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L'art du Greco

Publié le 26/02/2010

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L'oeuvre de Greco OEuvre particulièrement abondante (plus de cinq cents tableaux), dont de nombreuses répliques. Chronologie imprécise (et très discutée pour les oeuvres de jeunesse). Nous donnons les "oeuvres célèbres". POLYPTYQUE DE MODÈNE (Galerie Estense, Modène). LES MARCHANDS CHASSÉS DU TEMPLE (Ancienne Collection Cook, Richmond). GUERISON DE L'AVEUGLE NÉ (Musée de Parme). JEUNE FEMME A LA FOURRURE (Collection Stirling Maxwell, Clasgow). SAINT FRANÇOIS RECEVANT LES STIGMATES (Ancienne Collection Zuloaga, Zumaya). L'ANNONCIATION (Prado, Madrid). LE CHEVALIER A LA MAIN SUR LE COEUR (Prado, Madrid). LE SONGE DE PHILIPPE II (Escurial). ADORATION DES BERGERS (Couvent de Santo Domingo et Antiguo, Tolède). 1586 L'ENTERREMENT DU COMTE D'ORCAZ (Eglise Santo Tome, Tolède). l587 "ESPOLIO" (Cathédrale de Tolède). LE CHRIST PORTANT SA CROIX (Prado, Madrid). MARTYRE DE SAINT MAURICE (Escurial). LA MADELEINE (Eglise de Paradas). SAINTE VÉRONIQUE (Collection Caturla, Madrid). JULIEN ROMERO DE LAS ANANAS PRÉSENTÉ PAR SON SAINT PATRON (Prado, Madrid). SAINT PIERRE ET SAINT PAUL (Musée de Barcelone). SAINT FRANCOIS D'ASSISE AVEC LE FRÈRE LÉON (Hôpital de las Majeres, Cadix). LE CARDINAL DON FERNANDO NINO DE GUEVARA (Metropolitan Museum, New York) . DON ANTONIO COVARRUBIAS (Louvre, Paris), SAINT JEAN L'ÉVANGÉLISTE (Musée Cerralbo, Madrid). LA RÉSURRECTION DU CHRIST (Prado, Madrid). LE CHRIST AGONISANT (Louvre, Paris). BAPTÊME DU CHRIST (Prado, Madrid). COURONNEMENT DE LA VIERGE (Hôpital de la Caridad, Illescas). LE CHRIST AU JARDIN DES OLIVIERS (Collection Vendès, Bilbao). L'ASSOMPTION DE LA VIERGE (Musée de San Vicente, Tolède). L'AMOUR DIVIN ET L'AMOUR PROFANE (Ancienne Collection Zuloaga, Zumaya).

 

« La seconde marque que subit son génie est celle de Venise elle-même, où il était naturel que de nombreux artistesgrecs allassent s'établir.

Là, il prend contact avec le baroque familier, rustique, naturaliste des Bassan, avec lebaroque lyrique et exalté de Tintoret et son coloris où dominent souvent les froideurs carminées. Sa troisième étape est la Rome de Pie V et de la Contre-Réforme, où il rencontre le gigantisme de Michel-Ange et lemaniérisme de Taddeo Zucchero et de ces peintres que Philippe II, à défaut des grands classiques, devait appeler àla décoration de l'Escurial.

Peut-être fut-il de ceux-ci : en tout cas on sait qu'il fut invité à Tolède pour exécuter lespeintures du retable de Santo Domingo l'Ancien. Le voici donc à Tolède, où ce pèlerin oriental se fixera après avoir parcouru, comme une odyssée, le monde desformes de l'empire méditerranéen. Il faut, pour comprendre le Greco, considérer en lui un voyageur, un exilé, porteur de tout un passé profond etexotique, et qui, comme une expérience vécue, a étudié toute une histoire esthétique, toute une évolutionmorphologique, celle qui va du rigoureux statisme byzantin aux découvertes de la couleur et du mouvementaccomplies par l'Italie de la Renaissance et du baroque.

Ayant drainé toutes ces inquiétudes, cet étranger sedécouvre une patrie en Tolède.

Là, son âme solitaire et fermée, héritière des mystères platoniciens et des règlescanoniques du byzantinisme, instruite aux leçons de Venise et de Rome, va s'épanouir et devenir l'une des plusparfaites expressions du génie castillan.

Il va être le digne contemporain de sainte Thérèse et de saint Jean de laCroix, l'ami de Gongora, et son art va s'accorder à ces extraordinaires formes de la vie spirituelle espagnole que sontla mystique et le conceptisme. Cet art est donc d'une exceptionnelle richesse et représentatif d'une très grande civilisation.

