L'art peut-il être moralement jugé ?

« L'art, en son essence, ne peut pas être immoral L'art véritable célèbre la vie.

Son seul but est de parvenir à représenter la beauté dans ce qu'elle a de plus vrai.

En ce sens, il n'est pas immoral.

Comment le beau et le vrai pourraient-ils l'être? L'art est de la vie I "artiste, en cherchant Le à traduire ses sen- sations, ne fait que don- ner plus d'ampleur à ce que le commun des mor- tels voit et ressent.

S'il n'y a rien de plus beau que la vie, celle qui «Les (...) oeuvres "immo- rales" sont impuissantes à provoquer une vibration psy- chique.» Wassily Kandinsky anime un paysage, le re- gard d'un enfant, l'es- prit de l'homme qui dé- couvre, invente, crée, alors l'artiste est bien celui qui est le plus grand défenseur de la morale, celle qui se fonde sur le respect des choses et des êtres.

La nouveauté paraît souvent immorale C " est un paradoxe: une époque con- damne l'artiste novateur l'accuse de tous les maux (immoralité, impiété, ir- respect...), et pourtant il devient celui dont on fê- tera plus tard le génie, l'inspiration.

Songeons, en littérature, à Mada- me Bovary, aux Fleurs du Mal, oeuvres qui valu- rent des procès à leurs auteurs.

L'art n'est dit «immoral» que parce qu'il propose d'autres formes de beauté.

Si elles étaient foncièrement immorales, l'histoire, depuis bien longtemps, aurait condamné ces œuvres à l'oubli.

C'est la condam- nation de l'art qui est immorale A chaque période de l'histoire où la li- berté de l'homme a été contredite par l'instau- ration d'un pouvoir to- talitaire, les artistes ont été les premières vic- times de la répression politique.

C'est la ré-, pression de la liberté ar- tistique qui est immo- rale, et non l'art.

L'art véritable ne peut pas être immoral.

- Visant la beauté, il enrichit l'âme, affine notre perception.

- C'est la condamnation de la liberté artistique qui est immorale.. »