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Le Baroque

Publié le 24/03/2011

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LE BAROQUE Le mot baroque qui vient sans doute de barrueco signifie en espagnol pierre irrégulière. Il désigne un mouvement artistique dominant pendant près de deux siècles, accompagnant les principales évolutions religieuses et politiques de 1580 à 1780 en Europe surtout, mais aussi dans le monde. Cet art lié à la réaction religieuse de la Réforme catholique, a pour fondement la volonté du concile de Trente de réhabiliter les images (remises en cause par les protestants) en suscitant un art qui s’adresse à la sensibilité plutôt qu’à la raison. Il inscrit aussi ses racines dans l’art caravagesque du tournant des années 1600, novateur par le réalisme de ses sujets et de ses figures, l’utilisation des contrastes d’ombre et de lumière qui noient les contours des corps et des objets. Le baroque se développe déjà dans les pays catholiques : l’Italie en est le point de départ puis le monde hispanique, les Pays-Bas espagnols, l’Autriche et la Bavière, l’Amérique latine sous l’impulsion des jésuites. Mais il faut se garder d’assimiler baroque et régions catholiques: la France catholique résiste au baroque et ses rois puissants préfèrent l’ordre classique qui magnifie leur pouvoir; les pays protestants – la Hollande de Rembrandt – sont nettement influencés par le style baroque. L’opposition entre baroque et classicisme n’est donc pas toujours facile à observer car on peut retrouver des caractères des deux styles dans les mêmes œuvres. Les historiens étrangers nomment d’ailleurs « baroque français » notre classicisme et le tableau de Jouvenet du musée des Beaux-arts de Reims est l’œuvre d’un peintre formé par les artistes classiques, Poussin et Le Brun, bien qu’elle soit « baroquisante ». Notons que le style rocaille ou rococo, inventé à la cour de Louis XV et issu de l’art baroque, envahit toutes les cours princières au XVIII° siècle. Les caractéristiques L’art baroque naît dans le contexte de l’essor des villes et des Etats et s’inscrit dans un urbanisme sans précédent : les villes de Rome, Paris, Versailles, Londres sont remodelées en fonction d’une symbolique précise ; les places, les palais et les églises traduisent un idéal de persuasion religieuse et de puissance politique. Le baroque s’attache donc initialement à l’architecture (le Bernin, Borromini) puis s’applique à la peinture, la sculpture, la littérature, la musique. Techniques et supports La peinture murale et particulièrement la peinture de plafond exécutée à fresque dominent le style baroque. L’œuvre aux dimensions considérables est généralement inscrite dans un riche écrin plastique où se combinent stucs et sculptures aux Simon Vouet (1590-1649) L’Assomption de la Vierge, 1644 Huile sur toile, inv. : D.949.1.1 ©Reims, musée des Beaux-arts Photo : Christian Devleeschauwer dimensions souvent exagérées. La peinture sur toile est un décor, principalement d’église, qui doit être vu de loin par des fidèles nombreux. Les thèmes La peinture baroque est essentiellement religieuse, son iconographie a été fixée par le concile de Trente : la Vierge, les anges, la vie de saints, et les héros récents de l’Eglise catholique y sont célébrées. La tendance est à la théâtralité afin de surprendre et émouvoir les fidèles : apothéoses, enlèvements de saints par des anges dans les nuées célestes, extase (Sainte Thérèse). Mais on trouve aussi des scènes mythologiques, allégories qui autorisent les représentations de nus. Plus rares, les scènes de genre sont présentes essentiellement dans la peinture du Nord (voir Rubens, La Kermesse). La composition, le dessin, la couleur, la touche Le peintre baroque ne fait pas du dessin l’élément essentiel de ses compositions, figures et objets n’ont pas les contours nets qu’ils possèdent dans la peinture classique. Les formes s’enchaînent, le regard n’est plus conduit par le jeu rationnel d’une perspective linéaire, il est retenu par les éléments tactiles et chromatiques qui structurent la peinture (touche, effets de lumière changeante et dramatique, rendus des matières, carnations, draperies...). La profondeur est crée plutôt par des lignes diagonales dans lesquelles le regard s’enfonce. La composition est ouverte et n’est pas forcément bâtie selon une symétrie haut / bas ou droite / gauche et renonce à souligner par la distribution des formes la proximité des bords du tableau. L’utilisation de diagonales, de spirales et de courbes imposent une idée de mouvement plutôt que de stabilité. L’œuvre baroque est conçue comme un tout unitaire : « la partie est subordonnée au tout, sans qu’elle renonce pour cela à exister en soi » (Wölfflin). Il est souvent difficile d’isoler un motif tant les formes s’interpénètrent. Avec des formes ainsi fondues les unes dans les autres, la peinture baroque est souvent moins lisible que la peinture classique. Les figures baroques sont rarement intégralement nues comme l’indique le concile de Trente, sauf chez Rubens. La volonté de dramatisation héritée du caravagisme conduit les peintres baroques à préférer le dynamisme à la pose. Les figures accomplissent souvent des mouvements violents que le pinceau suspend brusquement (comme dans un arrêt sur image). L'artifice de ces attitudes suscite émotion du spectateur ce qui est le but du peintre baroque.

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