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Arthur SCHOPENHAUER: Vie et Mort

Publié le 29/03/2005

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schopenhauer
Avec la mort, la vie s'éteint, mais non avec elle le principe de la vie qui se manifestait en elle... Arthur SCHOPENHAUER (1788-1860)On se souvient de Socrate qui, au moment de boire la ciguë, ne craint point la mort qu'il assimile à une libération. Philosopher, ne cesse-t-il de répéter, c'est apprendre à mourir. Socrate est prêt, il s'est préparé depuis longtemps. C'est que, comme le souligne Platon, dans le Phédon, on peut espérer en l'immortalité de l'âme puisqu'elle ressemble aux Idées qui sont indubitablement immortelles. On se souvient aussi d'Épicure qui affirme que la mort n'est rien pour nous : l'âme composée d'atomes se disperse après la mort et tout n'étant que sensation, il n'y a rien à redouter.
schopenhauer

« L'être en soi qui échappe à toute temporalité comme à toute causalité, c'est le monde comme Volonté.

Cet être estéternel, indestructible.Comme l'indique Schopenhauer, « un sentiment assuré dit à chacun qu'il y a en lui quelque chose d'impérissable etd'indestructible ».

Il suffit, d'ailleurs, d'observer le règne végétal et animal pour découvrir que la mort n'est rien,qu'elle traduit, au fond, l'infini de la nature qui, jamais, ne se lasse de se répéter : cette fleur qui, au printemps,pousse dans mon jardin, c'est la même que celle que j'ai vue l'année dernière.

à pareille époque et que je reverrail'an prochain; ce chat qui bondit dans la cour accomplit les mêmes bonds que son semblable, il y a trois cents ans. En tout temps, la plante verdit et fleurit, l'insecte bourdonne, l'animal et l'homme subsistent dans leur indestructiblejeunesse, et nous retrouvons chaque été à nouveau les cerises mille fois dégustées.

Mais l'être humain qui observetout cela est partagé entre, d'un côté, l'idée abstraite de sa mort (connaissance) et, de l'autre côté, le sentimentconcret de son éternité (Volonté).

Il y a un contraste entre la partie connaissante et la partie voulante de son être.Si l'homme peut dire que la mort est sa fin absolue, c'est parce que sa faculté de connaître est entièrement tournéevers l'extérieur, « conformément au fait qu'elle est le produit d'une fonction cérébrale constituée en vue de la seuleconservation personnelle, donc de la recherche de la nourriture ».

En tant qu'être conscient, il ne peut abandonnervolontiers son individualité et sourire de la ténacité de son attachement à celle-ci.

Le philosophe Schopenhauer,exaspéré par l'égotisme de l'être humain, interpelle le « moi ».

Jette ton regard en avant, loin dans l'avenir, chercheà te représenter les générations futures avec leurs millions d'individus, dans l'étrangeté de leurs moeurs, de leursvêtements.

Tous ces hommes, d'où viendront-ils ? Où sont-ils à présent ? Où est le sein fécond, gros de mondes àvenir, qui les renferme encore ? Où se trouveraient-ils, sinon là où le réel a toujours été et sera toujoursuniquement, dansle présent et son contenu, donc auprès de toi qui, dans ta méconnaissance de ton être véritable, ressembles à lafeuille de l'arbre qui, se flétrissant en automne, est sur le point de tomber ? Veut-on la consoler, en lui disant que lafraîche verdure, au printemps, revêtira l'arbre ? Élle n'écoute pas et dit, en se lamentant :« Mais ce n'est pas moi ! Ce sont de tout autres feuilles ! Ô feuille insensée ! Où veux-tu aller ? Et d'où les autresfeuilles doivent-elles venir ? Où est le néant dont tu redoutes le gouffre ? — Reconnais donc ta propre essence,celle précisément qui est si remplie de la soif d'exister, reconnais-la dans la force intérieure, secrète, active, del'arbre, qui, toujours une et la même dans toutes les générations de feuilles, reste à l'abri de la naissance et de lamort.

»L'égoïsme amène ainsi le « moi » à borner toute réalité à sa petite personne.En affirmant : «Avec la mort, la conscience certes se perd mais non ce qui la produisait et la conservait, la vies'éteint, mais non avec elle le principe de la vie qui se manifestait en elle », Schopenhauer enlève,métaphysiquement, toute réalité à la mort.

L'affirmation que tout revient, que tout se répète, est la négation duprincipe d'individuation.

La mort comme la naissance s'inscrivent dans le contexte du Vouloir et sont sans prise surun passé toujours présent.

Dès lors, il n'y a plus de différence entre la vie et la mort.

Mieux : c'est de la mort quetout vient, c'est en elle qu'a déjà été ce qui a vie en ce moment.

Autrement dit, si Schopenhauer verse un baumesur la mort, ce n'est pas pour nous aider à supporter la vie, puisqu'il ôte à cette dernièretoute signification.

Quelle consolation peut apporter à un individu l'idée qu'il trouve la racine de son existence dansl'espèce, que sa propre mort est « grosse » d'un monde à venir ?Il y a en même temps, chez Schopenhauer, l'idée originale que le temps peut être comparé à un cercle sans fin quitourne sur lui-même.

Autrement dit, rien ne devient ni n'advient jamais et l'affirmation hégélienne que la Raisons'accomplit dans et par l'histoire des hommes est une illusion.

Il n'y a ni sens de l'histoire ni évolution de l'are.

Il y a,dans cette vision d'une inertie du monde, quelque chose d'angoissant, dans la mesure où on découvre que lessouffrances et les agonies individuelles ne servent à rien, sinon à perpétuer un monde qui, en un sens, est mortdepuis toujours.

D'un autre côté, il y a l'affirmation que le présent est la seule chose qui toujours existe et quel'homme pourrait y trouver une sorte d'éternité : la crainte de la mort sombrerait alors dans l'abîme.

Mais l'homme necesse de se demander d'où il vient et où il va.

Il se lance de manière absurde vers des fins chimériques.

Il mimemaladroitement la vie dans un monde qui radote sans fin.On songe, en lisant Schopenhauer, à un peuple d'Afrique, celui des Dogons.

Chez ces derniers, la vie n'est qu'unelente et progressive ascension vers le rien, puisque ce qui se transmet de génération en génération, ce n'est pas lesecret que détiendrait le grand initié, mais l'interdiction de transmettre le secret.

Si on ne transmet rien, c'est bienparce que le secret est lui-même ce rien.

Il n'y aurait donc pas de secret, à moins de considérer que le rien est lesecret.

Il faut renoncer à l'espérance, car il n'y a rien à espérer : tel est le secret que nous délivre aussiSchopenhauer, en des pages toniques et débordantes de vie.. »

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