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Le beau conduit-il au bien ?

Publié le 23/02/2004

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Les beautés sensibles ne sont telles que par participation à l'Idée, présente à un degré plus élevé dans les beautés intelligibles. Il n'y a pas d'autonomie de la beauté par rapport à la vérité (le beau est la splendeur du vrai) ni par rapport à l'Être (l'unité qui fait la beauté est aussi ce qui structure les êtres).   [Le beau et le bien sont des normes qui appartiennent à deux domaines distincts de la connaissance: l'esthétique et la morale. Il n'y a pas de lien entre elles.] Beau et bien appartiennent à deux ordres différents Le jugement esthétique est affaire de sentiment. Est beau ce que l'on ressent comme tel. La beauté d'une chose, d'une oeuvre d'art, se sent, mais elle ne peut être démontrée. Pour la même raison, la beauté est relative, car la conception du beau peut différer selon les personnes ou les époques. Le bien, en revanche, ressortit au jugement moral et donc à la raison. Il est aussi une norme absolue: le bien est ce qui est bon pour tous.

Pour les grecs, le beau n'est qu'une forme du bien. Le beau est une invitation au Bien en soi (Platon). Mais, le beau et le bien appartiennent à deux ordres différents. Le beau relève de l'esthétisme et le bien de la morale.

« que l'être extérieur de la maison, si on fait abstraction des pierres, n'est que l'idée intérieure, manifestantdans la multiplicité son être indivisible ».

La beauté c'est la présence de l'Idée.

L'influence de Platon est iciéclatante.

Les questions que se pose Plotin au début de son traité (« Qu'est-ce qui fait que la vue sereprésente la beauté dans le corps ? ...

Pourquoi tout ce qui se rattache immédiatement à l'âme est-il beau ?Est-ce d'une seule et même beauté que toutes les choses belles sont belles ou bien y a-t-il une beautédifférente dans les corps et dans les autres êtres ? Et que sont ces beautés ou bien qu'est cette beauté ? »)sont les questions mêmes que posait Platon dans Hippias majeur.

Les solutions de Plotin s'inspirentdirectement de ce que dit Platon dans le Banquet et dans le Phèdre.

L'enseignement fondamental de Platonc'est que la beauté sensible vient de la participation à une idée, que l'âme reconnaît et aime cette beautéparce qu'elle se souvient des idées.

Dans le Phèdre, Platon raconte que chaque âme humaine est comme uncocher qui conduit deux chevaux, l'un doux et docile, l'autre brutal et insoumis.

Jadis, dans le ciel, les âmesont suivi le cortège des dieux et ont pu contempler par instants, malgré la turbulence du mauvais cheval, leséjour lumineux des pures essences : la justice en soi, la science parfaite.

Entraînées par le mauvais cheval,les âmes retombent sur la terre et entrent dans la prison d'un corps. Pourtant elles gardent un souvenir obscur du monde des idées et conservent le pouvoir de saisir desconcepts, de s'élever de la multiplicité des sensations à l'unité rationnelle de l'idée générale.

C'est le spectaclede la beauté sensible, sur cette terre qui est le plus propre, selon Platon à réveiller les âmes, à leur restituerle souvenir de la beauté absolue à laquelle elles ont été initiées avant leur incarnation. Toute chose privée de forme reste laide.

Il n'y a de beauté que par la présence d'une idée dans la matière.Mais cette présence est maintenant traduite en termes aristotéliciens.

Le concept platonicien de participationest ici remplacé par le concept aristotélicien d'information.

Comme l'écrit très pertinemment Émile Bréhier, « laparticipation équivaut à l'information de la matière par la forme ; et c'est là le langage non plus de Platon maisd'Aristote, par lequel Plotin, dans toute cette partie, est visiblement séduit comme dans tous les cas où unnéoplatonicien a à traiter des choses sensibles ». L'absolue laideur L'absolue laideur c'est la privation de forme.

