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L'art transforme-t- il notre conscience du réel ?

Publié le 07/03/2009

Extrait du document

conscience

Les oeuvres d'art semblent constituer un monde parallèle au monde réel dans lequel nous évoluons. Aux côtés des vraies histoires, il y a les romans, aux côtés des objets perçus, il y a les tableaux, la musique du compositeur vient s'ajouter aux bruits quotidiens et aux chants des oiseaux. Pourtant, on voit tout de suite que ces oeuvres, pour autant qu'elles constituent un monde à part, sont également constitutives de notre monde, elles forment le réel, et surtout, elles forment notre façon de voir le réel. Les photographies cartes-postales en noir et blanc de Paris change notre regard sur Paris, elles nous invitent à voir des monuments là où nous ne verrions peut-être que des bâtiments. Les romans qui nous ont marqués, les personnages qu'ils mettent en scène, si nous nous reconnaissons en eux, changent notre conscience du réel. Pourtant, l'art est aussi un art qui imite le réel : la belle peinture a très longtemps été définie comme la peinture ressemblante. En un mot, est-ce le réel qui influence notre façon de faire et de voir les oeuvres d'arts ou est-ce l'art qui change notre façon de voir le réel ?

I.                    L’art comme tentative de rendre compte du réel.

II.                L’art transforme le réel, car la création est toujours création de quelque chose de réel.

III.             L’art révèle le réel par la création

conscience

« C.

L'artiste multiplie donc les possibles du réel.

En créant, il transforme le réel, en révèle les différentes possibilités.

En cela, l'art modifie non seulement son rapport au réel, mais aussi le notre : nous prenonsconscience du caractère arbitraire du réel, nous comprenons avec l'art que les choses pourraient être toutautrement qu'elles ne sont.

Le réel n'apparait plus comme un donné brut, mais bel et bien comme quelquechose de plastique, de changeant, sur lequel l'homme a prise.

Arendt explique par exemple que par le biaisdes « œuvres », qui comprennent les œuvres d'art aussi bien que les œuvres artisanales, l'univers devient lademeure de l'homme : il se l'approprie, en fait un chez soi.

L'art rend le monde habitable. Transition : pour autant que l'art soit création, on pourrait penser qu'il nous détourne du réel tel qu'il est.

L'art ne nous éloigne-t-il pas du monde ? Ne crée-t-il pas un autre monde, certes habitable, mais distinct du premier ? Lacréation nous détourne-t-elle du déjà là, du déjà créé ? III. L'art révèle le réel par la création A.

Bergson, dans Le rire explique que notre perception quotidienne est rattachée au besoin : nous ne voyons les choses qu'en tant qu'elles sont utiles.

Un loup ne sait par exemple pas faire la différence entre un agneauet une brebis, parce que tous deux sont pour lui des proies également faciles, également accessibles.

Etmême nous, savons-nous faire la différence entre une brebis et une autre brebis ? Non, parce que cettedifférence ne nous est pas utile.

Or, l'artiste n'est rien d'autre qu'un être humain qui a un regarddésintéressé sur les choses.

Il regarde les choses pour elles-mêmes, et non simplement en vue d'uneclassification fondée sur le besoin.

L'artiste n'est donc pas celui qui créé, mais celui qui voit le monde avecplus d'acuité.

B.

En cela, l'œuvre d'art dévoile un pan de la réalité qui jusque-là nous était inconnue.

Non qu'il fut caché, mais nous ne le percevions tout simplement pas parce qu'il ne nous était pas utile.

C'est ce que signifie cettephrase d'Oscar Wild « la vie imite l'art bien plus que l'art n'imite la vie » et l'exemple qu'il donne est celui desbrouillards : depuis l'impressionnisme, et l'intérêt que ce mouvement portait aux jeux de lumières, nous neregardons plus les brouillards de la même façon.

Les impressionnistes n'ont pas créé le brouillard, celui-ciexistait de tout temps, mais ils nous ont appris à le regarder.

C.

L'art révèle donc la véritable essence de la vie.

C'est ce qui permet à Proust d'écrire dans Le temps retrouvé que « la vraie vie, c'est la littérature ».

Ce qu'il faut entendre par là, c'est que l'art ne créé pas un monde imaginaire distinct du monde réel, mais qu'il donne un sens au monde réel.

Il lui donne un sens en luidonnant une unité : cela nous permet de comprendre pourquoi Sartre écrit dans la Nausée qu'il aurait voulu que sa vie soit une vraie vie, une vie dont on se rappelle : « autant vaudrait tenter d'attraper le temps par laqueue » s'exclame-t-il : c'est que dans les romans, les vies ont une unité : tout ce qui est raconté estraconté parce que cela a un intérêt.

Ainsi la première phrase du Temps perdu de Proust « longtemps je me suis couché de bonne heure » n'a de sens que parce que qu'à la fin du roman, il a trouvé sa vraie voie : celled'écrivain, et qu'il ne couche désormais plus de bonne heure, puisqu'il écrit.

Mais la première phrase du romanne prend sens que parce que la dernière est déjà là en puissance.

L'art permet donc de donner un sens à lavie, en en révélant la substance, en ordonnant les événements qui la constituent. Conclusion En conclusion, on peut dire que l'art transforme notre conscience du réel, non pas en la déformant ou en nousfaisant accéder à un autre monde, qui serait imaginaire et par là même meilleur ou pire que ce monde, mais en nousfaisant regarder le monde tel qu'il est, en lui donnant sens, en nous interrompant dans nos courses pressées etintéressées pour nous faire prendre le temps de regarder le monde tel qu'il est en lui-même, et non uniquement telqu'il nous apparait dans nos actions les plus courante.

L'art transforme notre conscience du réel en la rendant plusaigue, il nous apprend à regarder et non plus seulement à voir.. »

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