Toutes sortes detendances s'y agitent de façon complexe et dramatique.

Peut-être la plus puissante et singulière de ces tendancesest-elle cette récurrence, cette régression constantes vers le passé byzantin et son esprit de primitivisme, cetterésistance que le mystérieux oriental oppose aux conquêtes de l'air, de l'espace, du mouvement par quoi semanifeste le génie occidental et renaissant.

Vasari, qui devait chanter l'épopée de cet art occidental, reproche auxbyzantins de savoir "plutôt teindre que peindre".

"Leurs peintures, dit-il, ne montrent que des yeux effarés, desmains raides et ouvertes et des pieds en pointe".

Fidèle à cette tradition héréditaire, le Greco ne peut assimiler leslois de la perspective.

Il serre ses personnages les uns contre les autres, voire les uns au-dessus des autres, sur unmême plan, les allonge dans un milieu clos, sans air, ou parmi des nuages et des foudres qui semblent chosesmatérielles.

Et s'il y a différences de dimensions et de proportions entre ses personnages, elles sont dues non auxdistances, mais à des raisons morales, comme selon les canons des primitifs.

Et ce sont ces raisons morales qui,comme chez les baroques, tordent les formes, les font monstrueusement tourner, les tendent, les distendent, lesportent au paroxysme de l'expression.

La spiritualité, ses passions, ses intensités, ses volontés, son pathétiques'introduisent dans la peinture et la forcent.

Et la peinture du Greco, comme la parole de sainte Thérèse, comme lelyrisme de saint Jean de la Croix, parvient aux confins de l'ineffable. Elle est naturalisée espagnole.

Toute une expérience qui s'est étendue dans l'espace et dans le temps, qui aparcouru des siècles et des lieux, aboutit à se trouver parente des plus extraordinaires expériences spirituellesauxquelles s'efforçait alors le miracle espagnol.

L'art du Greco est un des phénomènes capitaux de cette civilisationnationale qui s'est épanouie dans le Siècle d'Or.

Il est une des merveilles qui caractérisent et définissent cettecivilisation.

Il participe de la même énergie qui anime les autres grandes figures contemporaines où l'Espagne sereconnaît, il suit les mêmes chemins, il tend aux mêmes extrémités.

On ne peut l'isoler des puissances de l'âmeespagnole avec quoi il s'est trouvé une si merveilleuse coïncidence. A cette coïncidence a conduit une odyssée dont on ne cessera de déterminer les voies et les étapes.

On ne cesseranon plus d'analyser les facteurs qui composent l'oeuvre du Greco et la font si riche.

Il faudra leur ajouter un facteursuprême, une puissance dernière, celle qui la fait si fascinante.

Cette fascination est due à une étonnantesingularité de tempérament.

Sans doute doit-on écouter ici les observations des psychiatres qui ne pouvaientmanquer de voir dans le Greco une nature pathologique.

Les oculistes ont également proposé leurs observations surles bizarreries de sa vision.

On peut admettre chez le Greco l'existence d'anomalies physiques et mentales propres àrenforcer et comme à vérifier l'isolement et l'originalité d'un artiste aussi étrange.

Finalement ces anomalies, cettehumeur, les origines et les voyages qui ont formé une si multiple expérience, bref, tous les éléments du génie duGreco ont trouvé à Tolède leur raison d'être et de se manifester, et le génie du Greco a exprimé le génie de Tolède,alors capitale florissante, l'une des plus illustres cités d'un vaste empire et d'une noble civilisation, et touterésonnante de hautes aventures spirituelles. C'est de ces aventures que portent témoignage des ouvrages aussi extraordinaires que l'Espolio, un des premiers oùs'affirme le style de l'artiste, ce style qui abolit l'espace et referme les formes sur une sorte de flambée intérieure,ou le Saint Maurice de l'Escurial que refusa Philippe II et où, dans un même espace, il dispose les divers momentsd'une action selon la démarche intellectuelle des primitifs.

Mais il y met l'accent sur le moment le plus dramatique,qui est le moment du choix moral et de la décision. On n'a pas trouvé moins de motifs à commentaire et à exaltation dans l'Enterrement du comte d'Orgaz, l'un des plussublimes monuments de l'art universel, ni dans les grandes scènes religieuses du Prado et leur ferveur hallucinée, nidans ces testaments d'une pensée qui est allée jusqu'à l'exaspération suprême d'elle-même et à sa proprecombustion : l'assomption de San Vicente, le Baptême du Christ de l'hôpital Tavera, la délirante vision de lacollection Zuloaga, appelée tantôt Amour divin et amour profane, tantôt Saint Jean voyant les mystères de. »

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