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Bénin

Publié le 10/04/2013

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1 PRÉSENTATION

Bénin, pays d’Afrique occidentale, situé sur le golfe de Guinée. Sa capitale officielle est Porto-Novo, mais sa capitale de fait, politique et économique, est Cotonou.

Le Bénin est bordé au nord par le Burkina et par le Niger, à l’est par le Nigeria et à l’ouest par le Togo.

Protectorat en 1894, puis colonie française du Dahomey, le Bénin a accédé à l’indépendance complète en 1960, sous la dénomination de république du Dahomey, avant de prendre son nom actuel en 1975.

2 LE PAYS ET SES RESSOURCES
2.1 Relief et hydrographie

Le pays couvre une superficie de 112 622 km² ; il s’étend sur 670 km, du fleuve Niger à la côte atlantique, longue de 121 km. La côte du Bénin est constituée d’une série de cordons littoraux battus par d’importantes déferlantes et ne possédant pas de port naturel. Cette bande sablonneuse de quelques centaines de mètres de largeur, couverte de cocotiers, est immédiatement suivie d’un ensemble de lagunes peu profondes communiquant souvent entre elles, qui ne sont reliées à la mer que par un mince chenal assez fréquemment ensablé à la hauteur de Cotonou. Entre les lagunes et les premiers reliefs s’étendent la terre de barre (de barro, argile en portugais), plaine fertile et très cultivée, une dépression marécageuse d’argile noire inondée durant la saison des pluies et difficile à mettre en valeur ainsi qu’une autre région très cultivée, correspondant à l’ancien royaume du Dahomey. Le reste du pays est à peine plus élevé (200 à 400 m) et les sols sont pauvres et latéritiques. La frontière septentrionale est constituée d’un plateau de 488 m d’altitude moyenne, au sol rocailleux et stérile. Au nord-ouest, le massif de l’Atakora, orienté au nord-est ne dépasse guère 800 m.

Le fleuve Ouémé et ses affluents traversent le sud du Bénin et se jettent dans le lac Nokoué (lagune de Cotonou ouverte sur la mer) ; le Kouffo alimente le lac Ahémé avant de se jeter dans le système lagunaire ; le Mono marque partiellement la frontière avec le Togo, irriguant le sud-ouest du pays. Au nord, les rivières les plus importantes sont le Niger, dont une partie sépare le Bénin du Niger, et ses affluents, le Sota, la Mékrou et l’Alibori.

2.2 Climat

Le climat du Bénin varie d’un type équatorial de transition au sud à un type tropical de plus en plus sec au nord. Au sud, la moyenne pluviométrique annuelle diminue de Porto-Novo (1 200 mm) à Grand-Popo (820 mm). Deux saisons des pluies se succèdent au cours de l’année, l’une entre mars et juillet ; l’autre entre septembre et novembre. La température mensuelle moyenne varie de 20 °C à 34 °C. Au fur et à mesure que l’on progresse vers le nord, le climat sahélien, caractérisé par une longue saison sèche et une seule saison des pluies, de mai à septembre, est de plus en plus marqué. Les températures y sont élevées et les précipitations plus faibles (890 mm sauf sur le massif de l’Atakora qui reçoit 1 300 mm à Natitingou).

2.3 Faune et flore

Une forêt tropicale humide, très dense, recouvrait autrefois le pays jusqu’aux lagunes. La région méridionale a été largement déboisée et mise en culture, sauf aux abords des fleuves (forêts-galeries) ; les palmiers à huile constituent aujourd’hui de grandes plantations. Des cocotiers ont été plantés entre mer et lagunes. Le centre du Bénin est en grande partie recouvert d’une forêt sèche, quelques forêts plus anciennes subsistant. La savane arborée et les forêts-galeries dominent dans le Nord, au climat plus sec. Buffles, antilopes, panthères, singes, crocodiles et canards sauvages font partie de la faune du Bénin.

