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Balzac : Misogynie et pessimisme dans le Colonel Chabert

Publié le 22/07/2012

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balzac

Ce livre, alimenté par maintes récits et souvenirs des connaissances féminins de Balzac (et masculine) qui ont vécu à l’époque de l’Empire montre un surprenant contraste entre le personnage féminin et le personnage masculin. Ces comparaisons entre le colonel et la comtesse exhibent si bien un dégoût et un dédain du narrateur/auteur que, si la comtesse souffrait ou était affligée, ses sentiments ne sont rien en face de ceux du vieux soldat qui se trouve mis au ban de la société. L’accent dans ces passages est mis sur le courage du colonel afin que le lecteur compatisse, et sur la critique de sa femme pour la rendre méprisante.

balzac

« femme est impatiente de se débarrasser de cette affaire et de savoir combien elle doit payer pour qu'on la laisse tranquille.

Mais le prix demandé ou l'option d'unprocès ne lui convient pas du tout.

Et puis elle se sauve par un mensonge sur l'identité physique du colonel tout à coup relevé par une interruption de sa part.

« -Maismonsieur n'est pas le colonel Chabert, s'écria la comtesse en feignant la surprise.

» Balzac p.

95 Elle garantie sa victoire avec cette feinte. Un peu plus haut, avant l'entretien entre Derville et la comtesse, dans les réflexions de l'avoué elle est décrite comme avoir joué des rôles comme ferrait une actrice.Cette suggestion étant péjorative.

« Mme la comtesse Ferraud se trouva par hasard avoir fait tout ensemble un mariage d'amour, de fortune et d'ambition.

Encorejeune et belle, Mme Ferraud joua le rôle d'une femme à la mode, et vécut dans l'atmosphère de la cour.

»Balzac, p.81 Le jeu qu'elle joue si bien se déroule nonseulement en face de l'avoué mais aussi en face de son premier mari lui-même.

Quand elle l'invite à monter dans sa voiture après l'entretien au cabinet elle possèdemême des pouvoirs d'enchanteresse.

Le colonel « se trouva, comme par enchantement, assis près de se femme dans le coupé.

»Balzac, p.

97 Elle l'emmène chez elle àMontmorency, où elle reste toujours dans son jeu et elle est toujours décrite dans une situation d'actrice à plusieurs reprises: « La comtesse sut imprimer un charmedoux à ses souvenirs, et répandit dans la conversation une teinte de mélancolie nécessaire pour y maintenir la gravité.

»Balzac, p.

101 Elle joue entièrement son rôleen face du colonel, mais dès qu'elle est seule l'on voit ce masque mis à coté comme si elle en portait un vrai.

« Pour se trouver un moment à l'aise, elle monta chez elle,s'assit à son secrétaire, déposa le masque de tranquillité qu'elle conservait devant le comte Chabert, comme une actrice qui, rentrant fatiguée dans sa loge après uncinquième acte pénible, tombe demi-morte et laisse dans la salle une image d'elle même à laquelle elle ne ressemble plus.

»Balzac, p.103 « Il fallait être comédiennepour jeter tant d'éloquence, tant de sentiments dans un mot.

»Balzac, p.98 La bonté du colonel Chabert est mise en valeur par le narrateur/auteur qui exprime clairement aussi ses sentiments dédaigneux envers la comtesse ou les femmes engénéral, et on voit un sort de mélange entre les opinions de Derville, le narrateur omniprésent et Balzac lui-même.

En comparant les interventions du narrateur quisont liées à Chabert et celles liées à la Comtesse, on en voit nettement la différence.

Le narrateur compare le colonel à un enfant pour augmenter son innocence, lerendant plus digne de pitié.

« -Où en était-je ? dit le colonel avec la naïveté d'un enfant ou d'un soldat, car il y a souvent de l'enfant dans le vrai soldat, et presquetoujours du soldat chez l'enfant, surtout en France.

»Balzac p.50 Dans cette phrase il y a beaucoup de douceur et de compassion pour le colonel et les soldats engénéral ; il est clair que le colonel est plus que respecté par le narrateur, mais estimé, chéri, comme on chérirait un enfant.

Ses paroles incitent aussi la pitié du lecteuret de Derville dans son récit quand il dit, « Comment aurais-je pu intéresser une femme ? j'avais une face de requiem, j'étais vêtu comme un sans-culotte, jeressemblais plutôt à un Esquimau qu'à un Français, moi qui jadis passais pour le plus joli des muscadins, en 1799 ! moi, Chabert, comte de l'Empire ! Enfin, le jourmême où l'on me jeta sur le pavé comme un chien […] »Balzac p.

