Bhutto, Zulfikar Ali

Bhutto, Zulfikar Ali (1928-1979), homme d’État pakistanais, président puis Premier ministre de la République islamique du Pakistan de 1971 à 1977.

Né à Larkana (Sind), Zulfikar Ali Bhutto appartient à une famille fortunée de grands propriétaires terriens. Son père, sir Shah Nawaz Bhutto, est en outre une personnalité politique influente dans l’Empire des Indes britannique. Après des études à Bombay, il part étudier aux États-Unis, à l’université de Californie (Berkeley), dont il sort diplômé en 1950. Il termine sa formation en droit au Royaume-Uni, à l’université d’Oxford. De retour au Pakistan, en 1953, il ouvre un cabinet d’avocat à Karachi.

À la suite de la prise du pouvoir par le général Ayyub Khan, en 1958, il occupe plusieurs postes ministériels ; à la tête du ministère du Commerce, notamment, il fait ses premières armes à l’international. En 1963, il est nommé ministre des Affaires étrangères ; à ce poste, il entend affranchir le Pakistan des puissances occidentales, et esquisse un rapprochement avec la Chine, qu’il considère comme un allié du Pakistan contre l’ennemi commun indien.

Ali Bhutto quitte le gouvernement en 1966 en raison de son opposition à la paix négociée avec l’Inde, sous la pression américaine et l’égide soviétique, par le président Ayyub Khan après la deuxième guerre indo-pakistanaise (1965). Il fonde l’année suivante le Parti du peuple pakistanais (PPP, gauche modérée), et mène l’opposition au régime dictatorial du général Ayyub Khan, ce qui lui vaut d’être brièvement emprisonné.

Les élections qui se tiennent en 1970 à la suite du renversement d’Ayyub Khan par le général Yahya Khan consacrent le PPP comme le plus grand parti du Pakistan occidental ; au Pakistan oriental, elles sont cependant marquées par la victoire écrasante de la ligue Awami de Mujibur Rahman, qui revendique l’autonomie de la province. Tandis qu’Ali Bhutto refuse toute coalition avec la ligue Awami, le président Yahya Khan réprime dans le sang le mouvement autonomiste. La guerre civile qui s’ensuit entraîne une intervention de l’armée indienne auprès des troupes du Pakistan oriental et se solde par l’indépendance du Bangladesh, le 16 décembre 1971. Très affaibli par une défaite militaire humiliante, le général-président Yahya Khan cède le pouvoir à Ali Bhutto le 21 décembre. Dans ce contexte, celui-ci incarne le retour à un gouvernement civil et démocratique et apparaît comme un homme providentiel, en particulier auprès des classes populaires, séduites par son discours d’inspiration socialiste.

À la tête d’un Pakistan gravement touché par la perte de sa partie orientale, le président Ali Bhutto s’engage à reconstruire l’économie du pays. Il procède à la nationalisation de plusieurs secteurs clés (industries de base, banques, assurances) et ébauche une réforme agraire. Au plan extérieur, il normalise les relations avec le Bangladesh, que le Pakistan reconnaît en 1974, tout en se retirant du Commonwealth. Il fait adopter une nouvelle Constitution en 1973, aux termes de laquelle il devient Premier ministre. Face à une opposition politique croissante et à la montée des révoltes nationalistes des tribus pachtounes et baloutches dans l’est du pays, il durcit de plus en plus son régime. Accusé de fraude aux élections de 1977, il doit faire face à un grave mécontentement populaire auquel met fin le 5 juillet 1977 le coup d’État mené par le général et chef d’état-major des armées Zia ul-Haq. Emprisonné, puis condamné à mort en 1978 pour avoir ordonné l’assassinat d'un opposant politique en 1974, il est exécuté par pendaison le 4 avril 1979 en dépit des appels à la clémence venant de la communauté internationale. Sa fille, Benazir Bhutto, lui succède à la présidence du PPP conformément à sa volonté.

Ali Bhutto est l’auteur de plusieurs ouvrages, dont The Great Tragedy (« la grande tragédie «, 1971) et If I am Assassinated (« si je suis assassiné «, 1979).