2.4 Ressources naturelles

Les ressources minières comprennent le minerai de fer, le chrome, le diamant, le calcaire et des phosphates, mais seuls le calcaire et le diamant font l’objet d’une exploitation importante. Le petit champ pétrolifère de Sémé, au large de Cotonou, a été mis en exploitation en 1982.

3 POPULATION ET SOCIÉTÉ
3.1 Démographie

Le Bénin compte environ 8,29 millions d’habitants, selon les estimations officielles de 2008, avec un taux de croissance annuel de 3,4 p. 100. La densité moyenne globale est de 75 habitants au km2, elle est cependant trois fois supérieure au sud, où sont concentrés les trois quarts de la population. Seulement 46 p. 100 des habitants habitent les villes. En 2008, l’espérance de vie était de 53,9 ans.

Les Fon et les Adja, communautés très apparentées, constituent les groupes les plus importants au sud du pays. Les Baribas et les Somba sont les plus nombreux au nord du pays. Les Yoruba, qui regroupent 1/10 de la population, prédominent au sud-est. À d’autres petits groupes côtiers comme les Mina et les Pla, il convient d’ajouter les « Brésiliens «, portant des noms portugais, anciens esclaves revenus du Brésil à la fin du xixe siècle.

3.2 Villes principales

Cotonou, capitale politique, centre d’affaires et port principal, compte davantage d’habitants (828 000 habitants en 2003, selon les estimations) que Porto-Novo, capitale administrative officielle (238 000 habitants en 2003, selon les estimations). Parakou (144 627 habitants), Abomey (55 000 habitants) et Natitingou (population estimée à 50 800 habitants en 1979) sont les autres villes importantes du Bénin.

3.3 Langues et religions

Le français est la langue officielle du Bénin, mais les Béninois parlent la langue de leur communauté (fon, haoussa, yoruba), celles de leurs voisins immédiats et les langues des commerçants.

Plus de la moitié de la population est animiste et pratique un vaudou marqué de fortes tendances syncrétiques avec le christianisme. Le vaudou est devenu la religion d’État au début de l’année 1996. Les chrétiens, catholiques et protestants représentent 20 p. 100 de la population et vivent surtout dans le Sud, 15 p. 100 de la population sont des musulmans, surtout dans le Nord.

3.4 Éducation

Le taux d’alphabétisation était de 43,2 p. 100 en 2005, seuls 22 p. 100 des enfants de douze à dix-sept ans étant scolarisés. Une dizaine de milliers d’étudiants suivent des cours d’enseignement supérieur à l’Université nationale du Bénin (fondée en 1970), à Cotonou, et dans d’autres instituts.

3.5 Culture

Le Bénin est l’héritier d’une double tradition artistique, celle des Fon du royaume du Dahomey et celle des Yoruba, dont l’influence marqua la culture de l’ancien royaume du Bénin (voir art d’Afrique noire).

La Bibliothèque nationale du Bénin se trouve à Porto-Novo, et le Musée national à Cotonou. La radio et la télévision émettent à partir de Cotonou. Dans ce pays que l’on appelle le « quartier latin de l’Afrique « (le boulevard Saint-Michel est la principale artère de Cotonou), la presse d’opinion a connu un essor important avec la libéralisation des années 1990 ; Daho-Express, détenu par le gouvernement, est l’un des quotidiens les plus lus avec un tirage d’environ 10 000 exemplaires. La littérature est bien représentée, notamment par des écrivains reconnus comme Olympe Bhêly-Quenum et Jean Pliya.

3.6 Institutions et vie politique
3.6.1 Historique

Au lendemain de son indépendance (1960), le Bénin connaît une période de forte instabilité politique où civils et militaires se succèdent au pouvoir. Le 26 octobre 1972, le commandant Mathieu Kérékou prend le pouvoir et instaure un régime d’orientation marxiste-léniniste à parti unique (le Parti de la révolution populaire du Bénin, PRPB), encadré par une Constitution adoptée en 1977.

