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Article de presse: L'avènement de deux puissances mondiales

Publié le 22/02/2012

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11 septembre 1945 - La victoire des Alliés en 1945 libère pour un temps le monde du fléau de la guerre, tout en faisant apparaître un bilan désastreux sur le plan humain et matériel. Pendant de longues années la vie des hommes, bafouée et méprisée, descendit à une bien faible valeur. Près de cinquante millions de cadavres, dont les deux tiers de civils, hommes de tous âges, femmes et enfants confondus, jalonnent ces quelques années noires. Les récits et les photos représentant des amoncellements de corps écrasés et suppliciés forment la marque distinctive de cette guerre. Certes, on se souvient des boucheries dans les tranchées de 14-18, qui sans doute ont joué un rôle important chez les combattants quant au mépris de la vie vingt-cinq ans plus tard, mais jamais elles n'atteignirent l'ampleur d'Hiroshima ou d'Auschwitz. Les victimes civiles écrasées sous les bombes ou les ruines de leur maison, les déportés assassinés en camps de concentration et les juifs morts dans les camps d'extermination, auxquels il faut ajouter les otages pris au hasard, les victimes des rafles, de la faim et des épidémies qui provoquèrent une surmortalité importante atteignent un total de plus de trente millions de morts, tandis que les pertes militaires ne dépassent pas dix-huit millions. Avec les juifs de toutes nationalités (5 à 6 millions), les populations de la Chine (13 à 15 millions) et de l'URSS (18 à 20 millions) sont les principales victimes du conflit. La volonté nazie de faire disparaître les juifs de la surface de la planète demeure un projet unique dans l'histoire de l'humanité, mené avec constance et efficacité jusqu'à la fin de la guerre. Afin de châtier les criminels nazis il a fallu inventer le nouveau concept de " crime contre l'humanité ", qui rendait compte de la spécificité du génocide. Les massacres perpétrés par les armées allemandes et japonaises en Europe de l'Est et en Chine, zones où elles considéraient les humains comme des " êtres inférieurs ", sont sans commune mesure dans les intentions avec " la solution finale ", mais les crimes de guerre qu'ils y commirent ont parfois atteint des sommets dans l'horreur. La Pologne fut le territoire où se mêlèrent ces deux volontés meurtrières. Quant à la Yougoslavie, très durement touchée avec 1 800 000 morts, elle réunit pertes de l'occupation étrangère et celles de la guerre civile. De là de vieilles haines et rancunes ranimées depuis la chute du communisme, et dans lesquelles le terme de " purification ethnique " vient sonner étrangement à nos oreilles. L'Allemagne, qui compta près de six millions de morts, et le Japon avec près de deux millions, payèrent aussi un lourd tribut démographique, tandis que les autres belligérants furent beaucoup moins atteints dans leurs populations. La France et la Grèce, 600 000 chacune, le Royaume-Uni et l'Italie, 400 000, sont pourtant plus touchées que les Etats-Unis qui, grâce à leur investissement technique et logistique, limitent leurs pertes à 298 000. Après ce tableau, les destructions matérielles semblent de bien faible importance, et pourtant le quart des habitations allemandes, la moitié des installations industrielles françaises ou les deux tiers des japonaises sont détruites. En Pologne, plusieurs villes, dont la capitale Varsovie, ont été rasées, la Yougoslavie est pillée, Londres et les centres industriels britanniques sont dévastés. En URSS, la tactique de la terre brûlée, les pillages allemands et l'âpreté des combats marquent le paysage: 70 000 agglomérations doivent être reconstruites, les mines, les industries et les barrages ukrainiens sont inutilisables. Certaines régions de Chine, la Malaisie et les Philippines ont subi de graves dommages. L'ampleur des destructions, les déficits budgétaires et l'endettement considérable des belligérants européens ont engendré une économie de pénurie et de forte inflation. En revanche, l'économie de certains Etats, neutres ou en dehors des zones de combats, a été stimulée par la guerre; l'Argentine, l'Australie, la Nouvelle-Zélande, le Canada, et, dans une moindre mesure, l'Inde ou l'Union sud-africaine, ont développé leurs industries et leurs exportations afin de ravitailler la Grande-Bretagne. Les Etats-Unis apparaissent ainsi comme le grand bénéficiaire de la guerre. Pour douze millions de soldats mobilisés, les pertes sont minimes, tandis que la mobilisation économique fut redoutablement efficace. Le gouvernement fédéral a dépensé 315 milliards de dollars pour son effort de guerre, dont l'industrie fut le principal bénéficiaire. Le produit national brut est passé de 227 milliards de dollars en 1940 à 355 milliards en 1945, et les salaires ont doublé dans le même temps. Les Etats-Unis dominent le monde de leur puissance économique et financière; ils détiennent 80 % de l'or mondial, et, afin d'éviter une grave crise de reconversion, ils sont déterminés à participer à la reconstruction de l'Europe, à laquelle ils accorderont des crédits