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l'art nous permet-il de nous libérer du temps ?

Publié le 23/10/2005

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temps
Le peintre, luttant avec la lumière, les couleurs et les formes, explore les éléments de cette réalité, et de même que le poète se bat à la frontière du langage et du silence, de même le peintre se bat-il à la frontière du visible et de l'invisible. Si l'art nous détourne de la réalité sensible; s'il transmute le plomb du réel en or spirituel, ne s'ensuit-il pas qu'il puisse nous affranchir et nous libérer de l'ordre du temps ? Ce dernier étant changement perpétuel transformant le présent en passé, l'oeuvre d'art ne met-elle pas à distance cette fuite spirituelle, cette perpétuelle évanescence qu'incarne la temporalité et son irréversibilité ? Non, dirons-nous en premier lieu: comment pourrait-on échapper au temps et s'affranchir de l'ordre de la temporalité ? Kant, dans la "Critique de la raison pure", nous signale que nul ne saurait se soustraire au temps, cette représentation nécessaire qui sert de fondement à toutes les intuitions. On ne saurait supprimer le temps lui-même par rapport aux phénomènes en général. Donc il est impossible, par l'art, de se soustraire au temps, qu'il s'agisse de la temporalité vécue ou de la forme a priori dans laquelle se déroulent les événements. Toutefois, si l'art crée une réalité spirituelle, ne peut-on mieux comprendre une fonction possible de mise à distance du temps ? Ne faut-il pas approfondir l'essence de la création artistique ? L'art peut nous affranchir de l'ordre du temps (antithèse).
La création par l'homme de choses belles suscitant une satisfaction désintéressée rend-elle une libération de l'organisation temporelle de l'esprit humain, à savoir la mise à distance du changement perpétuel transformant le présent en passé ? Mais l'écoulement temporel n'est-il pas inéluctable ? Le temps n'est-il pas la forme nécessaire de mon expérience ? Et si la plénitude de la mémoire ou de l'art nous faisait échapper à la "facticité" temporelle ? En définitive, on peut se demander si, dans le temps, l'homme se perd ou se trouve. Ne faut-il pas distinguer le temps de la corruption et un temps salvateur, où l'homme retrouve son essence, temps irréductible à une séquence et à une série ?


temps

« l'art ? Que veut-il et qu'est-il capable de réaliser ? L'art représente la création d'une réalité nouvelle et spirituelle: ilest démiurgie et invention de formes.

Il arrache ces dernières au monde simplement empirique pour les faire entrerdans l'ordre de l'intelligence et du spirituel.

Paul Klee disait dans ce sens: "L'art ne reproduit pas le visible, il rendvisible." La parole de Klee est un plaidoyer pour l'art « non figuratif » ou abstrait.

Non, l'art n'est pas une imitation de formes.Devant une oeuvre, la question « qu'est-ce que cela représente ? » est une question plate.

Mais cela ne veut pasdire que l'artiste se détourne du réel, bien au contraire : tout artiste est hanté par la question : « Comment levisible devient-il visible, en quoi l'art peut-il nous permettre de voir ce qui ordinairement ne se voit pas : lesurgissement du visible lui-même ? Comment le réel devient-il sensible ? » Cette question suppose que le visible nesoit pas une appréhension confuse de la réalité intelligible mais constitue une sphère propre de réalité qui mérited'être explorée.

Le peintre, luttant avec la lumière, les couleurs et les formes, explore les éléments de cette réalité,et de même que le poète se bat à la frontière du langage et du silence, de même le peintre se bat-il à la frontièredu visible et de l'invisible. Si l'art nous détourne de la réalité sensible; s'il transmute le plomb du réel en or spirituel, ne s'ensuit-il pas qu'ilpuisse nous affranchir et nous libérer de l'ordre du temps ? Ce dernier étant changement perpétuel transformant leprésent en passé, l'oeuvre d'art ne met-elle pas à distance cette fuite spirituelle, cette perpétuelle évanescencequ'incarne la temporalité et son irréversibilité ? Non, dirons-nous en premier lieu: comment pourrait-on échapper au temps et s'affranchir de l'ordre de la temporalité? Kant, dans la "Critique de la raison pure", nous signale que nul ne saurait se soustraire au temps, cettereprésentation nécessaire qui sert de fondement à toutes les intuitions.

