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baroque, littérature - littérature.

Publié le 28/04/2013

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baroque, littérature - littérature. 1 PRÉSENTATION baroque, littérature, courant esthétique regroupant des oeuvres, produites entre la fin du XVIe siècle et le milieu du XVIIe siècle, se caractérisant par les thèmes de l'instable, de la métamorphose et de la réversibilité, de l'illusion et du travestissement, ainsi que par un style orné ostentatoire, accordant une large place aux artifices de la langue, aux figures de rhétorique, et en particulier à la métaphore. 2 TERME ET RECONNAISSANCE LITTÉRAIRE TARDIVE Le mot baroque trouve son origine dans le mot portugais barroco, terme de joaillerie qui désigne une perle irrégulière. Tout d'abord péjorative, cette appellation -- dans un premier temps appliquée aux beaux-arts, puis élargie à la littérature et à la musique -- signifie en français « inutilement compliqué, bizarre «. Son usage est postérieur aux différents courants esthétiques ainsi dénommés, par opposition au classicisme. Dès 1888, avec Renaissance et Baroque, puis plus tard, en 1915, avec son livre Principes fondamentaux de l'histoire de l'art, l'historien de l'art suisse Heinrich Wölfflin donne pour la première fois une image positive de ce courant et en établit les bases. En France, ce n'est que dans les années 1950, avec la thèse d'un critique et théoricien de la littérature, Jean Rousset (la Littérature de l'âge baroque en France : Circé et le Paon, 1953), que la littérature française du XVIIe siècle n'apparaît plus comme étant entièrement classique. La redécouverte d'auteurs faisant preuve d'une inventivité foisonnante ou exubérante permet alors de définir entre la Renaissance et le Classicisme ce nouveau courant artistique et littéraire. 3 LE BAROQUE ET SON TEMPS RICHE EN BOULEVERSEMENTS Le courant baroque, à la fois pictural, architectural, littéraire et musical, qui se développe un peu partout en Europe, de l'Italie à la France et du Portugal à l'Allemagne, couvre approximativement la période comprise entre 1570 et 1650 (la date de début diverge souvent, 1580 ou 1590 selon les auteurs). C'est une époque de troubles politiques, de famines, de conflits et de violence : en France, les guerres de Religion font rage jusqu'à la signature de l'édit de Nantes par Henri IV, en 1598. Il s'ensuit une période de calme et de prospérité avec le règne de Louis XIII mais, de 1648 à 1653, l'enfance de Louis XIV (période de Régence) voit le Royaume secoué par la Fronde des Parlementaires, puis des Princes. Tout n'est pourtant pas si chaotique, car cette période connaît en même temps la construction d'une unité religieuse et une certaine prospérité économique. Par ailleurs, des découvertes géographiques (les Amériques) et techniques (invention de la boussole, etc.) ainsi que les travaux de Nicolas Copernic et de Galilée bouleversent la façon dont l'homme se conçoit dans le monde : il n'est plus le centre d'un univers qui lui apparaît maintenant infini et imparfait. Pour résumer, le XVIIe siècle est une période de nombreux bouleversements qui nourrissent la production des auteurs baroques. 4 L'INSTABLE, LE MOUVEMENT, LA MÉTAMORPHOSE, L'ILLUSION L'utilisation commune du terme « baroque « pour qualifier des oeuvres littéraires est effective grâce à Jean Rousset. Ce dernier propose quatre critères principaux permettant d'associer des oeuvres à ce terme : l'instabilité, le mouvement, la métamorphose et la prédominance du décor. Selon lui, c'est à la fois la forme et le fond qu'il faut prendre en considération, chacun se répondant. Nombreuses sont les métaphores, les périphrases et les ruptures de style qui viennent renforcer le caractère imaginatif