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Aristote et le sujet: Apprendre à se connaître

Publié le 10/01/2004

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aristote
Apprendre à se connaître est très difficile [...] et un très grand plaisir en même temps (quel plaisir de se connaître !) ; mais nous ne pouvons pas nous contempler nous-mêmes à partir de nous-mêmes : ce qui le prouve, ce sont les reproches que nous adressons à d'autres, sans nous rendre compte que nous commettons les mêmes erreurs, aveuglés que nous sommes, pour beaucoup d'entre nous, par l'indulgence et la passion qui nous empêchent de juger correctement. Par conséquent, à la façon dont nous regardons dans un miroir quand nous voulons voir notre visage, quand nous voulons apprendre à nous connaître, c'est en tournant nos regards vers notre ami que nous pourrions nous découvrir, puisqu'un ami est un autre soi-même. Concluons : la connaissance de soi est un plaisir qui n'est pas possible sans la présence de quelqu'un d'autre qui soit notre ami ; l'homme qui se suffit à soi-même aurait donc besoin d'amitié pour apprendre à se connaître soi-même.
Le problème se dégage de ce qu'ARISTOTE dit du philosophe. Le philosophe est celui qui se connaît lui-même. C'est aussi celui qui "se suffit à soi-même".  Y a-t-il une place pour l'autre dans le projet de vie du philosophe ? La sagesse demande-t-elle de vivre seul ?  Le texte d'ARISTOTE peut se comprendre comme une réponse à cette question. La connaissance de soi comme l'autarcie ne souffrent pas de la présence d'un ami, mais au contraire l'exigent.  Qu'attendre d'un ami ? Qui est l'ami ? Voilà les questions que pose le texte et qui déterminent largement son intérêt. 
A) Première partie : « Apprendre à [...] correctement. « La connaissance de soi est difficile, en raison des passions qui obscurcissent notre jugement.
B) Deuxième partie : « Par conséquent [...] autre soi-même. « Notre ami nous apportera un miroir de nous-mêmes.
C) Conclusion : « Concluons [...] soi-même. « 

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« l'on en croit SOCRATE. La philosophie est un savoir sur l'homme, et pas seulement sur les choses.

Le savoir philosophique se distingue doncpar sa forme réflexive : étant un savoir sur l'homme, c'est forcément un savoir sur soi. ARISTOTE dit simplement de ce savoir à la fois qu'il est source de plaisir, et aussi qu'il est très difficile.

Le plaisirs'augmente en effet de la difficulté vaincue. Mais ce qui intéresse ARISTOTE est la manière de se connaître.

Il attire notre attention sur les limites del'introspection : "Nous ne pouvons pas nous contempler nous-mêmes à partir de nous-mêmes" ; contempler veut direici connaître. La connaissance de soi suppose un autre : seul, on ne saurait même l'entreprendre valablement. ARISTOTE avance un argument, une "preuve".

Selon lui, nous nous aveuglons sur nous-mêmes et il nous arrive dereprocher, chez d'autres, erreurs et travers qui sont les nôtres et que nous ne semblons pas voir. L'aveuglement sur soi-même tient à une excessive indulgence à notre égard ainsi qu'à la passion qui désigne ici lepremier mouvement de l'esprit non encore corrigé par la raison lucide. Il en conclut - "par conséquent" - que ce n'est pas en tournant vers soi son regard, mais vers notre ami, que nousavons une chance de nous connaître. Au passage, il utilise une analogie : l'ami est à la connaissance de soi ce que le miroir est à la vue ou à l'image desoi. L'analogie ne se comprend que si l'ami en question n'est pas absolument un autre, mais un autre moi-même. ARISTOTE tire enfin les conclusions générales de sa réflexion.

Le plaisir de la connaissance de soi a pour condition laprésence d'un ami. Bien plus, quand bien même un homme aurait atteint cet état d'autarcie dans lequel il se suffit à lui-même et quicaractérise l'état de la sagesse, il aurait encore besoin d'amitié pour satisfaire l'autre condition de la sagesse, nonmoins nécessaire : la connaissance de soi. La pensée antique - on le voit par ce texte - accorde une place importante à l'existence de l'autre dans l'existencehumaine. L'intérêt du texte d'ARISTOTE, et non le moindre, est de nous dire ceci : nous sommes obscurs à nous-mêmes, nousne nous voyons et connaissons qu'en l'autre, chez qui existent, visibles et évidents, les traits communs de lacondition humaine. D'une certaine manière, on trouve donc trace dans la pensée antique d'un trait saillant de la pensée moderne, àsavoir que le rapport à autrui est constitutif de sa propre position et identification dans l'existence. On pense à ce que disait SARTRE : "autrui est le nécessaire médiateur de moi-même à moi-même". Mais la comparaison s'arrête là : autant la pensée moderne d'autrui mène vite à la béance de l'identité et à la miseen évidence d'un clivage, d'une scission au coeur de chacun - on pense au fameux "je est un autre" de RIMBAUD ; Autant la pensée antique de l'autre à travers la réflexion sur l'amitié, s'ouvre sur la perspective du double : l'ami estl'alter ego, l'autre moi-même comparable à mon image ou mon reflet. On peut dans ces conditions se demander si la pensée antique de l'amitié n'est pas l'indice d'une difficulté : celle depenser l'altérité d'autrui, condition même de la connaissance de l'étranger. Ou encore : celle de penser autrui plus largement et plus radicalement que dans les limites d'un "entre semblables". Mon double m'aide à me connaître.

Mais qui est au fond autrui ? Et qu'attendre de lui? Est-ce le simple moyen d'uneconnaissance de soi ? Le problème le plus urgent que pose l'existence de l'autre n'est-il pas plutôt celui de sareconnaissance en tant qu'autre ? L'amitié, pourrait-on objecter à ARISTOTE doit subir l'épreuve de la différence, de sorte que le véritable enjeu seraitalors : comment faire de l'étranger un ami ? V - DES REFERENCES POSSIBLES Philosophie antique :. »

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