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AVIGNON - Aragon, Le Nouveau Crève-coeur, 1948 (Commentaire)

Publié le 11/10/2011

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aragon

 

25 SEPTEMBRE 1946 Ici le vent joue avec la ceinture D'un souvenir heureux ou malheureux Bel Avignon ville de l'aventure Où tout ressemble à ceux-là qui se turent En emportant leur secret merveilleux L'amour y prend cette clarté d'épure Que rien n'explique excepté qu'on est deux [. .. ] 6 NOVEMBRE 1946 L'homme en vain se croit le vainqueur C'est ici la ville d'Elsa Et sous le pont qui se brisa Passe le Rhône avec mon coeur Et la plainte des remorqueurs Passe le Rhône avec mon coeur Et l'amour dont il se grisa Et le long chant qui se brisa De celle tant qu'il jalousa Mariniers arrêtez mon coeur

C'EST ICI LA VILLE D'ELSA

6 NOVEMBRE 1946 Dix-huit ans je t'ai tenue enfermée (1) Dans mes bras comme Avignon dans ses murs Dix-huit ans comme un seul jour parfumé Que mon amour t'enclôt dans son armure L'automne a déjà ses rouges ramées L'hiver est déjà sous l'or des ramures Mais que peut l'hiver mon enfant aimée Si demeure en nous le divin murmure Si quand le feu meurt monte la fumée Et garde la nuit le goût noir des mûres

Aragon, Le Nouveau Crève-coeur, 1948.

aragon

« «Avignon» est un poème d'Aragon extrait du recueil Le Nouveau Crève-cœur de 1948.

Ce livre se ressent de la fin de la guerre et de l'amertume de ses lendemains.

Or, ici, il n'y a rien de tout cela, mais un poème d'amour, un poème-anniversaire, dédié à Elsa, bien sOr.

Cet amour présente un double visage: il est souffrance, source d'angoisse, mais il est aussi réussite, joie, source d'émerveillement.

Avignon, la ville, sert de décor à ces vers, un décor particulièrement vivant et important.

La composition curieuse (fragmentée) retiendra toute notre atten­ tion.

L'amour-souffrance Le mal d'aimer est un thème fertile en littérature: Pétrarque, Ronsard, Lamartine, Hugo ...

la liste est longue des mal-aimés 1 Dans notre poème, d'où vient la peine, l'angoisse 7 Toute certitude est exclue du sentiment amoureux, qui n'est souvent qu'illusion :L'homme en vain se croit Je vainqueur, est un très bel octosyllabe, avec son assonance interne vain/vainqueur, les deux mots se détruisant, en vain, c'est la vanité de toute victoire.

L'amour est fragile et peut finir.

Aragon utilise la belle méta­ phore du pont brisé.

C'est une allusion à la chanson populaire et traditionnelle Sur le pont d'Avignon, et au vieux pont brisé sur le Rhône (Saint-Bénézetl.

Et, bien sOr, comment ne pas songer ici au poème d'Apollinaire, Le Pont Mirabeau, réflexion sur la fuite du temps et de l'amour.

Coule la Seine et nos amours correspond ici à Passe le Rh6ne avec mon cœur.

Le cœur, siiJge de l'amour, est répété plusieurs fois en fin de vers : avec mon cœur, arretez mon cœur : la poésie est essen­ tiellement lyrique.

Une rime riche insiste sur la fragilité : se grisa/brisa, contraste: folie de l'amour et rupture.

L'amour est empoisonné par la jalousie et devient alors douleur : de celle tant qu'il jalousa, l'inquiétude est toujours présente, comme l'indique l'adverbe quantitatif tant.

La composition du poème met en valeur l'angoisse.

Le texte est écrit en trois moments, qui correspondent à trois strophes les dates en sont précisées : 25 septembre 1946, puis deux fois 6 novembre 1946 : la première et la dernière strophe sont consacrées à la joie, l'intermédiaire, à la peine.

Cette dernière est écrite en vers octosyllabes, et au présent surtout.

Dans cette strophe de la douleur, deux rimes seulement reviennent, la rime en «eun> et celle en ((a>>, le ((aJ> d'Elsa, mais aussi de se brisa : l'amour coexiste avec la peur de sa fin.

La date du 6 novembre est très importante puisqu'il s'agit d'un anniver­ saire, celui de la rencontre avec Elsa.

Le retour de cette date,. »

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