et surprenant du récit. Les mots et leur enchaînement sont aussi importants que ce qui est raconté. Cela permet de créer une féérie pour surprendre et étonner le lecteur, ainsi que le recommande Giambattista Marino, le « Cavalier Marin «, car « [...] qui ne sait étonner, mérite l'étrille «. Suivant ce principe, Savinien de Cyrano de Bergerac, en contant les États et Empires de la Lune (1657) et les États et Empires du Soleil (1662), fait montre de facétie, de frivolité et d'une grande inventivité, par exemple en faisant du nez un cadran solaire. Par ailleurs, le principe d'irréalité, de l'apparence et de la théâtralité, émaille une grande part de la production littéraire baroque. Cyrano de Bergerac instille un subtil jeu entre la fiction et la réalité, dans sa pièce le Pédant joué, dans laquelle un de ses personnages s'exprime en ces termes : « j'auroi desja fait un crible du ventre de ce coquin, mais j'ay la crainte de faillir contre les regles de la comédie, si j'ensanglantois la scène «. De William Shakespeare, dans le Songe d'une nuit d'été (1595), à Pierre Corneille avec sa pièce l'Illusion comique (1689), les dramaturges brouillent davantage les frontières entre le jeu théâtral et la réalité, invitant le spectateur à s'interroger sur cette dernière. 5 LA CONTEMPLATION DU DÉSORDRE ET DE L'INCONSTANCE DU MONDE Selon l'esthétique baroque, la vie est en effet un théâtre d'apparences où le bonheur est éphémère, l'attachement au monde est une vanité et la hantise de la mort omniprésente. Ces trois thèmes réunissent une bonne part des préoccupations des poètes dits baroques. Jean-Baptiste Chassignet (1571-1635, dont l'oeuvre a été exhumée au milieu du XXe siècle), fait le contrepoint de la frivolité et rappelle à longueur de poème que la vie est quelque chose de fragile car la mort est omniprésente. Dans le sonnet XLIV de son oeuvre le Mépris de la vie et Consolation de la mort (constitué de 434 sonnets et datant de 1594), il précise que « Notre vivre n'est rien qu'une éternelle mort [...] « et termine par cette phrase sans appel : « Bref, la mort et la vie en tout temps est semblable «. De même, Jean de Sponde dans Quelques poèmes chrétiens (1588) avertit : « Mais si faut-il mourir, et la vie orgueilleuse, Qui brave la mort, sentira les fureurs, [...] «. Les guerres de Religion pas si lointaines sont certainement le ferment de cette vision sombre. Agrippa d'Aubigné, dans les Tragiques, narre justement cette période dans toute sa noirceur et se fait le porte-parole de la fragilité de l'existence, rappelant qu'il n'y a pas d'abri sur cette terre et clamant dans le Livre I des Tragiques que : « Tout logis est exil ; les villages champêtres, Sans portes et sans planchers, sans portes et fenêtres, Font une mine affreuse, ainsi que le corps mort Montre, en montrant les os, que quelqu'un lui fait tort. « Très mystique, Jean-Baptiste Chassignet fait souvent preuve d'un fort réalisme, et notamment lorsqu'il décrit les aspects physiques de la mort. Dans son sonnet CXXV, il décrit par exemple un corps en décomposition : « Icy l'une des mains tombe de pourriture, ... Puis connoissant l'estat de ta fragilité, Fonde en Dieu seulement, estimant vanité Tout ce qui ne te rend plus savant et plus sage. « Comme le rappelle l'universitaire Jean-Pierre Chauveau dans Lire le baroque (1997), il est de ceux, avec Agrippa d'Aubigné, Jean de Sponde et quelques autres poètes catholiques ou protestants, pour qui « l'affirmation de la foi et de l'espérance pass[e] d'abord par la contemplation angoissée du désordre et de l'inconstance du monde. « Par ce biais morbide, Jean-Baptiste Chassignet invite le lecteur à méditer sur la vanité de l'existence et lui recommande de s'en remettre à Dieu. Si le poète baroque propose au lecteur de penser ou de croire, il se pose aussi parfois en médiateur de la vérité. Pour cela, il se veut à l'occasion « enseignant «, en amenant le lecteur à apprendre, et souvent directif. Cependant, pour certains, la finalité première est d'émouvoir, en utilisant tous les moyens, qu'ils soient narratifs ou stylistiques, comme Agrippa d'Aubigné l'explicite dans la préface des Tragiques en écrivant : « Nous sommes ennuyés des lignes qui enseignent, donnez-nous en pour émouvoir [...] «. 