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Le beau n'est-il que l'objet d'une perception ?

Publié le 25/10/2005

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perception

Le beau ne relève-t-il pas d'une autre description et d'une autre analyse ? B. Le Beau, objet d'une contemplation désintéressée. Quelle naïveté, en effet, que de vouloir faire de l'objet esthétique et du Beau des qualités ou des notions s'attachant au réel ! Le Beau n'est pas, à proprement parler, réel ; il se donne, apparemment, à moi, au sein d'une perception, dans le monde des apparences sensibles et des formes empiriques. Mais on ne saurait dire qu'il s'agisse véritablement d'une « perception du Beau «. Il y a là une impropriété de langage. Un exemple simple va nous le faire saisir. Soit le tableau de Claude Monet, Les Coquelicots (1873) : dans le champ de blé et dans l'herbe, la vive percée des fleurs. Mais le Beau que j'appréhende ici est-il, au sens strict du terme, « perçu « ? Certes, le tableau peut m'inciter (très faiblement) à une pratique, à une conduite : l'abandon du travail et le repos au sein de la nature.

• Définitions des termes. • Beau : concept normatif fondamental de l'esthétique et s'appliquant au jugement d'appréciation sur les choses ou les êtres provoquant le sentiment esthétique. • N'est-il que : noter bien la formule restrictive. • Objet (latin objectum, de objicere, jeter devant) : ce qui constitue la base d'une expérience possible ; - ce qui se présente à quelque fonction de connaissance, intellectuelle ou sensible ; - « ce qui est pensé ou représenté, en tant qu'on le distingue de l'acte par lequel il est pensé « (Dictionnaire Lalande) ; • Perception : c'est le terme important de l'intitulé. Fonction par laquelle l'esprit se forme une représentation des objets extérieurs ; représentation des choses situées dans l'espace à travers de simples impressions sensibles.

• Le sens du sujet est le suivant : l'objet du jugement esthétique, ce qui provoque une émotion esthétique, se présente-t-il seulement à la fonction par laquelle l'esprit se forme une représentation des réalités extérieures ?

 

perception

« B.

Le Beau, objet d'une contemplation désintéressée. Quelle naïveté, en effet, que de vouloir faire de l'objet esthétique et du Beau des qualités ou des notionss'attachant au réel ! Le Beau n'est pas, à proprement parler, réel ; il se donne, apparemment, à moi, au seind'une perception, dans le monde des apparences sensibles et des formes empiriques.

Mais on ne saurait direqu'il s'agisse véritablement d'une « perception du Beau ».

Il y a là une impropriété de langage.

Un exemplesimple va nous le faire saisir.

Soit le tableau de Claude Monet, Les Coquelicots (1873) : dans le champ de blé et dans l'herbe, la vive percée des fleurs.

Mais le Beau que j'appréhende ici est-il, au sens strict du terme, «perçu » ? Certes, le tableau peut m'inciter (très faiblement) à une pratique, à une conduite : l'abandon dutravail et le repos au sein de la nature.

Ce comportement serait la suite logique d'une perception pure.

Qui dit,en effet, perception dit pratique utilitaire.

S'il n'est pas exclu que le tableau de Monet puisse (par instants) mesuggérer cet abandon, en vérité, au moment où je saisis le tableau comme objet se rapportant au Beau, ma contemplation se fait désintéressée.

Elle s'arrache à toute pratique et je flotte sans percevoir à proprement parler.

Ce ne sont d'ailleurs pas les détails du tableau ou ses « morceaux » que je perçois.

Stricto sensu, je ne perçois plus rien : qui dit percevoir sous-entend que je reste fixé dans l'objet existant.

Or, ce n'est pas unjugement d'existence qui est, du point de vue esthétique, mien.

Ce qui s'offre à moi est rigoureusement déréalisé.

D'ailleurs, quand nous sortons d'un musée ou d'une séance de cinéma, nous éprouvons très souventun curieux sentiment quand nous nous retrouvons dans la rue.

A ce moment là, nous faisons retour à ce quiexiste objectivement et s'offre à nous dans la perception.

Au contraire, ma vision esthétique, mon mouvementintentionnel vers le Beau ne correspondent qu'à un intense détachement : je suis arraché à moi-même, au réel,à l'univers quotidien de la perception.

Je suis littéralement envoûté.

Il est indifférent pour moi que l'objet beau soit ou non pourvu d'existence.

Le Beau n'est pas perçu, il n'est pas donné dans la perception : c 'est un irréel.

La saisie du Beau, loin d'être perceptive, n'est pas liée à la représentation de l'existence d'une chose, à la perception.

