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BAC 2011: L'homme est-il condamné à se faire des illusions ?

Publié le 16/06/2011

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• Que signifie « L'homme « ? Que signifie « L'illusion « ? • Pourquoi « condamné « ? • En quoi peut-il apparaître que « L'homme est condamné à l'illusion « ? • La réponse à la question est-elle nécessairement illusoire ? • Qu'est-ce qui pourrait nous autoriser à répondre par l'affirmative ? Répondre par l'affirmative est-ce « sortir de l'illusion «? Si oui ne serait-ce pas une proposition contradictoire ? • D'où parlons-nous pour parler de l'illusion ?
L'illusion est-elle le destin de l'homme ? L'illusion est-elle la condition de possibilité de l'existence humaine ? Une vie sans illusion est-elle possible ? L'homme peut-il se jouer de l'illusion ou est-ce l'illusion qui toujours se joue de lui ?

« seules, nous nous laissons abuser par les mots, par le langage.

Berkeley va répondre à un problème (leproblème de Molyneux), qui a suscité de nombreux débats, et qui consistait à se demander si un aveugle né,recouvrant subitement la vue, pourrait discerner visuellement le cube et la sphère qu'il sait déjà discerner parle toucher.

Or, ceci serait possible si notre perception nous livrait l'étendue géométrique abstraite, mais unedescription des processus de la vision montre qu'il n'en est rien, car nous éprouvons à tout instantl'incommunicabilité des idées visuelles et des idées tactiles.

L'illusion selon laquelle il y aurait une idéecommune à la vue et au toucher, une idée abstraite d'étendue vient de l'emploi de mots.

Le langage nous faitcroire, à tort, à l'existence d'entités abstraites, mais il n'y a pas de réalité en dehors de la perception.

Maisalors, si la matière comme substrat, comme réalité indépendante, est une pure illusion, qu'est-ce qui fait queles objets qui tombent sous nos sens demeurent là, même quand nous fermons les yeux, même quand nous nesommes plus là ? Berkeley va alors faire appel à l'existence de Dieu, c'est-à-dire un esprit qui soutient le tout,et qui permet de penser l'unité du monde. Quoique d'apparence paradoxale, l'idée de Berkeley est d'après lui, une simple question de bon sens: notrerapport aux choses est toujours un rapport de représentation.

Dire qu'une chose existe, c'est dire qu'on laperçoit, ou que l'on pourrait la percevoir. Le texte de Berkeley est exemplaire pour toute réflexion sur les rapports entre la conscience et le réel.

C'estle problème de la distance infranchissable entre les deux qu'il cherche précisément à résoudre.

En effet, si l'onpose, comme Descartes, que le corps et l'esprit sont deux réalités distinctes, on a ensuite beaucoup de mal àrésoudre la question de la possibilité de la connaissance.

Car comment l'esprit peut-il franchir la distance quile sépare du corps? Une telle difficulté favorise le scepticisme.

D'où l'idée de Berkeley que «la matière»n'existe pas: c'est une abstraction, un simple mot qui nous fait croire qu'il est le signe de quelque chose deréel, d'une substance matérielle; alors qu'en fait, il n'y a pas de substance matérielle: il n'y a que desperceptions.

L'esprit n'a donc pas de distance à franchir pour connaître le monde, puisqu'ils sont de mêmenature. La vie est une continuelle illusionNotre nature est animée d'une tendance et d'une prétention à connaître et à vouloir plus que nous nepouvons.

Chacun selon son « naturel », mélancolique et sanguin, produit les illusions dont il a besoin.

Mais ce besoin, nous n'en avons pas conscience.

Nous voulons ce à quoi nous croyons, mais nous ne croyons pas ceque nous voulons ; nous ne commandons pas à nos illusions.

Qui donc veut l'illusion ? Quelle est cette naturequi me fait obéir aux passions et me fait vivre en dupe ? C'est que l'illusion seule fait vivre, et « la connaissance de soi se paie toujours trop cher » (Cioran ).

L'homme a besoin de raisons de vivre, et la raison seule ne nous en donne pas.

Or la Nature n'a d'autre sens que sa perpétuation, ce qui se traduit chez lesespèces animales par le mécanisme de la reproduction.

Belle raison de vivre pour la belle âme humaine ! Si l'onsavait la vérité, l'espèce humaine s'éteindrait en peu de temps.

La volonté de la Nature est donc quel'individu soit la due de l'espèce.

D'où les illusions : le noble sentiment amoureux n'est qu'une ruse de l'instinctde reproduction, selon Schopenhauer : « Ainsi chaque amant se trouve-t-il leurré après l'achèvement du grand-oeuvre, car le mirage a disparu, qui faisait de l'individu la dupe de l'espèce. » La recherche du bonheur est l'illusion suprême qui résume toutes les autres : l'individu s'imagine être une fin en soi, alors qu'il n'estqu'un moyen de l'espèce.

Et le même auteur d'ajouter : « Il n'y a qu'une erreur innée : celle qui consiste à croire que nous existons pour être heureux. » Toute notre activité est soumise à cette illusion et, à travers elle, à cette volonté rusée qui anime souterrainement notre vie consciente.L'illusion est quelque chose de vitalL'illusion possède une fonction vitale.

En effet « on ne peut pas vivre avec la Vérité », car découvrir cettevérité, c'est découvrir que n'existe qu'un flux éternel des choses, un Abîme où toutes s'abîment.

La vie,expression de la Volonté de Puissance, a donc besoin de falsifier le réel, d'affirmer l'être contre le devenir,d'organiser ce flux, de le contraindre à se plier aux options vitales du sujet, c'est-à-dire aux valeurs et auxnormes définies par la Volonté de Puissance, bref .elfe a besoin de l'illusion, qu'elle érige en vérité.

C'estpourquoi, même la prétendue vérité objective de la science se réduit en fait à une croyance, une illusion quinous est nécessaire pour vivre.

Sans l'illusion, les hommes auraient bien du mal à trouver, encore et toujours,de bonnes raisons de continuer à vivre.

[La raison a toujours fini par l'emporter sur l'illusion. C'est parce que l'homme est un être conscient et intelligent qu'il peut saisir la réalité, déjouer les piègesque lui tendent ses sens et ses passions.]. »

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