À la fin des années 1980, alors que les régimes communistes d’Europe de l’Est s’effondrent, que la situation économique du Bénin ne cesse de se détériorer et que les manifestations en faveur de la démocratie se multiplient, le PRPB abandonne l’option marxiste-léniniste en 1989. L’année suivante, il convoque une Conférence nationale des forces vives de la Nation, qui se prononce pour un retour à la démocratie et au multipartisme et pour l’instauration d’un État de droit. Dès lors, le Bénin est cité en exemple comme modèle de démocratisation en Afrique. La Conférence nationale élabore une nouvelle Constitution et nomme un gouvernement intérimaire dirigé par Nicéphore Soglo, ancien haut responsable de la Banque mondiale, pour conduire le pays jusqu’aux élections. Le projet de Constitution, qui introduit le multipartisme, est largement approuvé par un référendum populaire de 1990.

Le pays s’enracine progressivement dans la démocratie, dans un contexte d’alternance politique qui voit se succéder à la présidence de la République Nicéphore Soglo (1991-1996), Mathieu Kérékou, élu en 1996, puis réélu en 2001 (dans le cadre d’élections contestées) et le candidat indépendant Yayi Boni, élu en 2006 à l’issue d’un scrutin qualifié de libre et démocratique par les observateurs internationaux.

3.6.2 Organisation des pouvoirs

La Constitution de 1990 instaure un régime présidentiel. Le pouvoir exécutif est exercé par le président de la République, qui est à la fois le chef de l’État et le chef du gouvernement. Le président de la République est élu au suffrage universel direct pour un mandat de cinq ans, reconductible une fois. Le pouvoir législatif est entre les mains d’une Assemblée nationale composée de 83 membres élus au suffrage universel direct pour quatre ans.

Aux termes de la Constitution de 1990, « le pouvoir judiciaire est indépendant du pouvoir législatif et du pouvoir exécutif. Il est exercé par la Cour suprême, les cours et tribunaux créés conformément à la Constitution «. Celle-ci instaure aussi une Cour constitutionnelle, qui est la plus haute juridiction de l’État. Garant des droits fondamentaux et des libertés publiques, cet organe tranche les conflits entre institutions et, totalement indépendant des pouvoirs exécutif et législatif, il peut être saisi par les simples citoyens.

3.6.3 Partis politiques

L’instauration du multipartisme s’est accompagnée de l’émergence d’une centaine de partis politiques, qui n’ont toutefois pas pour la plupart de réelle implantation. Sous la présidence de Mathieu Kérékou (1996-2006), le principal parti de la mouvance présidentielle était l’Union pour le Bénin du futur (UBF), qui dispose de 31 sièges à l’Assemblée nationale à l’issue des élections législatives de 2003. Les principaux partis d’opposition étaient la Renaissance du Bénin (RB) de Nicéphore Soglo (ancien président et maire de Cotonou), qui dispose de 15 sièges, et le Parti du renouveau démocratique (PRD) d’Adrien Houngbédji (maire de Porto-Novo), qui dispose de 11 sièges.

L’échiquier politique béninois est caractérisé par des changements d’alliances étonnants, connus sous le nom de « transhumance politique «.

4 ÉCONOMIE

L’économie du Bénin repose essentiellement sur la production de coton et sur le commerce transfrontalier (principalement informel) avec le Nigeria. Au tournant des années 2000, le pays connaît une croissance économique stable (5 p. 100 en moyenne entre 1999 et 2003), mais insuffisante pour éradiquer une pauvreté largement répandue — en 2003, le Bénin figure en 162 position (sur 177 pays) pour l’indice de développement humain établi par le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD). Pour son développement, le pays a comme objectifs d’attirer davantage les investissements étrangers, de favoriser le tourisme, de faciliter le développement de nouvelles infrastructures agro-alimentaires, de diversifier les produits agricoles et de promouvoir les nouvelles technologies de l’information et de la communication. Un programme de privatisations, amorcé en 2001 sous la pression des bailleurs de fonds, est en cours dans les domaines des télécommunications, de l’eau, de l’électricité et de l’agriculture. Le Bénin, qui a atteint en 2003 le point d’achèvement de l’initiative en faveur des pays pauvres très endettés (PPTE), a vu sa dette multilatérale annulée en septembre 2005.

