autrichienne, littérature.
Publié le 06/05/2013
Extrait du document
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contemporain Arthur Schnitzler, quant à lui, travaillait à démasquer l’hypocrisie bourgeoise dans des pièces comme Anatole (1893) ou la Ronde (1897).
Influencé par l’impressionnisme, Schnitzler excellait surtout dans les ouvrages courts, comme le
Perroquet vert (1899).
Précurseur, en cela, de l’œuvre de l’écrivain irlandais James Joyce, il pratiqua l’analyse littérale de la conscience dans ses nouvelles ( Lieutenant Gustl, 1900, ou Mademoiselle Else, 1924).
Analyste rigoureux du comportement
humain, Schnitzler eut droit aux éloges de son compatriote Sigmund Freud.
Hugo von Hofmannsthal faisait partie, à ses débuts, du groupe des « Jeunes Viennois » fondé par Hermann Bahr.
Ses œuvres de jeunesse sont marquées par le symbolisme : ses premiers drames en vers, tels que la Mort du Titien (1892) et le Fou et
la Mort (1893), reprennent en les stylisant des légendes anciennes.
Sa Lettre à Lord Chandos (1902) est le premier témoignage littéraire d’un certain scepticisme à l’égard du langage et plus particulièrement de sa faculté de rendre compte des
phénomènes humains, scepticisme constitutif de toute la littérature du XXe siècle.
Plus tard, à l’instar de Grillparzer, il puisa son inspiration dans l’héritage culturel universel et s’illustra dans des genres variés : le drame grec avec Électre (1903), la
comédie de salon avec l’Irrésolu (1921), mais aussi le livret d’opéra ; c’est de sa collaboration avec le compositeur allemand Richard Strauss que naquirent le Chevalier à la rose (1911), Ariane à Naxos (1912) et la Femme sans ombre (1919).
Voir
Drame et art dramatique.
Pour Karl Kraus (1874-1936), les œuvres de ses contemporains, auxquelles il consacra, de longues années durant, une chronique à teneur polémique dans sa revue Die Fackel (« le Flambeau », 1899-1936), traduisaient la dégénérescence esthétique,
politique et morale de son pays.
Kraus est en outre l’auteur de plusieurs recueils d’aphorismes (tels Dits et Contre-dits, 1909), mais on lui doit surtout une pièce pacifiste, les Derniers Jours de l’humanité, écrite vers 1919, qui donne une vision
apocalyptique de Vienne pendant la Première Guerre mondiale.
Fritz Hochwälder (né en 1911), quant à lui, se fit connaître en Europe grâce à des drames historiques parfaitement structurés ( Sur la terre comme au ciel, 1941).
Les pièces écrites par Franz Theodor Czokor (1885-1969) attestent de l’intensité
dramatique du style expressionniste.
Ödön von Horváth contribua au renouvellement de la pièce populaire (Volksstück) viennoise, notamment avec Légendes de la forêt viennoise, en 1931, et Casimir et Caroline, en 1932.
3. 2 Poésie
Le philosophe Ludwig Wittgenstein, auteur du Tractatus logico-philosophicus, où il analysait les conditions de possibilité d’une langue idéale, était un adepte de la pensée rigoureuse de Kraus.
On doit au poète Georg Trakl une œuvre peu abondante
mais d’une puissance exceptionnelle ; il évoluait également dans l’entourage de Kraus.
Dans le domaine de la poésie, citons encore Anton Wildgans (1881-1932), dont les écrits sont très représentatifs des productions de l’expressionnisme.
Alfred
Kubin (1877-1959) et Oskar Kokoschka surent concilier peinture et écriture dans des œuvres aux entrées multiples.
3. 3 Récit
Le désir de produire un discours à valeur universelle, allié au souci de l’analyse psychologique, caractérise les écrits de Stefan Zweig.
Les biographies qu’il consacra à Marie Antoinette (1932), Érasme (1934) et Marie Stuart (1935), comme ses romans
et nouvelles ( Amok, 1922 ; la Confusion des sentiments, 1927), sondent l’âme humaine, selon des procédés proches de l’analyse freudienne.
