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Association, conditionnement et transfert dans les attitudes passionnelles

Publié le 21/02/2012

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Dans une lettre à Chanut, ambassadeur près de la reine de Suède, Descartes fait la confidence suivante :

« Les objets qui touchent nos sens meuvent, par l’entremise des nerfs, quelques parties de notre cerveau, et y font comme certains plis, qui se défont lorsque l’objet cesse d’agir; mais la partie où ils ont été faits demeure par après disposée à être pliée derechef en la même façon par un autre objet qui ressemble en quelque chose au précédent, encore qu’il ne lui ressemble pas en tout. Par exemple, lorsque j’étais enfant j’aimais une fille de mon âge qui était un peu louche [qui louchait] ; au moyen de quoi l’impression qui se faisait par la vue en mon cerveau, quand je regardais ses yeux égarés, se joignit tellement à celle qui s’y faisait aussi pour émouvoir en moi la passion de l’amour, que longtemps après, en voyant des personnes louches, je me sentais plus enclin à les aimer qu’à en aimer d’autres, pour cela seul qu’elles avaient ce défaut; et je ne savais pas néan­moins que ce fut pour cela. Au contraire, depuis que j’y ai fait réflexion, et que j’ai reconnu que c’était un défaut, je n’en ai plus été ému. «

(La prise de conscience apparaît donc déjà comme une thérapeu­tique par le fait même qu'elle remet à leur place, en identifiant leur mécanisme, les affections subies).

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