4.1 Agriculture

L’agriculture, première activité économique du Bénin, contribue pour 32,2 p. 100 au PIB et emploie 49 p. 100 de la population active (estimation de 2005). De nombreux Béninois, dans les régions les plus reculées du Nord, vivent exclusivement de la culture de subsistance. Environ 90 p. 100 de la production agricole sont fournis par de petites exploitations. Maïs, manioc, sorgho, igname, mil, patate douce, arachide et haricot constituent les cultures vivrières. Les cultures d’exportation, principalement pratiquées, comprennent le palmier (huile de palme, cœurs de palmiers), le cocotier, le coton, le café, le cacao, dans le sud du pays, et l’arachide dans le Centre et le Nord. Dans les savanes du Nord pâturent de nombreux troupeaux de bovins, conduits par les Peul.

Le Bénin, comptant 2 millions d’hectares de forêts, a peu développé la sylviculture. La quasi-totalité des 4,7 millions de stères de bois coupés chaque année est utilisée comme bois de chauffe. De même, la majeure partie des 38 407 t de poissons pêchés dans les rivières, les lacs et les lagunes est destinée à la consommation intérieure. La pêche en mer est peu pratiquée par manque d’équipement.

4.2 Mines et industries

Le pétrole est la principale ressource minière du Bénin. Au début des années 2000, la production pétrolière s’élevait à 365 000 barils par an. Le calcaire de la région de Pobé entre dans la fabrication du ciment ; certains diamants industriels sont exportés. Les principales entreprises se situent dans le secteur agroalimentaire, huiles de palme et de graine de coton, bière, sucre et textile (coton) constituant les principaux produits manufacturés.

L’énergie provient principalement du Ghana, mais la baisse de production de la centrale ghanéenne d’Akosombo a touché en premier lieu le Bénin. Aussi, la Banque ouest-africaine de développement a-t-elle accordé un crédit de 130 millions de francs pour l’achat de 2 turbines à gaz destinées également au Togo. De petites centrales thermiques électriques, fonctionnant au gazole, ainsi qu’un complexe hydraulique, assurent difficilement le complément.

4.3 Échanges

L’unité monétaire est le franc CFA divisé en 100 centimes, indexé sur l’euro (voir zone franc). Le Bénin dispose de quatre banques commerciales, basées à Cotonou. La dette extérieure du pays représentait 17,5 p. 100 du PNB en 2006.

Le pays importe globalement deux fois plus (en valeur) qu’il n’exporte. Les exportations sont principalement constituées par le coton, qui représente 80 p. 100 des exportations tandis que le Bénin est le premier exportateur de coton filé de l’Afrique subsaharienne, le pétrole brut, des produits dérivés du palmier à huile, du sucre, du cacao et du coton. Il importe des vêtements et des machines. Ses principaux partenaires commerciaux sont la France, le Portugal, l’Allemagne, les États-Unis et la Thaïlande.

Le Bénin dispose d’environ 19 000 km de réseau routier, parfois difficilement praticable en saison des pluies. À partir de la grande artère qui longe la côte, des routes relient Cotonou et Porto-Novo aux villes du centre et du nord comme Natitingou et Parakou, terminus de la ligne de chemin de fer de Cotonou (environ 580 km de long). Sur la côte, le réseau ferré est connecté à celui du Togo et du Nigeria. Cotonou, le grand port du Bénin, est aussi celui du Niger, pays enclavé qui y fait transiter une grande partie de ses importations et exportations (minerai d’uranium), transportées par camions jusqu’à Parakou. L’aéroport international se trouve à Cotonou, les villes d’Abomey, de Natitingou, de Kandi et de Parakou possédant également le leur.

