettres.

MADAME D'ISIGNY. Et n'avais-je pas un beau recueil des siennes ?...

Et puis voilà une querelle tout à fait comique entre le prieur et Mme d'Isigny sur les priviléges des deux sexes. Mme d'lsigny m'appela à son secours ; et j'allais prouver au prieur que le premier des deux époux qui manquait au pacte, rendait à l'autre sa liberté ; mais mon père demanda son bonnet de nuit, rompit la conversation, et nous envoya coucher. Lorsque ce fut à mon tour de lui souhaiter la bonne nuit, en l'embrassant, je lui dis à l'oreille: “ Mon père, c'est qu'à la rigueur il n'y a point de lois pour le sage...

-Parlez plus bas... -Toutes étant sujettes à des exceptions, c'est à lui qu'il appartient de juger des cas où il faut s'y soumettre ou s'en affranchir. - Je ne serais pas trop fâché, me répondit-il, qu'il y eût dans la ville un ou deux citoyens comme toi ; mais je n'y habiterais pas, s'ils pensaient tous de même. ”

 

è Situation du prieur (charité, père : pourquoi lui et pas un autre ? habitude ? donc néfaste, prieur : agit avec sa conscience : morale personnelle, au-dessus de la loi. Opposition morale/politique : Diderot en accord)

è Controverse Mme d'Isigny et le prieur (Femme libre, prieur accusateur/reproche et ironique : le mari a de quoi se plaindre, Diderot : en accord le mari a rompu le pacte en 1er -> égalité sexuelle pas de fidélité

è Querelle : privilège des deux sexes

è Complicité père/fils (plaisanterie, messes basses, se comprennent)

 

Plan :

-          I. La liberté de se mettre au-dessus des lois (cas concrets)

-          II. Objections face aux attitudes

-          III. Conte terminé de manière plaisante (père/fils + discussion prieur/Mme)

 

Conclusion :

-          Roman circulaire : commence et termine avec le père.

-          Excipit qui aborde le même problème que les autres passages

-          Récit ouvert, à nous de choisir.

« Définitions : - Fable : Récit court en prose ou en vers d'où l'on tire une morale (explicite ou implicite).

Caractérisée par l'utilisation d'animaux ou de personnages fictifs, de dialogues vifs et de ressorts comique.

But didactique (pour instruire) - Utopie : Récit ayant pour cadre un monde parfait, idyllique. - Parabole : Récit dans les livres saints, forme indirecte et imagée, leçon à portée morale ou religieuse. - Conte Philosophique : Récit imaginaire qui s'inspire de la forme d'un conte pour transmettre des idées et des concepts à portée philosophique.

Histoire fictive ayant pour but de critiquer la société et/ou le pouvoir. - Roman : Genre littéraire.

Récit en prose, souvent imaginé ou l'auteur cherche à éveiller l'intérêt par la peinture des mœurs, l'analyse des caractères et la singularité des aventures. - Mouvement littéraire : Il s'affirme par des principes et des idées qui le distinguent des autres mouvements.

Au sein d'un même mouvement, les écrivains partages les mêmes options d'esthétique (conception de l'art, du beau, dustyle…) et idéologiques (conception de la vérité, société, liberté…).

Il s'intègre dans un mouvement plus large =culturel (vie artistique et intellectuelle dans son ensemble).

Pas seulement en France mais aussi en Europe. - Siècle des Lumières : Métaphore désignant le 18 ième siècle, désigne le mouvement intellectuel, culturel et scientifique qui le parcourt.

Siècle du droit et de la raison, ouvre la voie à la République par son esprit de tolérance,sa croyance au progrès, sa recherche d'un monde plus juste, sans les préjugés de classe et le poids de la religion. - Penseurs : John Locke, Benjamin Francklin - Scientifiques : Volta, Ohm, Avogadro, Ampère - Peintres : Maurice Quentin, Antoine Wateau, François Baucher Causes pour lesquelles se battent les philosophes : Voltaire, Jean Jacques Rousseau, Denis Diderot et Montesquieu. - Démocratisation du savoir - La torture - La liberté d'expression et de penser - Dénonciation du pouvoir et de la société. Entretien d'un père avec ses enfants Ou du danger de se mettre au-dessus des lois. Denis Diderot Passage 1 : l.o1 à l.40 Mon père, homme d'un excellent jugement, mais homme pieux, était renommé dans sa province pour sa probitérigoureuse.

Il fut, plus d'une fois, choisi pour arbitre entre ses concitoyens ; et des étrangers qu'il ne connaissaitpas lui confièrent souvent l'exécution de leurs dernières volontés.

Les pauvres pleurèrent sa perte, lorsqu'il mourut.Pendant sa maladie, les grands et les petits marquèrent l'intérêt qu'ils prenaient à sa conservation.

Lorsqu'on sutqu'il approchait de sa fin, toute la ville fut attristée.

Son image sera toujours présente à ma mémoire ; il me sembleque je le vois dans son fauteuil à bras, avec son maintien tranquille et son visage serein.

Il me semble que jel'entends encore.

Voici l'histoire d'une de nos soirées, et un modèle de l'emploi des autres.

C'était en hiver.

Nousétions assis autour de lui, devant le feu, l'abbé 1, ma soeur et moi.

Il me disait, à la suite d'une conversation sur les inconvénients de la célébrité : « Mon fils, nous avons fait tous les deux du bruit dans le monde, avec cette différence que le bruit que vous faisiezavec votre outil vous ôtait le repos ; et que celui que je faisais avec le mien ôtait le repos aux autres.» Après cetteplaisanterie, bonne ou mauvaise, du vieux forgeron, il se mit à rêver, à nous regarder avec une attention tout à fait. »

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