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Autrui est-il limite ou condition de ma liberté ?

Publié le 07/03/2005

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HTML clipboardAutrui c'est celui qui n'est pas moi et qui n'a pas forcément les mêmes désirs que les miens. Il a une volonté indépendante de la mienne. Les désirs d'autrui semblent être une limite, un obstacle à ma liberté. Ma liberté commencerait là où s'arrêterait celle des autres...   Toutefois, autrui est celui également qui favorise ma liberté c'est à dire s'il possède la même volonté que moi je suis quand même dépendant d'autrui dans la mesure où c'est autrui qui peut élargir mon champ de liberté s'il le souhaite. Dans les deux cas, j'ai besoin d'autrui pour être libre. Autrui ne serait-il pas la condition de possibilité même de ma liberté ? Or cela est contradictoire car si je suis libre cela veut dire que je suis indépendant des autres. Ainsi comment puis-je être dépendant des autres tout en étant libre ?    Nous allons voir qu’autrui réduit ma liberté naturelle mais en échange me permet d'acquérir ma liberté civile puis que c'est grâce à autrui que j'ai conscience de ma liberté.

« Sur la question d'autrui, Sartre souligne que seul Hegel s'est vraiment intéressé à l'Autre, en tant qu'il est celui parlequel ma conscience devient conscience de soi.

Son mérite est d'avoir montré que, dans mon être essentiel, jedépends d'autrui.

Autrement dit, loin que l'on doive opposer mon être pour moi-même à mon être pour autrui, «l'être-pour-autrui apparaît comme une condition nécessaire de mon être pour moi-même » : « L'intuition géniale deHegel est de me faire dépendre de l'autre en mon être.

Je suis, dit-il, un être pour soi qui n'est pour soi que par unautre.

»Mais Hegel n'a réussi que sur le plan de la connaissance : « Le grand ressort de la lutte des consciences, c'estl'effort de chacune pour transformer sa certitude de soi en vérité.

» Il reste donc à passer au niveau de l'existenceeffective et concrète d'autrui.

Aussi Sartre récupère-t-il le sens hégélien de la dialectique du maître et de l'esclave,mais en l'appliquant à des rapports concrets d'existence : regard, amour, désir, sexualité, caresse.

L'autredifférence, c'est que si, pour Hegel, le conflit n'est qu'un moment, Sartre semble y voir le fondement constitutif dela relation à autrui.

On connaît la formule fameuse : « L'enfer, c'est les autres ».

Ce thème est développé sur unplan plus philosophique dans « L'être & le néant ».

Parodiant la sentence biblique et reprenant l'idée hégélienne selonlaquelle « chaque conscience poursuit la mort de l'autre ».

Sartre y affirme : « S'il y a un Autre, quel qu'il soit, quelsque soient ses rapports avec moi, sans même qu'il agisse autrement sur moi que par le pur surgissement de sonêtre, j'ai un dehors, une nature ; ma chute originelle, c'est l'existence de l'autre...

»J'existe d'abord, je suis jeté dans le monde, et ensuite seulement je me définis peu à peu, par mes choix et par mesactes.

Je deviens « ceci ou cela ».

Mais cette définition reste toujours ouverte.

Je suis donc fondamentalement libre« projet », invention perpétuelle de mon avenir.

Et je suis celui qui ne peut pas être objet pour moi-même, celui quine peut même pas concevoir pour soi l'existence sous forme d'objet : « Ceci non à cause d'un manque de recul oud'une prévention intellectuelle ou d'une limite imposée à ma connaissance, mais parce que l'objectivité réclame unenégation explicite : l'objet, c'est ce que je me fais ne pas être...

»Or je suis, moi, celui que je me fais être.

Et c'est précisément parce que je ne suis que pure subjectivité et liberté,que le simple surgissement d'autrui est une violence fondamentale.

Peu importe qu'il m'aime, me haïsse ou soitindifférent à mon égard.

Il est là, je le vois et je découvre que je ne suis plus centre du monde, sujet absolu.

Il mevoit, et avec son regard s'opère une métamorphose dans mon être profond : je me vois parce qu'il me voit, jem'appréhende comme objet devant une transcendance et une liberté.Si chaque conscience est une liberté qui rêve d'être absolu, elle ne peut que chercher à transformer la liberté del'autre en chose passive.