On ne saurait supprimer le temps lui-mêmepar rapport aux phénomènes en général.

Donc il est impossible, par l'art, de se soustraire au temps, qu'il s'agisse dela temporalité vécue ou de la forme a priori dans laquelle se déroulent les événements. Toutefois, si l'art crée une réalité spirituelle, ne peut-on mieux comprendre une fonction possible de mise à distancedu temps ? Ne faut-il pas approfondir l'essence de la création artistique ? L'art peut nous affranchir de l'ordre du temps (antithèse). Les oeuvres d'art sont intemporellesUne oeuvre d'art, aussitôt achevée, échappe au temps.

Elle ne vieillit pas (même si sonsupport matériel - toile, pierre, bois, etc.

- peut se dégrader).

Les frises du Parthénon, lesmadones des primitifs siennois du XIIIe siècle, les autoportraits de Rembrandt nous parlentencore par-delà les siècles, comme si les interrogations de l'artiste s'étaient figées en elleset continuaient de nous interpeller. La beauté échappe au tempsToute oeuvre d'art exprime une forme de la beauté ou de la vérité humaine.

Or la beauté etla vérité sont des essences immuables, universelles et intemporelles.

Voilà pourquoi uneconscience occidentale du XXIe siècle peut encore être fascinée par les peintures rupestresde Lascaux ou par des masques africains. L'art est une expérience qui dureDans A la Recherche du temps perdu, Marcel Proust constate que l'oeuvre littéraire permet d'abolir le temps enfixant le souvenir par l'écriture.

Le lecteur de Proust peut revivre lui aussi, comme si la conscience de l'auteur étaitla sienne, des événements et des sentiments qui ont existé bien avant sa naissance.

De même, dans dix siècles, lavision de Proust sera toujours vivante grâce aux lecteurs à venir. Déjà la mémoire, dans les analyses de Proust, peut nous affranchir de l'ordre du temps : l'évocation et l'expériencede la « petite madeleine » - avec la médiation de la mémoire involontaire - nous conduisent à « une minuteaffranchie de l'ordre du temps » (Proust).

L'auteur (ou le narrateur) cesse alors de se sentir médiocre, contingent,mortel.

De même, entrant dans la cour de l'hôtel de Guermantes, hôtel particulier habité par une grande famillearistocratique, le narrateur revit une sensation vécue auparavant à Venise.

Situé hors du temps, affranchi de sonordre, le narrateur expérimente la joie.

L'art va très loin dans cette expérience située hors du temps.

Il convertit lesimpressions en un équivalent spirituel : il peut nous faire appréhender une minute affranchie de la temporalité.

Le «temps perdu » devient essence spirituelle.

Une sonate, un tableau permettent d'expérimenter quelque chosed'essentiel : quand j'écoute de la musique, une essence soustraite à la corruption temporelle semble, parfois, meparvenir.

L'oeuvre d'art est joie et peut repousser très loin le temps de la dégradation et de la mort.

L'homme paraîtalors atteindre un absolu et pouvoir se soustraire au temps corrupteur.

D'où une sorte de « salut », puisque l'artsemble me sauver de ma contingence originelle.

Proust s'expérimente (Le Temps retrouvé, II) comme un être extra-temporel, insoucieux des vicissitudes de l'avenir. L'art peut nous affranchir de l'ordre du temps (antithèse). Déjà la mémoire, dans les analyses de Proust, peut nous affranchir de l'ordre du temps : l'évocation et l'expériencede la « petite madeleine » - avec la médiation de la mémoire involontaire - nous conduisent à « une minuteaffranchie de l'ordre du temps » (Proust).

L'auteur (ou le narrateur) cesse alors de se sentir médiocre, contingent,. »

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