Devoir de Philosophie

Aurais-je pu savoir que César franchirait le Rubicon ?

Publié le 17/01/2004

Extrait du document

SAVOIR / SAVANT: * Savoir: a) Comme nom, ensemble de connaissances acquises par l'apprentissage ou l'expérience. b) Comme verbe, avoir appris quelque chose, et pouvoir le dire, le connaître, le répéter. * Savoir-faire: ensemble de procédés de gestes habituels permettant la réalisation régulière de certains buts. * Savant: a) Celui qui possède un maximum de connaissances. b) Celui qui exerce une activité scientifique (un physicien, un biologiste).

« saurions le calculer.

Une machine suffisamment puissante pour faire un calcul infini serait en mesure de toutdéterminer.

Ce sont donc les limites de notre connaissance qui expliquent qu'on ne puisse savoir que Césarfranchira le Rubicond, mais cela ne veut pas dire qu'il n'était pas dans l'absolu prévisible et possible de savoir qu'il lefera avant qu'il ne le fasse.B.

Dans cette perspective, la liberté n'est qu'un leurre.

Ainsi Spinoza écrit, dans une lettre à Schuller que nous sommes comme une pierre qui roule.

La pierre roule en descendant la côte à cause de l'impulsion initiale qui lui a étédonnée, et non de son propre chef.

Mais, si la pierre, tout en dévalant la pente se mettait à penser et à prendreconscience du fait qu'elle roule, elle se dirait qu'elle roule parce qu'elle l'a décidé.

Autrement dit, la liberté n'estqu'une illusion : nous pensons avoir fait un choix alors que nous ignorons simplement la cause qui nous a déterminés.La finitude de notre connaissance, qui explique que nous n'aurions pu prévoir ce que ferait César, expliqueégalement que nous nous sentions libres alors que nous ne sommes pas.C.

Le problème, c'est donc qu'une fois qu'un événement s'est produit, on peut en trouver les raisons et prendre ces raisons pour des causes qui produisent nécessairement un effet.

Comment prouver d'une chose qui a eu lieuqu'elle aurait pu ne pas avoir lieu ? cela est strictement impossible, alors qu'à l'inverse, il est tout à fait aisé deprouver qu'il y a des raisons précises pour lesquelles elle a eu lieu.

Il est donc beaucoup plus simple de faire unedémonstration prouvant rationnellement que tout est déterminé plutôt que de démontrer la liberté, car deshypothèses ad hoc peuvent toujours s'ajouter aux théories déterministes afin de montrer que tout ce qui arrive devait arriver. Transition : conserver la théorie déterministe tout en affirmant notre incapacité à prévoir en arguant les limites de la raison, n'est-ce pas finalement tomber dans une illusion rétrospective qui nous fait oublier, tout simplement parceque nous connaissons quelque chose et que nous pouvons l'expliquer par des raisons, que cette chose aurait puêtre toute différente ? III. Comment prouver la liberté ? A.

Aristote fut le premier à tenter de prouver les futurs contingents.

Dans le chapitre 9 de son traité de l'Interprétation , il s'attaque à l'argument Mégarique.

L'argument mégarique repose sur trois thèses : 1° touteproposition concernant le passé est nécessaire 2° ce qui est possible ne peutpas logiquement devenir impossible 3° le possible est définit comme ce quiactuellement n'est pas vrai et ne le sera pas.

Autrement dit, quand je dis « ilest possible qu'il pleuve », c'est qu'il ne pleut pas encore, et il se peut qu'il nepleuve pas non plus après : or, s'il s'avère que ce que je jugeais possiblen'advient pas, on se retrouve en contradiction avec la deuxième proposition,puisqu'alors, l'impossible suit le possible.

Selon cette doctrine desmégariques, seul ce qui est nécessaire peut se dire sans enfreindre les lois dela logique.

La notion de possible est contraire aux lois de la logique.B.

Or, à cela Aristote réplique qu'il ne faut pas confondre ce qui se suit logiquement et ce qui se suit temporellement.

Ce qui est possible peut doncdevenir impossible.

Il est nécessaire qu'il y ait ou qu'il n'y ait pas une bataillenavale demain écrit Aristote.

L'un des deux cas arrivera nécessairement.

Maison ne peut pour autant dire qu'il est nécessaire qu'il y ait une bataille navaledemain ou qu'il est nécessaire qu'il n'y en ait pas.

De plus, Aristote dit que sil'on accepte la conclusion mégarique, on se retrouve devant une véritableimpossibilité de délibérer sur le plan pratique, on tombe donc dans l'inaction etle fatalisme, puisque quoique l'on fasse, les événements se déroulentnécessairement.

Il y a donc des futurs contingents, ce qui veut dire que si l'on n'aurait pas pu savoir à l'avance si César franchirait ou non le Rubicon, ce n'est pas en raison de notre finitude,mais bien parce qu'il aurait pu ne pas le franchir.C.

Sartre, dans l'Existentialisme est un humanisme insiste sur le point suivant : l'homme est un être qui n'a pas d'essence.

Ce qu'il va faire, ou ce qu'il doit faire n'est donc pas donné à la naissance.

L'homme existe avant d'avoirune essence.

C'est donc lui même qui, par ses choix, va se définir, se donner une essence. Conclusion : « aurais-je pu savoir que César franchirait le Rubicon ? » est une question qui peut se comprendre de deux façons : tout d'abord, cela nous amène à nous interroger sur la liberté humaine, c'est-à-dire sur ledéterminisme.

César était-il libre de franchir le Rubicon ? Aurait-il pu ne pas le faire ? Si l'on répond qu'il était libre dela faire, alors il est évident que nous n'aurions pu, nous, savoir à l'avance ce qu'il allait faire.

Par contre, si l'onconsidère que tout ce qui arrive devait arriver, la question devient un problème de connaissance : la raison humainepeut-elle prévoir ce qui arrive ? Or, les deux questions demeurent inextricablement liées, car tant que la raisonhumain est considérée comme finie, il est impossible de prouver que ce n'est pas pour cette raison que l'on estincapable de prévoir.

Pourtant, on pourrait opposer à cet argument une simple confrontation avec la science : lascience, par nature prédictive, se perfectionne certes, mais elle a toujours été capable à un certain degré de savoirce qui va arriver.

Cela montre bien que la raison humaine, pour autant qu'elle est finie et progresse n'est pasimpuissante à prédire.

Ce qui suppose donc que si nous ne pouvons savoir à l'avance que César franchira le Rubicon,ce n'est pas simplement en raison de notre finitude, mais bien parce qu'il aurait pu ne pas le franchir.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles