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L'Art poétique de V. Hugo

Publié le 14/02/2012

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hugo

 

Il serait difficile de rien imaginer de plus contradictoire que les idées littéraires de V. Hugo et celles de Boileau. D'un côté, des règles sévères prescrivant à l'écrivain de ne s'écarter pas du bon sens, du bon goût, de la simplicité, de la sobriété de langage; de l'autre un appel révolté à l'indépendance, le caprice presque érigé en maître, une sorte de fureur joyeuse dans l'attaque des principes jusque-là reconnus.....

hugo

« Les mots de qualite, les syllabes marquises, Vivaient ensemble au fond de leur grottes exquises, Faisant la bouche en cceur et ne parlant qu'entre eux; J'ai dit aux mots d'en bas : eManchots, boiteux, goitreux, Rredressez-vous! planez, et melez-vous, sans regles, Dans la caverne immense et farouche des aigles! J'ai déjà confesse ce tas de crimes-la; Oui, je suis Papavoine, Erostrctte, Attila. 4 Ecoutez encore : .Je montai sur la borne Aristote, Et declarai les mots egaux, libres, majeurs. Tous les envahisseurs et tous les ravageurs, Tous les tigres, les Huns, les Scythes et les Daces N'etaient que des toutous aupres de mes audaces; Je bondis hors du cercle et brisai le compas. Je nommai le cochon par son nom; pourquoi pas? ,Pourquoi pas? - Parce qu'il nous semblait que si la poesie n'est pas la grace, la delicatesse, la fleur du sentiment elle n'est rien; parce que ce n'est pas faire oeuvre d'art que d'affubler d'une rime sonore les dernseres pau- vretes qui se debitent en prose; parce que V.

Hugo lui-meme s'est bien garde, en ses bons jours, d'être consequent avec ses propres theories.

V.

Hugo deteste non seulement la regle, mass insulte les maitres qui, jadis, se sont efforces de la lui faire accepter : regle litteraire, qui aurait mis des bornes A ses fantaisies poetiques; regle morale dont, « reveuse bourrique s'irritait son adolescence precocement passionnee.

Il ecume de rage contre ses maitres et it leur lance a la tete des vers que Taine qualifie d'epileptiques. Marchands de grec! marchands de latin, cuistres! dogues! Philistins! magisters! Je vous hais, pedagogues! Car dans votre aplomb grave, infaillible, hebete, Vous niez rideal, la grace et la beaute! Car vos textes, vos lois, vos textes sont fossiles! .

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...... Car vous etes mauvais et michants! - Mon sang bout Rien qu'a songer au temps oil, reveuse bourrique, Grand diable de seize cuts, fetais en rhetorique. Ecoliers! Ecoliers! AccoureZ par essaims, par bandes, par milliers, Du gamin de Paris au grceculus de Rome, Et coupez du Bois vert et fouaillez-moi cet homme! Jeunes bouches, mordez le metteur de baillons! Le mannequin sur qui l'on drape des haillons A tout autant d'esprit que ce cuistre en son antre, Et tout autant de coeur; et l'un a dans le ventre Du latin et du grec comme l'autre a du foin. Voila comment le chef de l'ecole romantique enseigne aux enfants le res- pect de leurs maitres! Un jour vint cependant ou it traita d' « tines ceux dont le respect pour lui-meme ne confinait pas A l'hugolatrie.

Nous sommes loin du IV' chant de l'Art Poetique! Les regles classiques etaient devenues, apres le xvtie siècle, un formalisme etroit : l'art manquait d'espace.

Mais qu'etait-il besoin de tant d'injures? Cette revolution entreprise avec tant de fracas devait etre faite au nom de Is liberte du poke, au nom de &Ideal de l'art.

Singuliere libertel singulier ideal! On decretait, d'une part, que le poke aurait le droit de tout dire, meme les choses les plus extravagantes, mais qu'on mettrait a la rime une lettre de plus afin de la faire parfois hurler plus haut avec la raison.

On proclamait, d'autre part, que les mots has et Arils deviendraient des mots nobles et su- blimes.

Le laid etait declare artistique, en tant que reel, et la licence devenait la regle.

C'est ainsi que Hugo revolutionnaire entendait rideal et la liberte.

