BERGSON: Durée et mémoire

La conception qualitative de la « durée « a pour présupposé une conception quantitative et spatiale du « temps «.

« Bien que tout à fait différente, du point de vue de sa fondation, la conception de Bergson coïncide dans son résultat avec la thèse de Hegel : l'espace 'est' temps. Bergson dit simplement l'inverse : le temps est espace. La conception bergsonienne du temps est elle aussi visiblement issue d'une interprétation du traité d'Aristote sur le temps /Physique, IV, 10-14]. Ce n'est pas simplement une concomitance littéraire toute extérieure, si au même moment que l'Essai sur les données immédiates de la conscience, où est exposé le problème du 'temps' et de la 'durée', Bergson fait paraître un traité intitulé Quid Aristoteles de loco senserit [La doctrine aristotélicienne du lieu]. C'est en ayant égard à la détermination du temps comme arithmos' kinèséôs' [nombre du mouvement], que Bergson fait précéder l'analyse du temps d'une analyse du nombre. Le temps, en tant qu'espace (Essai, p. 69) est succession quantitative. C'est à partir d'une orientation qui prend le contre-pied de ce concept-là du temps, que la durée est décrite comme succession qualitative. «