6 LE BAROQUE EN EUROPE En Espagne, le baroque commence dans le dernier tiers du XVIe siècle avec la Contre-Réforme. Pedro Calderón de la Barca avec notamment sa pièce La vie est un songe et Lope de Vega, en sont les deux figures principales. Par ailleurs, deux « écoles « se distinguent. L'une d'elles fait primer les phrases amples et souples, privilégiant la forme au fond, comme Luis de Góngora y Argote, avec son style foisonnant. L'autre propose un style plus concis et ramassé. Mais les deux courants se retrouvent sur le goût du jeu de mots et sur l'originalité de la langue employée. En Allemagne on distingue trois grands thèmes : la culture de la vertu, le défi de la mort et l'importance de l'amour comme remède à la mort. L'homme baroque « se redresse au milieu des ruines et brave l'univers «, comme l'écrit Andreas Gryphius (1616-1664). L'individualité est fortement mise en avant et l'homme doit s'affirmer et être conscient de sa valeur. En Italie, qui est la patrie de l'art baroque, un foisonnement d'oeuvres de toutes sortes voit le jour. C'est le roman « baroque « qui fait son apparition tandis que les tragédies, sous l'influence d'un sentiment religieux plus fort, remplacent peu à peu la comédie. En matière poétique, l'extravagance et le merveilleux sont de mise. Giambattista Marino, dont l'oeuvre a inspiré de nombreux disciples, en est le principal représentant. Le terme de « marinisme « a même été créé pour désigner un style littéraire empreint de préciosité, qu'ont utilisé d'autres poètes italiens. Outre Manche, William Shakespeare à travers nombre de ses pièces, où il dépeint tantôt l'irréalité, l'artifice ou l'instabilité du monde, est une figure importante du baroque anglais au théâtre. En matière poétique, le prédicateur John Donne écrit des textes à l'opposé de l'émotion tant demandée par Agrippa d'Aubigné, mettant en avant un style sec et rigoureux et devient le chef de file de la poésie dite métaphysique. 7 LÉGÈRETÉ ET GRAVITÉ C'est à travers des poésies amoureuses ou officielles, tragédies, tragi-comédies ou romans comiques, comme l'oeuvre éponyme de Paul Scarron (le Roman comique, 1651-1657) ou précieux, tel l'Astrée (1607) d'Honoré d'Urfé que s'exprime le mélange de légèreté et de gravité qui caractérise la littérature baroque. Les formes employées sont donc nombreuses, souvent nouvelles (le roman). Il faut pour les uns ruser et séduire, afin d'apporter de l'amusement. Pour les autres, il s'agit de marquer les esprits sur les vanités de ce monde où la vie est brève et dont la religion est la seule échappatoire possible. Ce qui les réunit, c'est l'importance accordée à la sonorité des mots qu'il s'agit de faire jouer entre eux pour donner un résonnement particulier. Tiraillé entre son désir d'oublier les horreurs de son époque, l'émerveillement face aux découvertes scientifiques et techniques et la nécessité de faire face à la dure réalité qu'il affronte, l'auteur baroque nous montre un univers où tout est mouvement, métamorphose et inconstance (dont le mythe de Protée est l'exemple parfait de par sa capacité à changer d'aspect), mais également provisoire, tragique et définitif comme la mort dont il acquiert une conscience aiguë. Microsoft ® Encarta ® 2009. © 1993-2008 Microsoft Corporation. Tous droits réservés.