L'ideal n'allait-il pas devenir le laid dans la conception des sujets et le choix des mots? Sous pretexte de liberte n'allait-on pas etre asservi a l'escla- vage de la rime? Chez Hugo, la rime est riche,, opulente, « millionnaire ) ; le Les mots de qualité, les syllabes marquises, Vivaient ensemble au fond de leur grottes exquises, Faisant la bouche en cœur et ne parlant qu'entre eux: J'ai dit aux mots d'en bas : «Manchots, boiteux, goitréux, Rredressez-vousl planez, et mêlez-vous, sans règles, Dans la caverne immense et farouche des aigles!» J'ai déjà confessé ce tas de crimes-là; Oui, je suis Pàpavoine,Brostrate, Attila.

« Ecoutez encore : .

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.Je montai sur la borne Aristote, Et déclarai les .mots égaux, libres, majeurs.

Tous les envahisseurs et tous les ravageurs, Tous les tigres, les Huns, les Scythes et les Daces N'étaient que des toutous auprès de mes audaces: Je bondis hors du cercle et brisai le compas.

Je nommai le cochon par son nom; pourquoi pas? .Pourquoi pas? - Parce qu'il nous semblait ~ue si la poésie n'est pas la grâce, la délicatesse, la fleur du sentiment elle n est rien; parce que ce n'est pas faire œuvre d'art que d'affubler d'une rime sonore les dernières pau­ vretés qui se débitent en prose; parce que V.

Hugo lui-même s'est bien gardé, en ses bons jours, d'être conséquent avec ses propres théories.

V.

Hugo déteste non seulement la règle, mats insulte les maîtres qui, jadis, se sont efforcés de la lui faire acce\>ter : règle littéraire, qui aurait mis des bornes à ses fantaisies poétiques; regle morale dont, «rêveuse bourrique», s'irritait son adolescence précocement passionnée.

Il écume de rage contre ses maitres et il leur lance à la tête des vers que Taine qualifie d'épileptiques.

Marchands de grec! marchands de latin, cuistres! dogues! Philistins! magisters! Je vous hais, pédagogues! Car dans votre aplomb grave, infaillible, hébété, Vous niez l'idéal, la grâce et la beauté! Car vos textes, vos lois, vos textes sont fossiles! .

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Car vous êtes mauvais et méchants!- Mon sang bout Rien qu'à songer au temps où, rêveuse bourrique, Grand diable de seize ans, j'étais en rhétorique.

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Ecoliers! Ecoliers! Accourez par essaims, par bandes, par milliers, Du gamin de Paris au grœculus de Rome, Et coupez du bois vert et fouaillez-moi cet homme! Jeunes bouches, mordez le metteur de bâillons! Le mannequin sur qui l'on drape des haillons A tout autant d'esprit que ce cuistre en son antre, Et tout autant de cœur: et l'un a dans le ventre Du latin et du grec comme l'autre a du foin.

Voilà comment le chef de l'école romantique enseigne aux enfants le res­ pect de leurs maîtres! Un jour vint cependant où il traita d' «ânes» ceux dont le respect pour lui-même ne confinait pas à l'hugolâtrie.

Nous sommes loin du IV• chant de l'Art Poétique! Les règles classiques étaient devenues, après le xvm• siècle, un formalisme étroit :l'art manquait d'espace.

Mais qu'était-il besoin de tant d'injures? Cette révolution entreprise av()c tant de fracas devait être faite au nom de h liberté du poète, au nom de L'idéal de l'art.

Singulière liberté! singulier idéal! On décrétait, d'une part, que le poète aurait le droit de tout dire, même les choses les plus extravagantes, mais qu'on mettrait à la rime une lettre de plus afin de la faire parfois hurler plus haut avec la raison.

On proclamait, d'autre part, que les m(lts bas et vils deviçndraient des mots nobles et su­ blimes.

Le laid était déclaré artistique, en tant que réel, et la licence devenait la règle.

C'est ainsi que Hugo révolutionnairè entendait l'idéal et la liberté.

L'idéal n'allait-il pas devenir le laid dans la conception des sujets et le choix des mots? Sous prétexte de liberté n'allait-on pas être asservi à l'escla­ vage de la rime? Chez Hugo, la rime est riche, opulente, «millionnaire»; le. »

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