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L'art peut-il se passer de la référence au beau ?

Publié le 03/01/2005

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Nous nous interrogeons ici, sur l'art et plus particulièrement sur ses rapports avec le beau. L'art peut-il se passer de la référence du beau ? Si l'art est l'activité de création d'une oeuvre, tendue vers la production d'un effet chez celui qui la regarde ou l'écoute, cet effet peut il être autre chose que le sentiment du beau, sentiment esthétique par excellence ? Et quel pourrait être alors l'effet recherché ? L'artiste voudrait il simplement édifier son contemporain, lui apprendre quelque chose, peut être le mobiliser pour ou contre une cause ? Révolutionner son époque ? Mais alors pourquoi choisir l'art comme mode d'expression ? Ne vaudrait-il pas mieux, les expliquer pour faire « passer « ses idées, que les représenter et risquer de les voir mal interprétées ? Il faut remarquer que vouloir un effet n'est pas parvenir à le transmettre. On peut être tendue vers un but sans pourtant l'obtenir, ou en obtenir un autre : une mauvaise blague est tendue vers le rire et peut parfois se solder par des pleurs.

« 1.

L'art ne peut se passer de la référence du beau, quand son but est l'harmonie de la forme, qui imitel'harmonie de la nature, en quoi consiste le beau. a) L'oeuvre ne vaut pour Aristote que dans la mesure où elle reproduit la beauté de la nature.

L'intervention del'artiste se résume à un savoir faire d'imitateur, un talent de faussaire. Problème : Si le beau est identifié à l'harmonie de la nature, le geste créateur disparaît, au profit du savoir-faire,toute l'attention est focalisée sur l'objet de la représentation, dont on comprend mal pourquoi il doit être reproduit.Le paysage pris en photo sur une carte postale rempli parfaitement les conditions du beau compris en ce sens,pourtant l'art n'est il pas plus que cela ? b) L'oeuvre qui reproduit la nature, en reproduit la beauté, c'est-à-dire l'harmonie.

Or le peintre ne fait pas quecopier ce qu'il voit (exercice de la « nature morte »), il tente de donner à voir l'harmonie de la nature en tant qu'elleest vivante (ex.

: l'impressionnisme tente de montrer dans un même tableau, les multiples variations de la lumièresur un paysage, le fauvisme rendre sensible l'intensité des couleurs, le cubisme les variations du mouvement). Problème : Le résultat obtenu, n'est plus tout à fait de la représentation.

L'artiste ne reproduit plus directement labeauté de la nature, il tente d'en donner l'impression à son spectateur par l'intermédiaire de son oeuvre. c) Il faut revoir notre conception de l'art : il peut se passer du critère grec du beau (imitation de la nature).L'important ne semble plus être la beauté de l'objet représenté mais la beauté que l'oeuvre, en elle-même, rendsensible. Transition : En quoi consiste alors le geste de l'artiste, qu'est ce qui le distingue de l'activité du faussaire ? 2.

Il semble que l'art puisse se passer de la référence esthétique au beau, quand celui-ci est ramené auvrai : quand l'art ne sert plus qu'à rendre sensible une idée. a) L'art peut se passer de la référence du beau pour être conçu quant il a pour mission de rendre sensible une idée,un concept, dans cette optique le beau se réduit au vrai rendu sensible : « Le beau se définit comme lamanifestation sensible de l'Idée.

» (Hegel, Esthétique.) On peut donc évacuer du concept de l'art, le concept dubeau compris comme émotion esthétique : l'art a pour mission de rendre sensible l'idée vraie. Hegel rompt avec Kant, pour qui la beauté naturelle tient une large part.

Lacontemplation de la belle nature accordemystérieusement l'imagination et l'entendement.

Hegel rejette la beauténaturelle, car la beauté artistique étant un produit de l'esprit lui estnécessairement supérieure.

C'est pour nous et non en soi et pour soi qu'unêtre naturel peut être beau.

L'imitation de la nature n'est donc pas de l'art,tout au plus un exercice d'habileté, par lequel on imite le Créateur.

Il y a plusde plaisir à fabriquer des outils ou des machines qu'à peindre un coucher desoleil.

La valeur de l'art est tout autre : c'est l'esprit à l'oeuvre, qui s'arrachede la nature en la niant.

Au moyen de l'art, l'homme se sépare de la nature etse pose comme distinct.

L'art peut donc faire l'objet d'une science, penseHegel, il suffit d'en montrer la nécessité rationnelle dans l'histoire del'humanité.

L'oeuvre d'art ne décrit pas une réalité donnée, elle n'est pas faitepour notre plaisir, mais l'art est en son essence une intériorité qui cherche às'exprimer, à se manifester ; c'est un contenu qui cherche une forme, un sensqui veut se rendre matériel.

On ne peut le condamner pour son apparence,car il faut bien à la vérité une manière de se montrer.

L'art étanthistoriquement la première incarnation de l'esprit, il se confond d'abord à lareligion : la religion grecque est l'art grec lui-même.

Ce sont Homère etHésiode qui ont inventé les dieux grecs.

Cet âge d'or de l'art, que Hegeldéfinit comme "classique", sera dépassé par l'art romantique avec l'apparitiondu christianisme.

La religion chrétienne est essentiellement anthropomorphique : le divin est le Christ, soit une pure individualité charnelle, qui a souffert et qui est morte encroix.

Seul l'art peut ici donner une représentation charnelle de ce divin, dont le passage historique a été fugitif, etsi l'art est mort dans notre société moderne, c'est probablement pour la raison que la spiritualité chrétienne ne suffitplus tout à fait aux besoins de l'esprit. Le beau est une idée, soit l'unité d'un concept et de la réalité.

Le concept est l'âme tandis que la réalité en estl'enveloppe charnelle.

Le beau est donc la manifestation sensible de cette unité ; il exprime une réconciliation.

Il estnaturel qu'il échappe à l'entendement qui sépare et qui divise, de même qu'à la volonté qui cherche à soumettrel'objet à ses propres intérêts.

Tout ce qui est libre, indépendant, infini, conforme à la seule nécessité de sonconcept, peut être dit beau.

De plus, un bel objet est vrai, puisqu'il est conforme à son être.

Cela implique qu'aucunorganisme vivant ne pourra être beau, parce que soumis au besoin, il n'a pas de véritable liberté.

Seule la beautéartistique peut être accomplie : elle représente l'idéal.

L'idéal est soustrait de la vie quotidienne imparfaite etinauthentique.

Il incarne l'universel dans l'individualité absolument libre et sereine : le symbole en est l'individualitéapollinienne, perfection d'harmonie et de forme, sérénité conquise sur la douleur.

En un sens, cette beauté idéaleest hors du temps et de l'histoire, symbole de l'éternité.

Si cet idéal de beauté est désormais révolu, alors qu'il. »

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