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Berkeley: La matière existe-t-elle ?

Publié le 05/01/2004

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berkeley

« « Si par matière on entend une chose sensible dont l'existence consiste à être perçue, alors il y a de la matière.

» Berkeley Berkeley va ici nier l'existence de la matière.

Un tel jugement peut paraître étrange au sens où nous considérons tous sponta­ nément que la matière existe.

Berkeley part d'un problème posé par un médecin, Molineux, qui s'interrogeait sur la capacité qu'aurait un aveugle-né recou­ vrant la vue de discerner visuellement le cube et la sphère qu'il sait déjà discerner par le toucher.

A cette question il répond qu'un aveugle-né qui recouvrirait la vue aurait d'abord l'impression que tous les objets touchent ses yeux.

Cela signifie simplement qu'il n'existe pas d'espace objectif.

D'où provient alors cette idée selon laquelle il y aurait des idées communes à la vue et au toucher ? Pourquoi considérons-nous sponta­ nément qu'il y aurait une idée abstraite d'étendue, un espace objectif ? A cause du langage.

Ce sont les mots, en effet, qui produisent en nous cette illusion.

Pour que l'aveugle qui aurait recouvré la vue fasse le lien entre le cube qu'il voit et le cube qu'il touchait, il suffirait de lui dire que c'est le même objet et que cet objet se nomme cube.

De même, pour qu'il fasse la différence à vue entre la sphère et le cube, il suffit de lui dire où est la sphère et où est le cube et ainsi, lier la sensation qu'il avait au toucher avec la sensation que lui donne la vision.

Cela signifie que c'est bien le langage qui lui permettrait de faire le lien : c'est le mot « cube » qui met en rapport ces deux sensations, celle du toucher et celle de la vue.

Tout objet que nous percevons n'est qu'une collection de sensa­ tions.

C'est parce que nous percevons sa couleur, sa forme, son odeur, que nous pouvons dire qu'un objet existe.

Il n'existe que parce qu'il est perçu.

L'étendue n'est ni grande ni petite, le mouvement n'est ni lent ni rapide ; ils ne sont rien.

De même, je ne puis former l'idée d'un corps étendu en mouvement sans lui donner aussi une couleur.

Le langage fait le lien entre ces. »

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