51 Bien plus loin, une intervention, au propos de Mme Ferraud, égarée de la voix compatissante,évoque le mépris.

« La comtesse rougit, pâlit, se cacha la figure dans les mains.

Puis elle secoua sa honte, et reprit avec le sang-froid naturel à ces sortes de femmes…»Balzac p.87 C'est le : sang-froid qui discrédite la femme du colonel, et le : à ces sortes de femmes, qui défavorise les femmes en général (comme elle, c'est-à-diredes femmes avec un intérêt personnel qui agissent d'abord par un vœu de richesse et de position sociale plutôt que par le cœur).

Elle est aussi comparée à une «petite-maîtresse »Balzac p.

86 un terme à l'époque qui voulait dire : « élégante à la mise recherchée, femme coquette, voire maniérée et prétentieuse » Balzac p.

277 note 1 de la page 86 Nous voyons aussiune grande différence dans les nuances de mots et de tons quand tous les deux demandent des nouvelles de l'un et de l'autre.

Le colonel est touché par la réponse à saquestion « ‘Comment est-elle ? – Toujours ravissante.' Le vieillard fit un signe de main, et parut dévorer quelque secrète douleur avec cette résignation grave etsolennelle qui caractérise les hommes éprouvés dans le sang et le feu des champs de bataille.

»Balzac p.

50 Sa réaction manifeste sa sensibilité et ses sentimentsenvers sa femme ; il l'aime toujours et il est blessé par le fait qu'elle nie son réapparition et ne veut lui donner aucun secours.

Il est aussi à noter la juxtaposition desmots sang et feu dans cette phrase, qui contrarie le sang-froid Balzac p.

87 de sa femme qui est même « naturel ».

Et elle, comtesse avec son sang-froid, demandeaprès les sentiments son ancien mari pour s'en exploiter.

« ‘M'aimet-il encore ? dit elle.

–Mais je ne crois pas qu'il puisse en être autrement.' A ce mot, la comtessedressa la tête.

Un éclair d'espérance brilla dans ses yeux ; elle comptait peutêtre spéculer sur la tendresse de son premier mari pour gagner son procès par quelqueruse de femme.

»Balzac p.

89 Le dédain pour cette femme (et toutes les femmes d'ailleurs qui jouent avec les hommes) est distinct.

Les deux réactions des deuxépoux sont opposées sur le sujet de l'amour ; l'un aime, l'autre se sert malicieusement de cet amour.

Dans cette comparaison, c'est bien le colonel qui s'en sort avecl'estime du narrateur, de l'avoué, de l'auteur et puis le lecteur.

Et enfin, à la dernière scène entre le colonel et la comtesse, l'on voit cette comparaison dans toute sonillustration tranchante qui réduit la femme par terre, bas, ou était autre fois le colonel, et lui, Chabert est intouchable : « La comtesse se jeta aux pieds du colonel, etvoulut le retenir en lui prenant les mains ; mais il la repoussa avec dégoût, en lui disant : -Ne me touchez pas.

La comtesse fit un geste intraduisible lorsqu'elle entendit le bruit des pas de son mari.

Puis, avec laprofonde perspicacité que donne une haute scélératesse ou le féroce égoïsme du monde, elle crut pouvoir vivre en paix sur la promesse et le mépris de ce loyal soldat.»Balzac p.

111 Ce livre, alimenté par maintes récits et souvenirs des connaissances féminins de Balzac (et masculine) qui ont vécu à l'époque de l'Empire montre un surprenantcontraste entre le personnage féminin et le personnage masculin.

Ces comparaisons entre le colonel et la comtesse exhibent si bien un dégoût et un dédain dunarrateur/auteur que, si la comtesse souffrait ou était affligée, ses sentiments ne sont rien en face de ceux du vieux soldat qui se trouve mis au ban de la société.L'accent dans ces passages est mis sur le courage du colonel afin que le lecteur compatisse, et sur la critique de sa femme pour la rendre méprisante.

Ainsi Balzacrend hommage à l'Empire passé.

Est-ce pour autant une critique de la Restauration incarnée en la comtesse Ferraud ; lui, Balzac, que l'on dit royaliste ? Ou est-cesimplement un mépris de femme déclenché dans son enfance par une mère qui préférait le frère de Balzac, une plaie dont il ne se guérira jamais. Bibliographie : BALZAC, Honoré de : Le Colonel Chabert : Editions Gallimard : 1974 SATIAT, Nadine : Introduction de l'édition GF Flammarion 1992, du ColonelChabert de Balzac VACHON, Stéphanie : Intriduction de l'édition Le Livre de Poche classique 1994 ; du Colonel Chabert de Balzac. »

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