Sartre illustre d'abord ce conflit à travers l'expérience du regard.

Qu'est-ce qui, en effet,me dévoile l'existence d'autrui, sinon le regard ? Si je regarde autrui, ce dernier me regarde aussi.

C'est la raisonpour laquelle Sartre envisage les deux moments.Dans un premier moment, je vois autrui.

Imaginons : « Je suis dans un jardin public.

Non loin de moi, voici unepelouse et, le long de cette pelouse, des chaises.

»Situation paisible.

Le décor est neutre, la trame est inexistante : « Un homme passe près des chaises.

Je vois cethomme...

»Finie la quiétude ! Pourquoi ? Tout simplement parce que je ne le saisis pas seulement comme un objet, mais aussiet en même temps comme un homme.

Si je pouvais penser qu'il n'est rien d'autre qu'un objet, un automate, parexemple, je le saisirais « comme étant « à côté » des chaises, à 2,20 m de la pelouse, comme exerçant une certainepression sur le sol, etc.

».

Autrement dit ce ne serait pour moi qu'un objet comme les autres, qui s'ajouterait auxautres : « Cela signifie que je pourrais le faire disparaître sans que les relations des autres objets entre eux soientnotablement modifiées.

En un mot, aucune relation neuve n'apparaîtrait par lui entre ces choses de mon univers...

»Le saisir comme homme, qu'est-ce que cela signifie, sinon saisir une « relation non additive » des objets à lui, unenouvelle organisation des choses de mon univers autour de cet objet privilégié ? Autrement dit, avec l'apparitiond'autrui dans mon champ de vision, une spatialité se déploie qui n'est pas ma spatialité, un autre centre du mondeapparaît et du même coup un autre sens du monde.

Les relations que j'appréhendais entre les objets de mon universse désintègrent : « L'apparition d'autrui dans le monde correspond donc à un glissement figé de tout l'univers, à unedécentration du monde qui mine par en dessous la centralisation que j'opère dans le même temps.

»Cette décentration du monde fait de moi un sujet glissant.

La désagrégation « gagne de proche en proche » toutmon univers.

Autrui tend à me « voler le monde ».

Si autrui n'existait que sur le mode d' « être-vu-par-moi », jepourrais, en m'efforçant de le saisir seulement comme objet, le réintégrer dans ma propre vision du monde.

Maisautrui me voit.

J'existe sur le mode d' « être-vu-par-autrui ».Second moment : être vu.« Imaginons que j'en sois venu à coller mon oreille contre une porte, à regarder par le trou d'une serrure.

Je suis seulet sur le plan de la conscience non-thétique de moi.

»Je suis seul & j'existe sur le plan de la conscience non-thétique ou immédiate de moi, cela signifie que mon attituden'a aucun « dehors », que je n'ai pas conscience de « moi » comme objet et qu'il n'y a donc rien à quoi je puisserapporter mes actes pour les qualifier , les juger.

Je suis mes actes et « ils portent en eux-mêmes leur totalejustification ». « Or voici que j'ai entendu des pas dans le corridor : on me regarde.

»Qu'est-ce que cela signifie , sinon que le regard d'autrui me fige.

J'étais liberté pure, conscience allégée de touteimage, me voici devenu quelqu'un, un objet du regard.

Je me vois parce qu'on me voit : mon « moi » fait irruption.En même temps j'en viens à exister sur le même plan que les objets.

Je suis objet d'un regard.

Autrui surgit et j'ai un« dehors », une apparence externe.

J'ai une nature qui ne m'appartient pas.

Ce que je suis pour autrui (vicieux,jaloux...), je ne suis plus libre de l'être.

Je suis engagé dans un autre être.

Plus jamais je ne pourrai échapper àl'image qu'autrui me tend de moi-même.

Autrement dit, j'existe sur le mode d' « être-pour-autrui ». « Ma chute originelle, c'est l'existence d'autrui...

» Cela signifie donc que tout se passe comme si autrui me faisaitm'écrouler au milieu des choses.

C'est ce que je découvre dans la honte qui n'est, au fond, que « l'appréhension de. »

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