Zweig a également écrit des pièces de théâtre ( la Maison au bord de la mer, 1911) et des essais critiques
(notamment sur Balzac, Dickens et Dostoïevski).
Dans le domaine du roman, Hermann Broch est l’auteur autrichien le plus proche de James Joyce, comme Schnitzler l’était dans le domaine du théâtre.
Son œuvre dépeint la société sous un jour particulièrement sombre.
Dans son roman la Mort de
Virgile (1945), il a recours au monologue intérieur pour exprimer le désespoir du poète romain lorsqu’il considère le fossé qui sépare l’art de la vérité.
Robert Musil est surtout connu pour son roman, monumental et inachevé, l’Homme sans qualités .
Dans ce chant funèbre de la monarchie autrichienne, l’auteur analyse le processus de désintégration qui est à l’œuvre sous le vernis de la complaisance
viennoise ; il y envisage toutefois la possibilité de la liberté, rendue accessible seulement à une humanité qui serait affranchie de préjugés et d’habitudes.
Si Joseph Roth évoque la société autrichienne déclinante par le biais de la fiction romanesque ( la Marche de Radetzky, 1932 ; la Crypte des capucins, 1938), le cosmopolite Elias Canetti excelle successivement dans le théâtre ( Comédie des vanités,
1934), le roman allégorique ( Auto-da-fé, 1936) et l’essai ( Masse et Puissance, 1960), avant de fournir une vaste fresque de sa vie dans une autobiographie en trois volumes, la Langue sauvée (1977), le Flambeau dans l’oreille (1980) et Jeux de
regard (1985).
3. 4 Littérature autrichienne contemporaine
Heimito von Doderer, auteur né en 1896, c’est-à-dire à une époque où la monarchie existait encore, vécut jusqu’en 1967.
Dans ses romans, l’Escalier du Strudlhof (1951) ou les Démons (1956), il procéda à une analyse critique de la société
autrichienne depuis le début du XXe siècle.
Influencé par le romancier russe Fedor Dostoïevski et par Marcel Proust, il pratiqua la fiction romanesque à la manière d’une « science de la vie », préférant un multiperspectivisme à une représentation
mimétique et linéaire.
Il est considéré comme l’auteur-phare de la littérature autrichienne d’après-guerre.
La littérature de la période récente est caractérisée à la fois par un fort individualisme et par une contestation souvent violente à l’égard du passé esthétique, politique et social de l’Autriche.
Dans ses textes en prose, très novateurs ( Gel, 1963 ;
Perturbation, 1967 ; la Plâtrière, 1970 ; Extinction, 1986), et dans ses pièces provocatrices ( la Force de l’habitude, 1974 ; le Faiseur de théâtre, 1985 ; Place des héros, 1988), Thomas Bernhard a fait et refait de façon incantatoire le tableau d’une
Autriche qu’il jugeait détestable à tous points de vue.
Peter Handke, auteur initialement contestataire, est devenu le représentant par excellence de la littérature autrichienne contemporaine.
Il s’est illustré dans des domaines variés : récits ( l’Angoisse
du gardien de but au moment du penalty, 1970 ; la Courte Lettre pour un long adieu, 1972 ; l’Absence, 1987), pièces radiophoniques et pièces de théâtre ( Outrage au public, 1966 ; la Chevauchée sur le lac de Constance, 1971 ; Par les villages,
1981), scénarios de films (en 1974, il écrivit Faux Mouvement pour Wim Wenders, et il a lui-même adapté au cinéma son roman la Femme gauchère, en 1976).
À l’heure actuelle, des auteurs comme Joseph Winkler, auteur d’une trilogie autobiographique intitulée la Carinthie sauvage (1979-1984), Franz Innerhofer ( De beaux jours, 1974 ; les Grands Mots, 1977) ou Robert Schneider ( le Frère de sommeil,
1992) font partie de courants qui ne sont pas sans rapport avec le régionalisme (l’Autriche n’est-elle d’ailleurs pas elle-même qu’une toute petite province en marge de l’Europe ?), courants qui s’élèvent contre Vienne et contre l’esthétique viennoise,
jugée d’arrière-garde..
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