Pas plus qu'il n'y a pour Plotin une positivité du mal, il n'y aaucune positivité de la laideur.

La notion de valeur négative, la notion de « grandeur négative » que Kant en1763 proposera à la réflexion des philosophes est absente dans l'optimisme mystique de Plotin.

Gardons-nousde voir dans la distinction plotinienne de l'au-delà et de l'ici bas un dualisme d'essence gnostique,manichéenne.

Plotin lui-même a tenu à écrire un traité contre les sectes gnostiques.

Il n'y a pas pour lui unmonde du mal rival du monde du bien, le mal n'est pas chez Plotin une substance positive, qui serait dans sonordre propre, en lutte avec le bien : « Le mal n'est que l'amoindrissement de la sagesse et une diminutionprogressive et continuelle du bien », le mal n'est pas une substance originale il n'est recherché par sesadeptes que pour le reflet du bien qui brille encore faiblement en lui.

N'oublions pas que c'est la lecture dePlotin qui arrachera un jour le jeune Augustin à ses illusions dualistes manichéennes.La laideur que d'autres décrivent comme une essence positive (tout récemment François Mauriac disait dansses Mémoires intérieurs, d'une de ses grands-mères qu'elle gardait dans sa vieillesse des restes éclatants delaideur!) n'est qu'une absence de beauté, qu'un raté de la beauté.

La laideur ne se définit qu'à partir de labeauté dont elle est l'obscurcissement, dont elle représente le point extrême d'éparpillement, de dégradationoù la « diffusion » de l'Un s'anéantit.

Là où toute beauté a disparu — c'est-à-dire là où l'Un cesse de faire sonoeuvre — c'est l'être même qui est anéanti.

Parce qu'il n'y a d'être que par l'un, parce que la beauté c'estl'unification même rendue sensible aux yeux, la laideur n'est qu'unification incomplète, être amoindri.

Sil'absolue laideur est la privation de toute raison et de toute forme, l'absolue laideur, c'est le néant. L'idée ordonne en les combinant les parties multiplesOn trouvait déjà chez les Stoïciens l'affirmation que la beauté est harmonie et symétrie.

Plotin au début deson traité du beau, rappelle que « la beauté visible est une symétrie des parties les unes par rapport auxautres et par rapport à l'ensemble ».

Mais la doctrine stoïcienne est insuffisante car elle ne semble pasreconnaître dans les divers ordres de beauté la hiérarchie ascendante que Platon, lui, ajustement affirmée.

Lasymétrie toute seule ne fait pas la beauté (quelle symétrie dans la beauté de l'éclair qui brusquementtransperce la nuit ?).

Ce qui fait la beauté c'est la présence de l'idée, et c'est cette idée transcendante quidonne leur beauté aux êtres composés en leur imposant son unité. L'être informé par l'idée doit être un, autant qu'une chose composée de plusieurs parties peut l'être.

L'Un estpour Plotin la réalité suprême, le véritable Dieu.

L'Un n'est point l'Etre mais plutôt la source ineffable de toutl'Être.

Il est toutes choses et il n'est aucune de ces choses.

Il est ce dont toute existence, toute vie, toutevaleur émane mais lui-même est tel qu'on n'en peut rien affirmer, ni la vie, ni l'essence, mais il est supérieur àtout et source absolue de tout.

L'Un est ce par quoi tous les êtres sont (à des degrés divers de plénitudeontologique et par là même de beauté).

« Il y a santé lorsqu'il y a unité de coordination dans le corps, beautélorsque l'unité tient unies les parties, vertu dans l'âme lorsque l'union de ses parties va jusqu'à l'unité et àl'accord.

» De chaque être on peut dire que « moins il est moins il a d'unité, plus il est plus il a d'unité », lesdegrés de beauté, parce qu'ils sont des degrés dans la réalisation de l'unité mesurent en même temps le degréde plénitude ontologique. c) Conclusion. »

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