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Bernard CLAVEL: Les Fruits de l'hiver (Fiche de lecture)

Publié le 22/02/2012

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C'est en 1968 que paraît ce roman de Bernard Clavel, né en 1923 à Lons-le-Saulnier. L'auteur est à la fois un romancier prolixe et journaliste en radio. Ce roman décrit la solitude d'un père abandonné de tous.
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« L'automne s'avance et les haines s'attisent.

Le mariage de Julien aura lieu à Lyon, sans frais, sans les parents.Depuis la Libération, Paul ne réapparaît plus.

La mère s'emploie à la cantine afin de gagner de l'argent pour lesjeunes mariés et leur enfant à naître.

Lui, Gaston, se rebiffe mais son autorité se délite.

Il aspire au silence.

Unmatin de novembre, la mère succombe brutalement à une congestion pulmonaire.

Micheline, la femme de Paul, a troptardé à avertir l'infirmière...

Le couple s'occupe de trouver les papiers dans le tiroir de la cuisine.

Elle qui était plusjeune que lui, la voilà partie la première ! Le père se trouve seul.

L'angoisse monte et il aimerait que Julien etFrançoise s'installent chez lui, mais c'est impossible.Pendant l'hiver, Paul et Micheline viennent voir le père tous les jours et lui préparent à manger.

L'absence de la mèrelui semble plus supportable.

Son dialogue intérieur meuble sa solitude.

D'après ses dispositions testamentaires, sesdeux maisons reviendraient à Paul, en échange d'un dédommagement à Julien.

Quand le père refuse de s'installerchez Paul, comme celui-ci le lui demande, les visites du fils s'espacent.

Jusqu'au jour où celui-ci lui révèle sonintention de construire des garages dans le jardin.

Le père s'emporte.

Désormais, il recourt à ses propres ressourceset à la gentillesse des voisins.Il retrouve quelque force en travaillant, mais cette énergie ne résiste pas à la prise de conscience de sa faiblesse.Comme vidé, il cède à Paul : on construit des garages dans son jardin, tout près de cette maison qu'il s'est acharnéà défendre.

Il s'éprouve alors comme mis hors la vie.

Julien ne vient pas.

La maladie se réveille, mais il refuse dequitter sa demeure.

Enfin, au plus mal, il se sent transporté chez son fils, Paul.

Et c'est là qu'il s'éteint. Analyse de l'oeuvre Le roman de la vieillesse Peu de romans évoquent la vieillesse.

Le roman réaliste a donné, cependant, le fameux Père Goriot de Balzac, quideviendra une figure type de vieillard : l'exploité dont il convient de se débarrasser parce qu'il n'a plus rien à donneret parce qu'il fait honte.

Les paysans de Zola, eux, étouffent hardiment l'ancêtre sous des oreillers.

Dans l'Antiquité,le noble vieillard incarnait la sagesse venue de l'âge et de l'expérience.

Nos sociétés modernes, sous l'impulsionromantique récupérée par le capitalisme, imposent le modèle de la jeunesse triomphante.

Le vieillard devient tantôtune victime tantôt un être malfaisant, hanté par l'obsession de son impuissance.

Autre variante : le personnage duvieillard attise le conflit des générations.

Pendant l'entre-deux-guerres, François Mauriac modèle la figure de Louis,le terrible vieillard du Noeud de vipères, en quête de l'amour que les siens lui refusent.

Or, aujourd'hui, avec les progrès de la médecine, le troisième âge peut faire preuve d'une pétulance insoupçonnée.

Sans moraliser, le romande Bernard Clavel donne, en cette année 1968 qui voit la révolte des étudiants français, une sorte de leçon derespect pour les réalités de l'humain. Qui est ce père Dubois, le plus souvent désigné dans le texte par l'appellation, non péjorative, « père », qui le donnecomme une sorte d'incarnation absolue du père et du vieillard? Dressons la fiche signalétique de Gaston Dubois(notons que seule la mère utilise ce prénom, témoin de la jeunesse passée du « héros »). Situation de famille : veuf en 1915 avec un fils, Paul; remarié en 1919 avec Fernande, la mère.

Profession :boulanger; à la retraite et vivant des revenus de son jardin et des loyers de la maison où se tient la boulangerie.Pendant des années, avec la mère, il a tiré la carriole pour vendre les fruits du jardin. Age : soixante-dix ans.

Pendant sa jeunesse, son bon temps, il faisait partie des « costauds ».

Il se rappelle avoirconstruit son hangar en dehors de son temps de travail : Ça représentait tout de même des journées de 18 heures.

Quatre heures de sommeil, deux pour les repas, et la boucle était bouclée.

Usé? Il y avait de quoi être usé! » Il n'eut de bon que ses deux années de service militaire.

( lasse 93, excellent gymnaste, il rejoignit Joinville.

Une foislibéré, il aurait pu se rengager, mais il dut reprendre le fournil de son père pour aider sa mère, veuve et démunie.Seule la fierté du beau travail lui avait apporté quelque satisfaction dans une vie qui ignorait les congés payés. La mère est moins âgée que le père, cinquante-six ans, mais tout aussi usée par les privations endurées depuis sonplus jeune âge et par les rhumatismes articulaires qui s'attaquent à ses os.

Ainsi apparaît-elle comme une femmevieillie avant le temps par les conditions de vie déplorables des générations d'avant-guerre. La tragédie de la faiblesse Les Fruits de l'hiver évoque la tragédie de l'ingratitude mais, plus encore, l'élimination par une société en crise de ses anciens actifs.

La forme soutient un propos dont la leçon demeure implicite.

En effet, le récit se focalise sur lepère Dubois.

L'emploi du style indirect libre permet de traduire sa vision du monde, présente la réalité au travers dufiltre de ses obsessions.

Eprouvant le sentiment de sa déchéance, il finit par douter de tout parce qu'il ne fait plusconfiance à ses forces.

Comme les actes d'une tragédie classique, les cinq grandes parties du récit suivent leurcheminement. Le roman se déroule pendant la guerre.

Le premier acte de la tragédie s'ouvre en automne 1943 et fait planer unedouble menace, celle du conflit et celle de la nature, de l'hiver proche.

Aussi la lutte du couple s'inscrit-elle dans uncadre cosmique qui transforme l'hostilité des éléments en une forme du destin.

On ne peut rien faire contre lacruauté de l'hiver dans une région réputée plutôt froide, comme le Jura français.

L'obsession du chauffage souligne à. »

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