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Les Bijoux indiscrets de Diderot

Publié le 09/04/2013

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Selon le témoignage de Mme de V andeul, fille de Diderot, Les Bijoux indiscrets (publié anonymement en 1748) aurait été écrit en quinze jours, sur le pari fait par !'écrivain avec sa maîtresse Mme de Puisieux qu' il est facile d'écrire cette sorte de roman.

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« « Elle dormait, mais la meute qui avait l'oreille au guet, entendant quelque bruit, se mit à aboyer, et la réveilla.» EXTRAITS Un charlatan invente des muselières prétendument capables de faire taire les « bijoux ».

Réactions à la cour ...

On courut en foule chez lui : le s femmes galantes y allèrent dans leur équipage ; les femme s rai sonnables s 'y rendirent en fiacre ; les dévotes y en vo yèrent leur confesseur ou leur laquais : on y vit même arriver des tourières.

Toutes voulaient av oir une muselière ; et depuis la duchesse jusqu 'à la bourgeoise , il n'y eut femme qui n'eût la sienne, ou par air ou pour cause.

Les bramines, qui avaient annoncé le caquet des bijoux comme une puni­ tion divine, et qui s'en étaient promis de la ré­ forme dans les mœurs et d 'autres avantages , ne virent point sans frémir une machine qui trompait la vengeance du ciel et leurs espérances.

Ils étaient à peine descendus de leurs chaires , qu 'ils y remontent , tonnent, écla­ .

te nt, font parler les oracles, et prononcent que la muselière est une machine infernale, et qu'il n'y a point de salut pour quiconque s'en servira.

«Femmes mondaines , quitte z vos muselières ; soumette z-vous , s 'écriè­ rent-ils , à la volonté de Brama.

Laissez la voix de vos bijoux réveiller celle de vos consciences ; et ne rougisse z point d'avouer des crimes que vous n'ave z point eu honte de commettre.

» Mais ils eurent beau crier, il en fut des muselières comme il en avait été des robes sans manches, et des pelisses piquées.

Pour cette fois on les laissa s'enrhumer dans leurs temples.

On prit des bâillons, et on ne le s quitta que quand on en eut reconnu l 'inutilité , ou qu'on enfut las.

Mangogul, inspiré par les découvertes permises par son anneau magique, élabore devant Mirzoza une classification des femmes ...

« La femme sage, par exemple , serait celle dont le bijou est muet, ou n'en est pas écouté.

« La prude, celle qui fait semblant de ne pas écou­ ter son bijou.

« La galante , celle à qui le bijou demande beaucoup, et qui lui accorde trop.

« La voluptueuse, celle qui écoute son bijou avec complaisance.

« La courtisane, celle à qui son bijou demande à tout moment, et qui ne lui refuse rien.

«La coquette, celle dont le bijou est muet, ou n'en est point écouté ; mais qui fait espérer à tous les hommes qui l'approchent, que son bijou parlera quelque jour, et qu'elle pourra ne pas faire la sourde oreille.

« Eh bien ! délices de mon âme , que pense z-vous de mes définit ions ? - Je pense , dit la favorite, que Votre Hautesse a oublié la femme tendre.

- Si je n 'en ai point parlé, répondit le sultan, c'est que je ne sais pas encore bien ce que c'est, et que d'habiles gens préten­ dent que le mot tendre, pris sans aucun rapport au bijou, est vide de sens.

« Ma jument, dit Mangogul, vous dictera pour cette fois, écrivez.

» NOTES DE L'ÉDITEUR Diderot semble avoir voulu désavouer son roman, cette « grande sottise »,dit-il.

Au lieutenant de police Le Noir, il écrit en 1782 : « Quand j'étais jeune, j'habitais le quatrième étage, j'écrivais des sottises, on m'a enfermé pour mes Bijoux indiscrets.» Mais ces témoignages ne sont-ils pas guidés par la prudence de l'auteur, conscient d'avoir produit une œuvre scandaleuse? Commentant l'accueil des Bijoux indiscrets par la critique moderne, Arthur Wilson souligne : « Il existe une école de critiques qui, lorsqu 'ils se trouvent dans l'obligation de dire quelque chose sur un livre obscène, tendent à prendre l'attitude du : ce n 'est pas amusant, c'est seulement ennuyeux.( ...

) En fait, le livre de Diderot est loin d'être ennuyeux.

Au contraire , il est plein de vie - dans les idées, le dialogues, les saillies.

» Arthur Wilson, Diderot, sa vie , son œuvre, Laffont/Ramsay, 1989.

«Il se trouve qu'en dépit, ou à cause des facilités du genre, Les Bijoux indiscrets sont devenus entre les mains de Diderot un grand roman.

Peut-être lui-même ne le savait-il pas.

Et peut-être aussi faut-il faire un certain effort de transposition pour découvrir les véritables dimensions de l'ouvrage.

Si l'on dépouille la fiction romanesque de ses oripeaux grivois et pseudo-exotiques, on arrive assez vite à une proposition essentielle ; c'est qu'il existe un langage de la nature qui ne se confond pas avec le langage de convention fixé par les règles de vie en société.

» Jacques Chouillet, Diderot, CDU/SEDES, 1977.

1 Sipa- lcono 2, 3, 4, 5 B.P.U ., G enève I D.R.

DIDEROT04. »

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