5 HISTOIRE
5.1 Le royaume du Dahomey

Le sud et le centre du pays suivent le destin des peuples du golfe de Guinée tandis que le nord, frontalier du Niger et du Burkina, subit celui des peuples de la savane. Selon la tradition orale, au début du xvie siècle, les Adja quittent la ville de Tado, située sur les rives du Mono, au Togo, pour s’établir à Savé et à Allada, dans le Sud. Au siècle suivant, une scission parmi les héritiers du royaume d’Allada aboutit à la formation du royaume d’Adjatché, au sud-est, et plus au nord, sous la direction d’Houegbadja (1645-1689), du royaume du Dahomey, à partir d’Abomey, qui devient la capitale du royaume. Le Dahomey devient la puissance dominante de la région, grâce à la traite des esclaves, le royaume jouant un rôle d’intermédiaire avec les comptoirs européens de la côte. En 1782, Hogbonou, la capitale du royaume d’Adjatché, est baptisée Porto-Novo par les Portugais installés dans le comptoir négrier de Ouidha.

Dans la première moitié du xixe siècle, le roi Guézo du Dahomey donne à la richesse de son royaume d’autres fondements que le commerce des esclaves, développant la culture du palmier à huile afin de répondre à la demande européenne et introduisant de nouvelles cultures d’origine américaine (maïs, tomate, arachide, tabac).

5.2 La colonisation française

En 1851, la France signe un traité commercial et d’amitié avec le chef de Porto-Novo, vassal du roi Glélé du Dahomey, qui règne de 1858 à 1889. Par les traités de 1868 et de 1878, la région de Cotonou, située entre Ouidah, comptoir portugais, et Porto-Novo, est cédée à la France. En 1883, le roi de Porto-Novo, souhaitant se protéger des visées expansionnistes du Dahomey, signe un traité de protectorat avec la France. Béhanzin, successeur de Glélé, tente de reconquérir la région occupée par les Français mais il est mis en déroute en 1892. Capturé en janvier 1894, il est déporté en Martinique et les établissements français sont regroupés au sein de la colonie du Dahomey. Dans le Nord, le royaume bariba de Nikki, qui avait atteint son apogée au xviiie siècle, avant de se heurter à l’expansionnisme du royaume nigérian d’Ilorin, oppose une vive résistance à la colonisation française.

En 1899, le Dahomey est intégré à l’Afrique-Occidentale française (A-OF) (voir Empire colonial français). Ses frontières sont fixées en accord avec la Grande-Bretagne, établie au Nigeria, et l’Allemagne, présente au Togo. Durant l’entre-deux-guerres, le Dahomey — où la scolarisation est importante, notamment dans le Sud, grâce aux missions religieuses — est l’un des principaux foyers politiques et intellectuels de l’A-OF. De nombreux partis politiques sont fondés dès cette époque, tandis que se développe une presse d’opposition au système colonial. Rallié à la France libre durant la Seconde Guerre mondiale, le Dahomey devient un État autonome au sein de la Communauté française en 1958. Le pays accède à l’indépendance le 1er août 1960 et entre, le mois suivant, aux Nations unies.

5.3 Indépendance et instabilité politique

Au lendemain de l’indépendance, le Bénin connaît une histoire politique mouvementée. Les douze premières années sont marquées par une instabilité chronique, les anciennes élites coloniales, pour la plupart originaires du Sud, se disputant le pouvoir. En 1963, l’armée force Hubert Maga, premier président du Dahomey indépendant, à démissionner ; quatre coups d’État sont perpétrés durant les six années qui suivent. En 1970, un Conseil présidentiel de trois membres prend le pouvoir, suspend la Constitution et ses membres assument alternativement la présidence. En 1972, le commandant Mathieu Kérékou, un homme du Nord, destitue le Conseil présidentiel et devient le chef d’un État auquel il donne une orientation marxiste-léniniste. En 1975, pour réduire le poids politique du Sud, le nom de Dahomey est symboliquement abandonné pour celui de Bénin, du nom du royaume qui s’était autrefois épanoui au Nigeria voisin. De même, Kérékou interdit le vaudou, la religion traditionnelle bien implantée dans le Sud. Une nouvelle Constitution, instaurant un régime à parti unique, est promulguée en 1977. La même année, une tentative de coup d’État appuyée par des mercenaires échoue et durcit davantage le régime. Les trois anciens présidents, emprisonnés en 1972, sont libérés en 1981.

