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Article Philosophe Dumarsais (1676-1756) l'Encyclopédie

Publié le 08/01/2012

Extrait du document

 

1. Situation du texte

L’article Philosophe présenté en extrait ici est issu de l'Encyclopédie, œuvre colossale, monument littéraire du XVIIème siècle, rédigée sur un quart de ce siècle qualifié de Siècle des Lumières.

Auteur d'un traité de rhétorique paru en 1730, Des tropes ou des différents sens, Dumarsais est un grammairien qui rédigea pour l'Encyclopédie plusieurs articles de grammaire et surtout l'article « Philosophe«. Publié dans le douzième tome de l'Encyclopédie, l'article est une réponse aux détracteurs de l'ouvrage, notamment au pamphlet de Moreau, Les Cacouacs (1757) et à la comédie de Palissot, Les philosophes (1760).

 

« 2 goût de la retraite.

Il est bien intégré dans la vie de la cité.

Son aptitude à vivre en société est le fruit de la réflexion, de l’effort : « il travaille à acquérir les qualités sociables ».

Sur le plan religieux et moral, le philosophe a remplacé la foi en Dieu par la foi en la raison : « La raison est à l’égard du philosophe ce que la grâce est à l’égard du chrétien.

La grâce détermine le chrétien à agir ; la raison détermine le philosophe » .

La construction syntaxique établit un parallèle entre le philosophe et le chrétien.

On peut remarquer le chiasme (raison, grâce ; grâce, raison) qui oppose les deux de manière irréductible.

Diderot associe aussi la raison avec des qualités morales : « probité », « lumières de l’esprit », ce qui revient à dire que le respec t de la morale n’est pas l’apanage de la religion.

Au contraire : « plus vous trouverez de raison dans un homme, plus vous trouverez en lui de probité ».

C’est une idée essentielle des philosophes des Lumières, défendue déjà par Bayle.

On peut y voir la fi gure de l’athée vertueux.

On observe d’ailleurs la récurrence du terme raison x5 : lignes 8, 10, 30, 52, 55.

Ainsi paré de toutes les vertus, le philosophe est bien montré de façon élogieuse.

II - [Un éloge du philosophe ] Le philosophe est donc doté de toutes l es qualités: intellectuelles (« raison », « réflexion ».

« il sait demeurer indéterminé », « observation », « justesse »), civiques et morales (« honnête homme qui veut plaire et se rendre utile », « plein d'humanité », « probité »).

Par tous ces traits, il constitue un idéal pour les Encyclopédistes (valeur du « notre », qui renvoie à la fois à l'auteur mais aussi aux auteurs de l'Encyclopédie).

Mis en italique, comme l'est le mot dont un article donne la définition, accompagné du déterminant « le », le philosophe est ainsi distingué.

Le présent a en outre ici une double valeur: il désigne à la fois le philosophe réel à l'œuvre dans la cité et, davantage peut -être, un philosophe idéal, le philosophe tel qu'il devrait être.

Il est encore mis en valeur par les n ombreuses antithèses qui mettent en évidence ses qualités.

Il est ainsi opposé tour à tour au chrétien, aux « autres hommes » , aux « grands », aux « philosophes ordinaires » La syntaxe, résolument déclarative, énonçant les qualités du philosophe et l'ana phore du «il» font du passage une célébration.

Sujet grammatical de la plupart des verbes, il est présenté comme un être toujours en action: ainsi « il veut », « il cherche », « il trouve », « il sait se partager », etc.

On notera encore la structure énumérative du portrait divisé en paragraphes successifs consacrés chacun à une qualité ainsi que les nombreuses répétitions insistant sur les propriétés remarquables de la personnalité du philosophe.

Comment est bâti cet éloge au plan stylistique ? Dumarsais i nsiste sur le terme « philosophe », en italique et au singulier 12 fois, accompagné de l’adjectif possessif « notre » 2 fois.

Il n’apparaît qu’une fois sous la forme plurielle pour désigner les « philosophes ordinaires » auquel l’auteur l’oppose, penseurs et théoriciens solitaires.

D’autre part, ce terme est associé à deux autres qui reviennent de manière récurrente : raison et esprit qui définissent le philosophe.

À ces termes s’oppose celui de passions .

On peut remarquer que ce texte s’inscrit dans le vieux débat passions / raison.

L’insistance sur ces termes, surtout les trois premiers, contribuent à faire de cet article une apologie du philosophe des Lumières .

On peut remarquer également les nombreux parallélismes et les oppositions qui tendent à définir au mieux le philosophe.

Cette opposition aux autres se double d’une opposition entre affirmation et négation.

Ainsi, Dumarsais oppose l’ignorance et la connaissance : « sans sentir ni connaître les causes, sans même songer », lignes 1- 2 opposées aux affirm ations qui suivent.

Le philosophe au contraire, démêle, les prévient, se livre.

Il apparaît conscient des motivations qui le poussent à agir.

La même opposition affirmation / / négation se retrouve pour opposer réflexion et passions: « sans que les actions qu’ils font soient précédées par la réflexion » / au lieu que le philosophe n’agit qu’après.

Il oppose ensuite le philosophe aux grands et aux philosophes ordinaires .

À la morgue des premiers et au caractère trop théorique de la pensée des seconds, il oppo se l’humanité, la sociabilité, l’altruisme du véritable philosophe.

Ainsi, le jeu des comparaisons permet -il de définir le philosophe par rapport aux autres hommes.

C’est un homme bien intégré dans la société du XVIII° siècle, c’est donc un portrait révéla teur des Lumières.

III- [ Un portrait révélateur des Lumières] « Le philosophe est un honnête homme qui veut plaire et se rendre utile » C’est un être raisonnable, réfléchi, vertueux, dont la conduite est dictée par la raison, qui fait preuve de probité (x4) .

On reconnaît en lui l’honnête homme du XVII° siècle, mais il est doué d’une conscience nouvelle de la vie sociale : « il veut trouver du plaisir avec les autres », et pour cela leur en procure.

« Il cherche à convenir à ceux avec qui le hasard ou son choix le font vivre ».

Il a conscience d’appartenir à un corps social, et non plus seulement à un ordre (mondain), comme son prédécesseur.

Contrairement à son ancêtre, il apparaît comme un véritable citoyen, ce qui est une notion nouvelle.

Le texte montre un homme exceptionnel parce que mû exclusivement par la raison et dont toute la vie intellectuelle, civique et morale est obéissance à celle- ci.

Alors que les autres hommes sont animés par les passions, le philosophe sait maîtriser celles- ci par la réflexion (paragraphe 2).

Dumarsais s'inscrit dans le sillage du Traité des Passions de Descartes et reflète le rationalisme des Lumières.

Mais un rationalisme qui insiste sur l'engagement civique du philosophe.

Celui -ci est tourné vers l'action et non enfermé dans sa tour d'ivoire, Il participe à la vie de la cité.

(À la différence de Rousseau qui fuyait la compagnie de ses semblables). »

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