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Baruch SPINOZA ET LE LIBRE DECRET DE LA RAISON

Publié le 10/04/2005

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spinoza
Pour ma part, je dis que cette chose est libre qui existe et agit par la seule nécessité de sa nature, et contrainte cette chose qui est déterminée par une autre à exister et à agir selon une modalité précise et déterminée. Dieu, par exemple, existe librement (quoique nécessairement) parce qu'il existe par la seule nécessité de sa nature. De même encore, Dieu connaît soi-même et toutes choses en toute liberté, parce qu'il découle de la seule nécessité de sa nature qu'il comprenne toutes choses. Vous voyez donc que je ne situe pas la liberté dans un libre décret, mais dans une libre nécessité. Baruch SPINOZA
spinoza

« ses lecteurs à se séparer de l'illusion du libre arbitre.

Ici, dans la lettre à Schuller, il s'agit d'un simple rappel deposition, d'un simple rappel de doctrine.

Et l'on peut d'ailleurs, sans beaucoup se tromper, supposer que Schullerconnaît bien cette doctrine, qu'il a lu des textes de Spinoza (même si certains, comme le Traité théologico-politique,sont parus anonymement), ou peut-être même qu'il a reçu de Spinoza des « bonnes pages » de l'Ethique (qui estcertes une oeuvre posthume, mais à laquelle Spinoza travaille depuis 1661, et qu'il a fait lire — tout au moins,partiellement — à certains de ses amis).D'où l'aspect si resserré du texte, si condensé et abstrait.

Mais on ne peut manquer de rappeler ici, pour le moinsl'appendice à la partie I de l'Ethique où Spinoza dénonce l'illusion finaliste et la croyance au libre arbitre.

« Leshommes se croient libres [parce qu'ils] ignorent les causes qui les disposent à désirer et à vouloir.

» 2.

La notion de liberté, comme autonomie, c'est-à-dire nécessité interne (« nécessité de sa nature ») est l'occasionpour Spinoza d'aborder la notion de Dieu.Car on devine l'objection possible que le lecteur (en l'occurrence G.

H.

Schuller) peut se faire — et faire à Spinoza.A peu près de la manière suivante : acceptons la définition d'une chose comme libre si elle existe « par la seulenécessité de sa nature ».

Mais accepter cette définition,ce n'est pas reconnaître qu'une telle chose libre soit.

Il n'ya peut-être nulle part une telle chose « qui existe et agisse par la seule nécessité de sa nature ».Comme s'il pressentait cette objection, Spinoza « présente » cette chose libre : Dieu.

En rappelant sa définition,comme on la trouve, par exemple, dans l'Éthique : « Il existe nécessairement ; il est unique ; il est et il agit par laseule nécessité de sa nature » (appendice à la partie I) ou encore dans la proposition 17 (où joue la distinctiond'avec la contrainte) : « Dieu agit d'après les seules lois de sa nature et sans être contraint par personne.

»Et Spinoza redouble (« de même encore ») son exposé.

Tout d'abord, Dieu existe librement ; ensuite, Dieu connaîtlibrement, en rendant identique l'essence de l'Être (l'existence de Dieu) et la connaissance absolue (la connaissancequi est celle de Dieu).Sans avoir à développer la relation entre essence et connaissance, ce qu'il est important de voir ici, c'est que, àchaque fois, Spinoza pose l'identité de la liberté et de la nécessité.

Est libre Dieu, qui, comme « causa sui », commesa propre cause, est nécessaire de lui-même.

Est connaissance libre, c'est-à-dire absolue et non relative, laconnaissance nécessaire.

A tel point que Spinoza va jusqu'à rapprocher les deux termes en parlant de « librenécessité ».

Notion de nécessité qui s'applique à Dieu (Dieu est auto-nécessité, comme « cause de lui-même ») etqui s'oppose à la fantaisie d'un « décret » dont il serait peut-être l'auteur, mais dont il n'aurait à rendre compte qu'àlui-même.

Intérêt du texte L'intérêt du texte consiste dans la reprise, par Spinoza, sous une forme très condensée, de notions exposées dansla première partie de l'Ethique (intitulée « De Dieu »).Cette notion de liberté est reprise et définie dans l'Ethique de la façon suivante : « Est dite libre la chose qui existed'après la seule nécessité de sa nature et est déterminée par soi seule à agir.

» De même la notion de Dieu : « Dieu,autrement dit une substance constituée par une infinité d'attributs, dont chacun exprime une essence éternelle etinfinie, existe nécessairement.

»Le texte, extrêmement dépouillé, de la lettre, rapproche également fortement les notions de Dieu, de liberté et denécessité, et montre clairement que la liberté, associée à la nécessité, s'oppose seulement à la contrainte.

On voitcomment le souci de définitions justes permet la construction rigoureuse d'un système dans lequel chaque définitionrenvoie « nécessairement » à l'ensemble des autres définitions. Mise en question La rigueur de Spinoza, dans l'enchaînement des notions, ne peut être mise en question.

Le système est construit entoute logique.

Donc le système, en tant que tel, est formellement parfait.Ce sur quoi il est cependant possible de s'interroger, ce sont les définitions elles-mêmes.

On en connaît lesdifficultés.

Le Dieu de Spinoza est identique à la Nature.

La liberté est identique à la nécessité.La vraie question est celle du projet de Spinoza : unifier ce qui avait été distingué par Descartes, abolir la croyanceen l'existence de deux substances pour la remplacer parl'idée d'une substance unique (Dieu, ou la Nature).

Rendrepossible la construction d'une cité juste, où l'homme libre et rationnel puisse atteindre, en s'étant débarrassé dessuperstitions, mais en accomplissant son désir, la félicité de laperfection. Conclusion Dans ce texte, Spinoza associe Dieu, la liberté et la nécessité et montre que la liberté s'oppose à la contrainte.Cette identification de la liberté et de la liberté n'a de sens que dans le système spinoziste.. »

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