importants dans le cadre du plan Marshall, en 1947. La reconstruction de l'Europe engendrera une période de grande croissance économique dans les pays capitalistes développés, accompagnée de la mise en place d'un système de protection sociale contre la précarité, le " welfare state ", promis aux travailleurs Anglais pendant la guerre par le rapport de sir William Beveridge. Mais les grandes transformations économiques demeurent trop souvent limitées à la sphère d'influence américaine. Ainsi, les accords de Bretton Woods, qui, en juillet 1944, créent le FMI (Fonds monétaire international) et les cadres d'un nouveau système monétaire international ancré sur le dollar, ou les accords du GATT (General agreement on tariff and trade), ne concernent que l'Amérique, le Japon et l'Europe occidentale. Comparés à ceux qui suivirent la première guerre mondiale, les remaniements de frontières revêtent une faible importance en 1945. Cependant, l'URSS retrouve les frontières de l'empire russe d'avant 1914, au détriment de la Roumanie, de la Tchécoslovaquie, de la Pologne, de la Finlande et des Etats Baltes, amenant par contre coup un glissement vers l'ouest de la Pologne et un rétrécissement de l'espace allemand. Parmi les autres vaincus, l'Italie perd l'Istrie et Rhodes, tandis que le Japon est amputé de ses conquêtes, la Corée devenant indépendante, les îles d'Haïnan et Formose rendues à la Chine, les Kouriles et Sakhaline à l'URSS. En revanche, les changements de régime et de système politiques sont forts nombreux, dès la fin de la guerre et pendant les années suivantes. En Europe comme en Asie, les régimes fascisants cèdent la place, à l'exception de la péninsule ibérique, tandis que les systèmes communistes conquièrent de vastes espaces. En Europe de l'Est, les pays libérés par l'Armée rouge deviennent plus ou moins rapidement des démocraties populaires dominées par le Parti communiste local, au mépris des accords de Yalta. D'autres Etats européens hésitent un temps avant de rallier le camp occidental, parfois au prix d'une terrible guerre civile, comme en Grèce. En Asie, le Japon, contraint par les occupants américains, adopte une constitution démocratique, mais la Chine renoue avec la guerre civile entamée avant l'occupation japonaise, et voit le régime communiste de Mao Zedong triompher en 1949. La Corée connaît deux régimes, le Nord occupé par les Soviétiques devient communiste, tandis qu'une dictature pro-occidentale s'installe au Sud. Ainsi se mettent en place tous les éléments de la guerre froide que se livreront les deux blocs dominés par les deux grandes puissances sorties grandies de la guerre. L'URSS, puissance continentale entourée d'un glacis d'Etats vassaux, dotée d'une armée redoutée pour sa puissance de feu et le nombre de ses divisions. Les Etats-Unis, puissance invaincue et protégée par deux larges espaces océaniques, dominant l'Amérique et alliée à l'Europe de l'Ouest, redoutable par ses capacités économiques et techniques, possédant seule, jusqu'en 1949, les secrets de l'arme nucléaire. Dès 1946, dans un discours prononcé à Fulton (Missouri), Winston Churchill dénonce le " rideau de fer descendu à travers le continent ", de Stettin à Trieste. L'Allemagne, occupée par les quatre puissances, est ainsi coupée en deux, les zones occidentales formant la République fédérale d'Allemagne (RFA) en 1949, tandis que la zone orientale devient la République démocratique allemande (RDA). Ainsi se forment les blocs à la fin des années quarante, soudés par des pactes (OECE, OTASE, ANZUS contre Kominform et CAEM) et des alliances militaires (OTAN contre pacte de Varsovie) et protégés l'un de l'autre par la menace de l'arme nucléaire qui risque de détruire la planète toute entière. Certes, des institutions internationales, comme l'ONU et ses diverses organisations spécialisées, tentent de sauvegarder la paix et de promouvoir une coopération entre les peuples. Cependant elles demeurent en grande partie impuissantes tant que l'URSS et les Etats-Unis demeurent ancrées dans leurs certitudes, l'une souhaitant rapidement la victoire du communisme stalinien, les autres appelant de leurs voeux le triomphe du capitalisme, dans sa version libérale, mais aussi parfois dans une version autoritaire. Dernière conséquence géopolitique de la guerre, la volonté d'autonomie des peuples colonisés, sort renforcée du conflit. L'indépendance est acquise très rapidement en Asie et au Proche-Orient, parfois pendant la guerre comme en Syrie et au Liban, ou dans les années suivantes, en Inde, en Indonésie et dans nombre de colonies asiatiques. Pourtant, la France mène en Indochine une guerre de huit années, qui a de forts relents de guerre froide. En Afrique, la décolonisation sera moins rapide, en dépit des discours du général de Gaulle à Brazzaville ou à Constantine, et des avertissements lancés par les peuples dépendants lors des insurrections de Sétif, le 8 mai 1945, ou à Madagascar, en 1947. Ainsi, la deuxième guerre mondiale semble modifier considérablement les données géopolitiques, stratégiques et économiques du monde dans la deuxième moitié du XXe siècle. PATRICK EVENO Février 1994

