Devoir de Philosophie

Auteurs: ALAIN

Publié le 22/02/2012

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De son vrai nom Émile Chartier, Alain eut une influence considérable sur toute sa génération, à la fois comme professeur de khâgne au lycée Henri IV à Paris et comme chroniqueur dans des journaux et revues d'où il tirera ses fameux Propos. Fils d'un vétérinaire, il rentre à l'École normale supérieure, devient agrégé de philosophie en 1892. Il représente sans doute le parangon du professeur de philosophie classique de l'ancienne génération, et beaucoup parlèrent de lui comme d'un véritable maître. En 1914, il s'engage, malgré son pacifisme, comme artilleur. De cette expérience, il tirera son ouvrage Mars ou la guerre jugée. En politique, ses options furent celles des radicaux. Tous les Propos ont été rassemblés dans des ouvrages tels que : Système des Beaux-Arts (1920), Les Idées et les Ages (1927), Propos sur le bonheur (1928), Idées (1932), ou Éléments de philosophie (1940). Il est élève de Jules Lagneau, professeur de philosophie spiritualiste, qui lui donnera le goût du rationalisme. Il s'inscrit également dans la tradition de Platon, pour l'ordre de la vie morale, de Descartes, pour la transparence de sa pensée, et de Kant, pour la morale conçue comme un respect dû à la personne et au sujet. À cette liste de noms, il ne faut pas omettre d'ajouter ceux de Hegel et de Comte. Alain pratique également le journalisme, médite sur l'Histoire, la politique, la guerre, la vie quotidienne. Son champ de réflexion couvre presque tout. Cependant, sa philosophie ne se caractérise pas par la construction d'un système, mais par une démarche d'initiation à la réflexion philosophique. L'âme, principe spirituel, maîtrise le corps et les passions. La conscience, savoir revenant sur lui-même, assure la transparence totale du cogito. La morale, ensemble de principes et de maximes, aboutit à la reconnaissance de la dignité humaine. La volonté, choix réfléchi, tenace et persévérant, se distingue de la velléité, essai de la volonté n'expérimentant qu'une seule fois. Comme son maître à penser, Descartes, Alain identifie conscience et psychisme. Le cogito, qui définit le sujet, implique une entière transparence de l'homme à lui-même. L'inconscient ne forme qu'un mythe dangereux qui va contre toute l'éthique. Dans la connaissance, Alain fait preuve de rationalisme et d'intellectualisme. Raison et jugement jouent un rôle majeur dans la formation du savoir. La perception renvoie toujours à un acte de jugement. Penser, c'est juger, procéder par idées abstraites et générales, grâce au langage, formateur de la pensée. Dans la morale comme dans la connaissance, c'est l'esprit qui définit l'homme. Etre moral, c'est également vouloir. Toute l'éthique d'Alain se centre ainsi autour de la volonté, distincte du désir. Vouloir, c'est donc agir activement, de façon réfléchie et méthodique, de manière à construire rationnellement sa vie, ses ouvres et ses facultés. Il va sans dire qu'Alain se présente comme un philosophe de la liberté qui rejette tout fatalisme. C'est pourquoi, chez lui, le déterminisme ne s'oppose pas à l'éthique. On pourrait croire Alain désuet voire caduque. Ce n'est nullement le cas. Le moi ne représente ni une fiction ni une abstraction. C'est sans doute là que réside toute l'originalité d'Alain. Selon lui, la véritable identité de l'être humain réside dans la Personne qui sort de l'abstraction pour s'engager dans la vie et les relations avec les autres, au point de se charger d'histoire et d'affects. Alain nous invite, alors, à penser le moi comme action théâtrale d'un sujet capable de se dédoubler et d'échapper à la double réduction de la fiction et de l' abstraction. Car nombre des difficultés que nous avons à penser le moi provient de notre inaptitude à pouvoir aborder l'existence d'une façon théâtrale, en faisant preuve, comme les acteurs, d'un jeu doué de conscience et d'une conscience qui joue le jeu.

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