Élu président par l’Assemblée nationale révolutionnaire en 1980, réélu en 1984, Mathieu Kérékou échappe à trois tentatives de coup d’État en 1988. Durant les années 1980, la situation économique du Bénin ne cesse de se dégrader, tandis que se durcit la répression antidémocratique. En 1987, un plan du FMI impose des mesures drastiques : prélèvement supplémentaire de 10 p. 100 sur les salaires, gel des embauches, mises en retraites forcées. Un nouvel accord avec le FMI, en 1989, sur un programme d’ajustements des structures économiques, provoque une grève massive des étudiants et des fonctionnaires, réclamant le paiement des salaires et des bourses. Les troubles sociaux et politiques conduisent Mathieu Kérékou à renoncer à l’idéologie marxiste-léniniste et à accepter l’instauration d’une Conférence nationale, réunissant les représentants des différents mouvements politiques.

5.4 Démocratisation et alternance politique

Un gouvernement de transition, mis en place en 1990, ouvre la voie au retour de la démocratie et du multipartisme. Le Premier ministre, Nicéphore Soglo, bat Kérékou à l’élection présidentielle de mars 1991. Il rétablit le vaudou pour se concilier les pouvoirs traditionnels et fait du 10 janvier de chaque année la Journée nationale du vaudou. Cependant les ajustements structurels et la compression des dépenses publiques recommandées par le FMI ravivent le mécontentement. Après avoir perdu sa majorité au sein de l’Assemblée législative, le président Soglo, accusé de népotisme par ses adversaires, est battu par Mathieu Kérékou à la présidentielle du 17 mars 1996. Le Bénin, qui a su, en 1990, donner l’exemple du retour pacifique au multipartisme, manie aussi les alternances politiques. Les élections législatives de mars 1999 en témoignent, donnant à une voix de majorité la victoire à la Renaissance du Bénin (RB), le mouvement de l’opposition dirigé par Rosine Soglo, épouse de l’ancien président.

En mars 2001, Mathieu Kérékou est réélu président de la République avec 84,06 p. 100 des voix. Arrivé en tête du premier tour, face à son prédécesseur Nicéphore Soglo, il est confronté au désistement de ce dernier ainsi qu’à celui des deux candidats suivants, qui qualifient le scrutin de « mascarade «. Son second mandat est marqué par une croissance économique stable (avec un taux de croissance de 5 p. 100 par an en moyenne de 1999 à 2003). Toutefois, cette croissance est compensée par l’accroissement rapide de la population. En outre, elle ne se traduit pas par une amélioration significative des conditions de vie des Béninois. La pauvreté et l’économie informelle restent largement répandues, de même que la corruption. Sur le plan politique, cependant, le pays s’enracine dans la démocratie. À l’expiration de son mandat, en 2006, Mathieu Kérékou accepte de quitter le pouvoir conformément à la Constitution (qui limite à 72 ans l’âge auquel il est possible d’accéder à la présidence et à deux le nombre de mandats présidentiels successifs). Yayi Boni, candidat indépendant et éloigné du sérail politique, lui succède après avoir remporté le second tour du scrutin présidentiel de mars 2005 avec 74,5 p. 100 des suffrages face au favori Adrien Houngbédji, vétéran de la classe politique béninoise. Cette élection, qui se caractérise par un taux de participation important (plus de 70 p. 100), illustre la volonté de changement de l’électorat béninois.

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