« Tchécoslovaquie, de la Pologne, de la Finlande et des Etats Baltes, amenant par contre coup un glissement vers l'ouest de laPologne et un rétrécissement de l'espace allemand.

Parmi les autres vaincus, l'Italie perd l'Istrie et Rhodes, tandis que le Japon estamputé de ses conquêtes, la Corée devenant indépendante, les îles d'Haïnan et Formose rendues à la Chine, les Kouriles etSakhaline à l'URSS. En revanche, les changements de régime et de système politiques sont forts nombreux, dès la fin de la guerre et pendant lesannées suivantes.

En Europe comme en Asie, les régimes fascisants cèdent la place, à l'exception de la péninsule ibérique, tandisque les systèmes communistes conquièrent de vastes espaces.

En Europe de l'Est, les pays libérés par l'Armée rouge deviennentplus ou moins rapidement des démocraties populaires dominées par le Parti communiste local, au mépris des accords de Yalta.D'autres Etats européens hésitent un temps avant de rallier le camp occidental, parfois au prix d'une terrible guerre civile, commeen Grèce.

En Asie, le Japon, contraint par les occupants américains, adopte une constitution démocratique, mais la Chine renoueavec la guerre civile entamée avant l'occupation japonaise, et voit le régime communiste de Mao Zedong triompher en 1949.

LaCorée connaît deux régimes, le Nord occupé par les Soviétiques devient communiste, tandis qu'une dictature pro-occidentales'installe au Sud. Ainsi se mettent en place tous les éléments de la guerre froide que se livreront les deux blocs dominés par les deux grandespuissances sorties grandies de la guerre.

L'URSS, puissance continentale entourée d'un glacis d'Etats vassaux, dotée d'une arméeredoutée pour sa puissance de feu et le nombre de ses divisions.

Les Etats-Unis, puissance invaincue et protégée par deux largesespaces océaniques, dominant l'Amérique et alliée à l'Europe de l'Ouest, redoutable par ses capacités économiques ettechniques, possédant seule, jusqu'en 1949, les secrets de l'arme nucléaire. Dès 1946, dans un discours prononcé à Fulton (Missouri), Winston Churchill dénonce le " rideau de fer descendu à travers lecontinent ", de Stettin à Trieste.

L'Allemagne, occupée par les quatre puissances, est ainsi coupée en deux, les zones occidentalesformant la République fédérale d'Allemagne (RFA) en 1949, tandis que la zone orientale devient la République démocratiqueallemande (RDA).

Ainsi se forment les blocs à la fin des années quarante, soudés par des pactes (OECE, OTASE, ANZUScontre Kominform et CAEM) et des alliances militaires (OTAN contre pacte de Varsovie) et protégés l'un de l'autre par lamenace de l'arme nucléaire qui risque de détruire la planète toute entière. Certes, des institutions internationales, comme l'ONU et ses diverses organisations spécialisées, tentent de sauvegarder la paixet de promouvoir une coopération entre les peuples. Cependant elles demeurent en grande partie impuissantes tant que l'URSS et les Etats-Unis demeurent ancrées dans leurscertitudes, l'une souhaitant rapidement la victoire du communisme stalinien, les autres appelant de leurs voeux le triomphe ducapitalisme, dans sa version libérale, mais aussi parfois dans une version autoritaire. Dernière conséquence géopolitique de la guerre, la volonté d'autonomie des peuples colonisés, sort renforcée du conflit. L'indépendance est acquise très rapidement en Asie et au Proche-Orient, parfois pendant la guerre comme en Syrie et auLiban, ou dans les années suivantes, en Inde, en Indonésie et dans nombre de colonies asiatiques.

Pourtant, la France mène enIndochine une guerre de huit années, qui a de forts relents de guerre froide.

En Afrique, la décolonisation sera moins rapide, endépit des discours du général de Gaulle à Brazzaville ou à Constantine, et des avertissements lancés par les peuples dépendantslors des insurrections de Sétif, le 8 mai 1945, ou à Madagascar, en 1947.

Ainsi, la deuxième guerre mondiale semble modifierconsidérablement les données géopolitiques, stratégiques et économiques du monde dans la deuxième moitié du XX e siècle. PATRICK EVENO Février 1994. »

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