Devoir de Philosophie

D'AUBIGNÉ - Les Tragiques

Publié le 16/11/2010

Extrait du document

  • «Misères« (I) se fonde sur des témoignages pour évoquer la cruauté de guerres civiles qui laissent la patrie déchirée et agonisante.

  • «Princes« (II) fait la satire de la cour efféminée et dépravée des derniers Valois (les mignons d'Henri III).

  • «La Chambre dorée« (III), dont le nom désigne la grande Chambre aux plafonds à caissons marquetés d'or du Parlement de Paris (c'est-à-dire le Palais de Justice), présente un défilé des vices sous forme d'allégories (l'Avarice, l'Ambition...) ; ce défilé est censé démontrer que la Justice humaine s'assimile à l'Injustice.

« Le plan d'ensemble, probablement acquis dès les premières années de rédaction, oppose deux volets antithétiques :un monde dénaturé ; un ordre surnaturel. 1.

UN MONDE DÉNATURÉ Les trois premiers livres brossent un tableau du monde livré à la perversion, au désordre : «Misères» (I) se fonde sur des témoignages pour évoquer la cruauté de guerres civiles qui laissent la patriedéchirée et agonisante. «Princes» (II) fait la satire de la cour efféminée et dépravée des derniers Valois (les mignons d'Henri III). «La Chambre dorée» (III), dont le nom désigne la grande Chambre aux plafonds à caissons marquetés d'or duParlement de Paris (c'est-à-dire le Palais de Justice), présente un défilé des vices sous forme d'allégories(l'Avarice, l'Ambition...) ; ce défilé est censé démontrer que la Justice humaine s'assimile à l'Injustice. 2.

UN ORDRE SURNATUREL Les quatre derniers livres proposent d'abord un passage en revue des principaux martyrs pour la Cause, puiss'achèvent avec un tableau grandiose de la Justice divine : — « Feux» (IV) et «Fers» (V) font un catalogue des martyrs qui ont trouvé la mort à cause de leur adhésion ou toutsimplement de leur tolérance à l'égard de la Réforme. «Vengeances» (VI) retrouve dans l'histoire les manifestations de la justice immanente en montrant commentles persécuteurs des justes ont été châtiés depuis la genèse (avec le châtiment de Caïn) jusqu'à l'histoirecontemporaine, en passant par l'époque de l'Église primitive. « Jugement» (VII) est une anticipation du Jugement dernier qui montre comment par la résurrection des corpset la rétribution des âmes s'accomplit la Justice dans la Transcendance. UNE ESTHÉTIQUE EN RUPTURE Le thème de la guerre civile exige un style baroque, provocant, volontairement déplaisant, qui choque l'oreille comme le sang répandu heurte la conscience. Par la syntaxe, le rythme, les sonorités d'abord, le vers de D'Aubigné contraste avec une esthétique du versbien poli.

La correction et la clarté grammaticales sont volontiers malmenées.

Dans les moments les plusintenses, le rythme devient précipité, frénétique.

L'alexandrin est disloqué par des coupes inattendues oumultipliées, ou bien relancé sans arrêt par des enjambements en cascade.

Des allitérations redoublent cetaspect rauque dans le registre sonore.

C'est le cas lorsque, poussée par la faim pendant un siège, la «mèrenon-mère» assassine son enfant: «Deux fois, le fer échappe à la main qui roidit. Tout est troublé, confus, en l'âme qui se trouve N'avoir plus rien de mère, et avoir tout de louve. De sa lèvre ternie il sort des feux ardents, Elle n'apprête plus les lèvres, mais les dents, Et des baisers changés en avides morsures. La faim achève tout de trois rudes blessures, Elle ouvre le passage au sang et aux esprits ; L'enfant change visage et ses ris en ses cris ; Il pousse trois fumeaux [soupirs], et n'ayant plus de mère, Mourant, cherche des yeux les yeux de sameurtrière» («Misères», v.

532-542) Par les images, ensuite, le poète recherche la théâtralité, voire l'insoutenable : «J'appelle Melpomène en sa vive fureur 3.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles