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Avez-vous eu l'occasion, au cours de vos lectures scolaires ou personnelles, de retrouver, chez des auteurs différents, de grands thèmes « éternels »? Vous essaierez de dégager les raisons de leur retour et l'apport original de chaque écrivain.

Publié le 19/02/2011

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Ce sujet présentait deux difficultés : — le candidat devait d'abord dresser un catalogue d'un certain nombre de thèmes « éternels «, c'est-à-dire de ceux qui, de la Bible à la littérature de l'Antiquité et de nos jours, reviennent très fréquemment; — puis il fallait choisir et découvrir ce que les auteurs retenus avaient apporté d'original à ces thèmes. Une telle recherche supposait des lectures assez nombreuses et des souvenirs précis.

« — Diderot rédige l'article « Argent » dans l'Encyclopédie; s'il souhaite qu'il soit répandu dans tout le royaume, ilredoute déjà l'inflation, disproportion entre l'abondance de la monnaie et la quantité des biens consommables.

DansLe Neveu de Rameau, apologie de l'or par un « raté » qui restera toujours pauvre : « De l'or.

De l'or.

L'or est tout etle reste, sans or, n'est rien ».— Voltaire donne une grande importance dans son œuvre — comme dans sa vie — à l'argent.

Pendant que la Francese ruine par la guerre et par l'impôt, l'Angleterre s'enrichit par le commerce (Lettres anglaises).

Pour développerl'économie, il faut beaucoup d'argent, et qu'il circule (Essai sur les mœurs).

Dans Le Siècle de Louis XIV, il critique le« colbertisme » : la vraie richesse consiste dans l'investissement et non dans la thésaurisation.

Eldorado (Candide,ch.

xvii et xviii) méprise l'or et les pierreries et son roi ne conçoit pas le goût des gens d'Europe pour sa bouejaune...— Montesquieu enfin redoute les puissances d'argent, corruptrices de la démocratie (Esprit des Lois) et, après laBruyère, attaque les financiers, les percepteurs de l'impôt (Lettres persanes). 4.

XIXe siècle : a) Dans sa première moitié, après les guerres napoléoniennes, l'argent et l'or sont rares, la Bourse est morne, leséconomies (France, Angleterre) se replient.

Commerçants et industriels restent prudents.Guizot a dit aux bourgeois : « Enrichissez-vous ».

Ils le font, mais petitement.

La possession d'un capital sûr et debonnes rentes confère le droit de voter ou de se faire élire, de donner de l'instruction à ses enfants, de bien mariersa fille si l'on a de quoi la doter...Ce monde de boutiquiers, de banquiers-usuriers, la littérature le conteste, Musset, dans les Confessions d'un enfantdu siècle, exprime son mépris des notaires, des petits banquiers, des commerçants gris et bornés.Stendhal : Lucien Leuwen a honte de la bourgeoisie nancéenne de l'argent et de sa puissance politique.Mais c'est à Balzac qu'il revient d'avoir fait de l'argent le thème essentiel de son oeuvre.

La Comédie humainefourmille de contrats et d'actes de succession, de notaires et d'avoués, de banquiers et de commerçants (Birotteau,Nucingen, Gobseck, du Tillet...).

Un féroce tableau de la bourgeoisie sous Louis-Philippe.Dans Eugénie Grandet, le père est non seulement idolâtre de l'or, comme Harpagon, mais un redoutable hommed'affaires, sans scrupules; Charles s'enrichit dans le commerce des esclaves, réussit à faire une alliance quil'introduit dans la noblesse, et voit s'ouvrir devant lui la plus brillante carrière : « Quand on a 100 000 livres derente, on va à la Cour ».Dans Le Père Goriot, Vautrin donne de cyniques leçons : «L'honnêteté ne sert à rien...

La corruption est en force...».

Enfin, Gobseck : « Je suis assez riche pour acheter les consciences...

La vie n'est-elle pas une machine à laquellel'argent imprime le mouvement?...

L'or est le spiritualisme de nos sociétés actuelles ». b) Dans la deuxième moitié du 'axe siècle, le vieux rêve de Voltaire et d'Henri de Saint Simon se réalise : plusd'épargne, de rente; il faut investir, entreprendre.Dans la peinture de cette société de consommation, Zola succède à Balzac.

L'Argent est la peinture de la Bourse,des banques d'affaires.

Zola montre que le but de ces nouveaux financiers (Saccard) n'est pas la promotion del'industrie mais la spéculation : l'or ne produit que de l'or.Dans Au Bonheur des Dames apparaît le problème, toujours actuel, de la lutte des magasins à grande surface et dupetit commerce.

Germinal, c'est le combat du monde ouvrier contre le capitalisme. 5.

Le XXe siècle : après la guerre de 1914, la société s'industrialise.

On est en pleine euphorie.

Puis, éclatent lesscandales financiers, on découvre la collusion des financiers et des hommes politiques; enfin, vers 1930, la Crisenous arrive d'Amérique.

Naissance du Front populaire puis, de nouveau, la guerre.

La paix revenue, nouvelle fièvrede production et nouvelle soif de consommation.

On bâtit, on fabrique et on cherche à vendre.

On change lesméthodes de gestion, de vente; le crédit se répand.

Plus d'épargne : il faut acheter et investir.

C'est la fameusesociété de consommation.La littérature n'a plus seulement à faire le procès — ou la peinture — du monde réduit des gens de finance.

Elle s'enprend à la masse des « consommateurs ».La mise en question des nouvelles valeurs de cette société, avec ses exploitants et ses exploités, envahit le romanet le théâtre, inspire essayistes, philosophes, journalistes.De l'immense production qui nous submerge, dégageons simplement quelques tendances :— on peut faire une critique chrétienne de l'argent corrupteur : Péguy (L'Argent), P.

Claudel (L'Echange)...— on peut également en faire une socialiste, marxiste.

Dénonciation du « mur d'argent », des « deux cents familles» (Sartre, Aragon...)— on peut se contenter d'une peinture, d'ailleurs féroce, à la Zola :M.

Druon, (Les Grandes familles — La Chute des corps); Pagnol ironise, sans trop s'indigner (Topaze)... Conclusion Qu'il s'agisse de condamner l'argent ou l'usage que l'on en fait, les moyens de le gagner ou son inégale répartition,de déplorer qu'il soit devenu le souci essentiel des hommes, etc., il a peu à peu envahi la littérature.

Il est peu. »

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