ATTENTION ET DISTRACTION

Nous verrons en définissant la conscience, qu'elle est une activité choisissant et rassemblant un savoir, tendue vers un objet. Or ces caractères semblent être aussi bien ceux de l'attention. Attention et conscience se distinguent si peu que certains psychologues ont nié l'existence de l'attention : « L'attention n'existe pas « Rubin, « Attention est un mot vide a Spearman, a l'attention est une entité inventée par la psychologie traditionnelle « Guillaume ; Merleau-Ponty, a même expliqué pourquoi la psychologie classique avait été amenée à inventer la notion d'attention. Les psychologues, dit-il en substance, sont partis de l'un ou l'autre de ces a-priori : « Le monde extérieur existe avant la conscience que nous en prenons « (c'est l'opinion des empiristes), ou « Le monde extérieur a une structure Intelligible« (c'est l'opinion des intellectualistes). Les premiers ont alors besoin de l'attention comme l'acte qui me révèle les objets encore inaperçus ; les seconds ont besoin de l'attention comme prise de conscience de la structure intelligible du donné. Aux uns comme aux autres, le phénoménologue oppose l'expérience fondamentale d'un « monde de significations qui surgit dans la conscience que j'en prends « et l'attention est simplement un mode particulier de la conscience, c'est « la constitution active d'un objet nouveau qui explicite et thématise ce qui n'était offert jusque-là qu'à titre d'horizon indéterminé « (Phénoménologie de la perception, p. 39), c'est-à-dire un « sort « particulier que la conscience fait à un objet d'abord perdu dans le monde de la perception, puis saisi et posé spécialement sur le « fond perceptif « que constitue l'ensemble du monde. La suspicion des philosophes à l'égard de l'attention vient quelquefois de ce que l'attention est une des premières structures mentales dont la description fait intervenir les notions de volonté et de liberté, qui sont, comme on l'a vu, aux frontières de la psychologie et de la métaphysique. Dans le souci de constituer une psychologie sans aucun rapport avec les questions métaphysiques, il fallait ou bien montrer que l'attention est un phénomène dans lequel ni volonté ni liberté n'interviennent, ou bien nier purement et simplement l'existence de l'attention.