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Article de presse: L'amendement de la Charte de l'OLP

Publié le 22/02/2012

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24 avril 1996 - Le Conseil national palestinien (CNP), la plus haute instance de l'OLP, réuni pour la première fois de son histoire à Gaza, a décidé, mercredi 24 avril, de supprimer de sa Charte tous les articles contraires à la reconnaissance mutuelle scellée, en septembre 1993, entre Israël et l'OLP. Les textes incriminés n'ont pas été détaillés mais rejetés en bloc, le CNP se proposant d'adopter une nouvelle Charte. Shimon Pérès, le premier ministre israélien, avait exigé du chef de l'OLP que l'amendement de la Charte, que ce dernier s'était engagé, dès septembre 1993, à soumettre à l'approbation du CNP, soit fait avant le 7 mai. La décision palestinienne conforte l'autorité de M. Arafat et donne à M. Pérès un atout majeur dans la perspective des élections générales prévues, le 29 mai, en Israël. Yasser Arafat a gagné son pari. Conforté par son élection spectaculaire, en janvier, au poste de président de l'Autorité palestinienne, M. Arafat avait les coudées franches pour obtenir le respect de l'engagement pris envers Israël, parallèlement aux accords sur l'autonomie signés à Washington et au Caire. Fort de l'assurance du chef de l'OLP, exprimée lors de leur dernière rencontre, le 18 avril, Shimon Pérès, le premier ministre israélien, avait facilité le retour dans les territoires palestiniens des membres du CNP poursuivis pour leurs actions armées passées, espérant hâter un vote qui va priver ses adversaires du Likoud d'un de leurs principaux arguments, à quatre semaines d'élections générales au résultat incertain. Dès la deuxième session du CNP, M. Arafat avait décidé de presser l'allure. Chargeant la commission juridique du Conseil du soin de formuler des amendements dans les plus brefs délais, il n'avait laissé le soin à personne de répondre à des contradicteurs qui comptaient sur cette réunion historique, la première sur une terre palestinienne depuis la guerre de 1967, la première depuis le début du rapprochement israélo-palestinien, pour se livrer à un examen critique du processus de paix. Ni les bombardements du Liban, ni le bouclage des territoires autonomes et occupés, n'ont mis en difficulté le président de l'Autonomie. A Gaza, où il est installé depuis bientôt deux ans, en l'absence des principaux chefs de file de l'opposition aux accords de paix au sein de l'OLP Georges Habache et Nayef Hawatmeh, présidents, respectivement, du Front populaire et du Front démocratique de libération de la Palestine , M. Arafat a pu vérifier, une fois encore, la portée d'un pouvoir sans partage, sur une assemblée résignée ou convaincue, qui s'est rendue sans combat à ses arguments. Deux attitudes possibles " Il faut avoir le courage de dire ce que l'on a déjà fait ", a martelé le chef de l'OLP, avant d'expliquer que les diverses résolutions adoptées, depuis 1974, par les CNP successifs, dans le lent processus de reconnaissance d'Israël, avaient déjà rendus obsolètes les articles incriminés par les Israéliens. " Si l'un d'entre vous a une critique à faire sur la situation actuelle, qu'il se dise que moi j'en ai dix ! (...) Mais dans tous les accords, il y a un échange. Si vous voulez poursuivre le rêve palestinien [la création d'un Etat indépendant], alors il faut voter la modification de la charte. " Le texte voté supprime, d'une part, dans le texte de la charte, des éléments en contradiction avec les lettres de reconnaissance mutuelle échangées, en septembre 1993, entre Israël et l'OLP, via le ministre norvégien des affaires étrangères, Johan Jorgen Holst, juste avant la signature de la Déclaration de principes, à Washington. Il stipule d'autre part qu'une nouvelle charte devra être prochainement proposée à un nouveau CNP, sur la base du corpus diplomatique que constituent désormais la déclaration d'indépendance de la Palestine de novembre 1988, les accords israélo-palestiniens sur l'autonomie (ou accords d'Oslo), ainsi que les résolutions des Nations unies relatives, notamment, au retour des réfugiés palestiniens, exilés principalement au Liban et en Jordanie, et aux droits des Palestiniens sur la partie orientale de Jérusalem. " Nous nous étions engagés à modifier la charte, il y avait donc deux attitudes possibles, expliquait Fayçal Husseini, directeur de la Maison de l'Orient, siège officieux de l'OLP à Jérusalem-Est, après avoir voté pour soit mettre en avant le manquement des Israéliens à leur propre engagement pour la libération des prisonniers, ou pour l'évacuation de Hébron afin de justifier le nôtre, et dans ce cas le processus de paix risque de rester en panne pendant des mois. Soit faire un nouveau geste, à quelques jours du début des discussions sur le statut définitif des territoires [le 4 mai], et placer les Israéliens devant leurs responsabilités ". M. Arafat devrait bientôt savoir si la bonne manière faite à son interlocuteur israélien sera payée en retour, à sa juste valeur. GILLES PARIS Le Monde du 26 avril 1996

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