« Tout ce qui ne te rend plus savant et plus sage.

» Comme le rappelle l’universitaire Jean-Pierre Chauveau dans Lire le baroque (1997), il est de ceux, avec Agrippa d’Aubigné, Jean de Sponde et quelques autres poètes catholiques ou protestants, pour qui « l’affirmation de la foi et de l’espérance pass[e] d’abord par la contemplation angoissée du désordre et de l’inconstance du monde.

» Par ce biais morbide, Jean-Baptiste Chassignet invite le lecteur à méditer sur la vanité de l’existence et lui recommande de s’en remettre à Dieu.

Si le poète baroque propose au lecteur de penser ou de croire, il se pose aussi parfois en médiateur de la vérité.

Pour cela, il se veut à l’occasion « enseignant », en amenant le lecteur à apprendre, et souvent directif.

Cependant, pour certains, la finalité première est d’émouvoir, en utilisant tous les moyens, qu’ils soient narratifs ou stylistiques, comme Agrippa d’Aubigné l’explicite dans la préface des Tragiques en écrivant : « Nous sommes ennuyés des lignes qui enseignent, donnez-nous en pour émouvoir […] ». 6 LE BAROQUE EN EUROPE En Espagne, le baroque commence dans le dernier tiers du XVIe siècle avec la Contre-Réforme. Pedro Calderón de la Barca avec notamment sa pièce La vie est un songe et Lope de Vega, en sont les deux figures principales.

Par ailleurs, deux « écoles » se distinguent.

L’une d’elles fait primer les phrases amples et souples, privilégiant la forme au fond, comme Luis de Góngora y Argote, avec son style foisonnant.

L’autre propose un style plus concis et ramassé.

Mais les deux courants se retrouvent sur le goût du jeu de mots et sur l’originalité de la langue employée. En Allemagne on distingue trois grands thèmes : la culture de la vertu, le défi de la mort et l’importance de l’amour comme remède à la mort.

L’homme baroque « se redresse au milieu des ruines et brave l’univers », comme l’écrit Andreas Gryphius (1616-1664).

L’individualité est fortement mise en avant et l’homme doit s’affirmer et être conscient de sa valeur. En Italie, qui est la patrie de l’art baroque, un foisonnement d’œuvres de toutes sortes voit le jour.

C’est le roman « baroque » qui fait son apparition tandis que les tragédies, sous l’influence d’un sentiment religieux plus fort, remplacent peu à peu la comédie.

En matière poétique, l’extravagance et le merveilleux sont de mise.

Giambattista Marino, dont l’œuvre a inspiré de nombreux disciples, en est le principal représentant.

Le terme de « marinisme » a même été créé pour désigner un style littéraire empreint de préciosité, qu’ont utilisé d’autres poètes italiens. Outre Manche, William Shakespeare à travers nombre de ses pièces, où il dépeint tantôt l’irréalité, l’artifice ou l’instabilité du monde, est une figure importante du baroque anglais au théâtre.

En matière poétique, le prédicateur John Donne écrit des textes à l’opposé de l’émotion tant demandée par Agrippa d’Aubigné, mettant en avant un style sec et rigoureux et devient le chef de file de la poésie dite métaphysique. 7 LÉGÈRETÉ ET GRAVITÉ C’est à travers des poésies amoureuses ou officielles, tragédies, tragi-comédies ou romans comiques, comme l’œuvre éponyme de Paul Scarron ( le Roman comique, 1651-1657) ou précieux, tel l'Astrée (1607) d’Honoré d’Urfé que s’exprime le mélange de légèreté et de gravité qui caractérise la littérature baroque.

Les formes employées sont donc nombreuses, souvent nouvelles (le roman).

Il faut pour les uns ruser et séduire, afin d’apporter de l’amusement.

Pour les autres, il s’agit de marquer les esprits sur les vanités de ce monde où la vie est brève et dont la religion est la seule échappatoire possible.

Ce qui les réunit, c’est l’importance accordée à la sonorité des mots qu’il s’agit de faire jouer entre eux pour donner un résonnement particulier.

Tiraillé entre son désir d’oublier les horreurs de son époque, l’émerveillement face aux découvertes scientifiques et techniques et la nécessité de faire face à la dure réalité qu’il affronte, l’auteur baroque nous montre un univers où tout est mouvement, métamorphose et inconstance (dont le mythe de Protée est l’exemple parfait de par sa capacité à changer d’aspect), mais également provisoire, tragique et définitif comme la mort dont il acquiert une conscience aiguë. Microsoft ® Encarta ® 2009. © 1993-2008 Microsoft Corporation.

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