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Bérénice, Racine: « TITUS, seul »

Publié le 12/09/2006

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racine

I. L’expression d’un trouble intérieur

Cette scène est un monologue En effet, comme l’indique la didascalie « TITUS, seul «, le personnage est seul en scène, c’est pour lui l’occasion d’exprimer son trouble Le personnage dialogue avec lui-même, pour cela, il utilise la 2ème personne : « que viens-tu faire ? «, « Où viens-tu téméraire ? «. On note également, l’omniprésence de la 1ère personne du singulier : pronom sujet, objet, déterminant possessif. Titus est seul face à son choix. Si Titus est tant troublé, c’est parce qu’il est confronté à un dilemme En effet, devenu Empereur de Rome suite à la mort de son père, il doit prendre une décision cruelle. Rome n’accepte pas qu’un Empereur épouse une Reine étrangère or Titus est amoureux de Bérénice qui est Reine de Palestine. Par conséquent, s’il obéit à la loi implacable de Rome, comme l’exige son , il doit renoncer à Bérénice. Ainsi, la situation est sans issue, Titus est contraint de choisir entre son honneur et son amour ; dans les deux cas, le personnage sera malheureux Ce monologue est marqué par l’expression de la souffrance. En effet, Titus souffre de devoir prendre une telle décision, pour cette raison le champ lexical de l’amour « cœur «, « aime «, « j’adore « et celui du pouvoir« Rome « (x5), « Etat «, « palais «, « lois « ne cessent de s’opposer pour amplifier le dilemme du héros. Titus lutte mais cette lutte est vaine, Rome est une force supérieure qui écrase le personnage comme en témoigne son omniprésence dans le texte. Titus doit, au nom de Rome, sacrifier son amour, la rime des vers 17-18 est à ce titre significative Ce combat n’a qu’une issue le malheur les deux amants souffriront. L’antithèse du vers 4 confirme bien cette souffrance inévitable. II. Un combat contre soi-même

Le dilemme de Titus le plonge dans une grande agitation. Il doute de sa propre décision en témoigne les nombreuses phrases interrogatives : il n’est finalement pas certain d’avoir pris la bonne décision. Dans les premiers vers, il semble mettre à l’épreuve la volonté impériale. Puis des vers 6 à 13, Titus avoue sa faiblesse face aux « larmes « de Bérénice, sera-t-il assez fort pour maintenir sa décision : « Me souviendrai-je alors de mon triste devoir «. Il évoque même dans les vers 14 à 27, la possibilité d’une réconciliation entre Rome et Bérénice : « Et qui sait si sensible aux vertus de la reine/Rome ne voudra point l’avouer pour Romaine ? «. Mais, il se rend vite compte de l’impossibilité de cette hypothèse : « Titus, ouvre les yeux ! «. S’il veut garder son titre d’Empereur une seule solution est possible. Face à ce dilemme, on ne peut qu’éprouver de la pitié pour ce personnage. Incapable de choisir entre son amour et son devoir, écrasée par une force supérieure : la fatalité, le sort de Titus suscite la plus grande compassion. On pense également à Bérénice : comment réagira-t-elle ? Mais Titus fait également preuve de courage En effet, sa décision est prise et il fait preuve d’une certaine détermination : « il faut être barbare «. Il mène un combat contre lui-même (on peut ainsi noter le dédoublement de Titus : celui qui est déterminé et celui qui doute), de plus, il sait se ressaisir comme le prouve le dernier vers. Ainsi, il suscite aussi une certaine admiration. Conclusion

Cette scène est un point culminant de l’intensité tragique de la pièce. Seul face au destin qui l’accable, Titus est en proie aux affres de l’ironie du sort qui lui donne le pouvoir suprême en le privant de celle qu’il aime.

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