Le Beau est la visée d'une conscience imaginante. On pourrait faire la même analyse à propos de tel air de musique : qu'est-ce que le Beau que j'appréhendelorsque je vais à un concert ? Faut-il y voir l'objet d'une perception réaliste ou, bien au contraire, s'attacher àl'élément d'irréalité de ce Beau ? Examinons et nous reprenons ici un exemple de Sartre - comment nousécoutons telle symphonie jouée dans telle salle de concert.

A vrai dire, le Beau que nous saisissons n'estmême pas perçu, aussi paradoxal que cela puisse paraître.

Remarquons la dimension quasi intemporelle denotre « audition ».

La symphonie de BEETHOVEN ou de MOZART que nous écoutons ne constitue pas un événement empirique à proprement parler.

La succession musicale qui m'est donnée ne forme pas unesuccession réelle se donnant dans un temps réel.

Une perfection, une harmonie - « le Beau » - se présentent à moi, absolument hors de ma portée.

Le Beau, loin d'être donné dans une perception, existe, hors du temps et de l'espace, hors du réel, hors de l'existence.

Il n'est pas perçu, il n'est pas écouté réellement, mais bel et bien atteint dans une autre sphère.

Je ne perçois pas le beau, il se donne à mon imagination déréalisantecomme SARTRE l'a si bien montré à la fin de son essai, L'Imaginaire.

Le beau est toujours, en effet, « au-delà ».

En tant que tel, il ne désigne jamais une valeur s'attachant au réel mais une valeur que l'on peut seulementappliquer à l'imaginaire - et non point à la perception.

Nous ne pouvons simultanément nous placer sur le planesthétique - celui du Beau - et sur le plan perceptif.

Ils sont exclusifs l'un de l'autre.

Quels argumentsconfirment cette thèse selon laquelle le Beau ne se perçoit pas à proprement parler ? Il semble qu'ici encore leflottement pénible que nous éprouvons quand la perception du réel objectif succède à l'imagination esthétiquedéréalisante soit une confirmation de notre thèse.

Se retrouver dans la rue à la fin d'un concert n'est pasfacile : ceci suppose le passage de l'imaginaire à la perception.

Bien entendu, dans certains cas, ce passagese fait facilement ; mais nous pensons que cette « transition » n'est simple et évidente que pour celui qui nes'est pas vraiment « ouvert » au Beau.

Tous ne sont pas en proie à la véritable « extase esthétique », laquelleest arrachement au perçu. Ainsi la satisfaction esthétique, celle qui porte sur le Beau, étrangère au phénomène perceptif en tant quetel, constitue une satisfaction désintéressée se jouant sur le plan de l'imaginaire et se portant versVintelligible, et non point vers le perceptible.

Un dernier exemple tiré de La Nausée nous le montrera.

A la fin du livre, Antoine Roquentin écoute une musique qui le délivre et la beauté de cette musique n'a rien à voir avecl'univers de la perception, celui des choses.

La beauté de la musique, qu'est-elle sinon la négation du mondeperçu, la mise à distance du réel de la perception ? Quand Antoine Roquentin saisit cette beauté, il s'affranchit alors du monde perçu et des choses : le Beau, c'est la négation de l'univers perçu et c'est précisément pour cela que la beauté est le salut : par elle et par le Beau, Antoine Roquentin se délivre du réel et des choses.

« Sauvé », pense ROQUENTIN , lorsqu'il entend la voix dans le disque.

« La mélodie[...] elle-même est "hors de portée"[...].

Elle n'existe pas puisqu'elle n'a rien de trop, c'est tout le reste qui est de trop parrapport à elle.

» (La Nausée). Ainsi, nous savons maintenant que la saisie du Beau n'a rien à voir avec une expérience perceptive.

Elle estappréhension d'un intelligible.

Loin d'être perception, elle est imagination pure et, en même temps,effervescence de l'émotion.

Cette seconde approche n'est-elle pas infiniment plus riche que la première ? Ilsemble qu'elle rende mieux compte du caractère désintéressé de la saisie du Beau.Néanmoins, si le Beau est bien davantage que l'objet d'une perception, il nous reste à tenter de comprendrel'expérience métaphysique du Beau.

Qu'est-ce que l'idée de Beau ? Si l'idée de Beau ne saurait être l'objetd'une perception, il nous faut saisir l'épreuve humaine du Beau en sa signification la plus pure. C.

Le Beau est une Idée qui ne saurait en aucun cas être l'objet d'une perception.

L'expériencemétaphysique du Beau. Comment le Beau pourrait-il, en effet, n'être que l'objet d'une perception, c'est-à-dire désigner le contenud'une simple représentation sensible ? Il faudrait alors le réduire à une appréciation et à une norme liées à la. »

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