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Article de presse: A l'ombre de son père

Publié le 22/02/2012

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8 octobre 1997 - Agé de cinquante-cinq ans, Kim Jong-il, qui a vécu jusqu'en 1994 dans l'ombre de son père, reste un personnage mystérieux. Rares sont les personnalités étrangères qui l'ont rencontré. Il est paré de toutes les vertus et de toutes les qualités par la propagande (penseur de génie, metteur en scène, pilote de jet, stratège), et, à en croire l'agence centrale de presse, il bénéficierait d'une sorte de " mandat du Ciel " dont témoignerait l'éclosion inopinée en plein automne de fleurs de poirier pour saluer sa nomination à la tête du Parti des travailleurs... A l'étranger, il passe pour un homme irascible qui serait à l'origine de plusieurs actions terroristes à l'encontre du Sud. Dans un livre publié en Corée du Sud, intitulé Kim Jong-il, un homme étrange, Jo Yang-hwan, professeur à l'université jésuite Sogang, à Séoul, et spécialiste des questions chinoises et nord-coréennes, a brossé un profil psychologique du jeune Kim en recoupant des entretiens qu'il a eus avec une quinzaine de Chinois et de Russes qui l'ont approché. " Ce serait une erreur de sous-estimer le personnage, nous dit-il. Bien qu'il ait des traits de caractère négatifs (tendance à la paranoïa qui peut nourrir des pulsions agressives), Kim Jong-il est intelligent et peut faire preuve de machiavélisme. " Apparemment peu désiré par sa mère, dont il fut privé encore enfant (elle est décédée peu après sa naissance), et ayant grandi dans l'ombre du père et dans une hostilité ouverte envers sa belle-mère et ses demi-frères, Kim Jong-il est renfermé et taciturne. " Il souffre vraisemblablement d'un complexe d'infériorité vis-à-vis de la figure paternelle, dont il n'a ni le charisme ni l'autorité " , avance M. Jo. " L'éducation qu'il a reçue de son père et des compagnons d'armes de celui-ci dans la guérilla contre les Japonais a cependant contribué à le doter d'une personnalité forte, poursuit-il. Il est averti des réalités du reste du monde, comme le démontre son souci de s'entourer de technocrates ayant des expériences outre- mer. Le choix judicieux de ses plus proches collaborateurs est révélateur de sa clairvoyance. " PHILIPPE PONS Le Monde du 10 octobre 1997

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