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Le bilan humain, matériel et moral de la Seconde guerre mondiale en Europe

Publié le 17/01/2011

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europe

Introduction

 

La guerre qui s'achève en 1945 avait éclaté en Europe à cause de questions nationales, avant de dégénérer en conflit mondial. Toutefois, elle a pris aussi une dimension idéologique avec la lutte contre le fascisme, idéologie issue du rejet de la démocratie qui se construisait depuis deux siècles dans les pays européens.

Lorsque le 8 mai 1945 la capitulation est signée par les Allemands, mettant fin à la guerre en Europe, celle-ci en ressort nettement affaiblie. Les populations ont été très fortement touchées. Les économies sont ruinées. L'Europe, traumati-sée et déchirée, ne peut plus prétendre à jouer un rôle comparable à celui des siècles précé-dents. Dans quelle mesure la Seconde Guerre mondiale a-t-elle précipité le déclin de l’Europe ?

 

I/ Une catastrophe humaine

 

 a)Une saignée démographique

Des combats meurtriers sur tous les fronts

L'Europe a été l'un des théâtres d'opérations les plus importants de cette guerre mondiale : les combats ont fait 14 millions de morts dans les armées européennes (9 millions côté soviétique, 4 millions côté allemand, 300 000 pour les Britanniques ou les Italiens, 200 000 pour les Français).

Même s'il ne faut pas minimiser les morts de soldats au combat du début et de la fin de la guerre, le conflit aurait été, si l'on s'en tenait aux pertes militaires, moins meurtrier que la Grande Guerre, surtout en Europe occidentale où les ositions des troupes ont été rapidement fixées.

 

 b)Mais aussi de lourdes pertes chez les civils

Les civils ont été plus nombreux encore que les soldats parmi les tués : peut-être plus de 25 millions si on inclut l'Union Soviétique qui a particulièrement souffert. Pologne, Yougoslavie, et dans une moindre mesure Allemagne et France, comptent aussi de très nombreuses victimes.

Beaucoup ont été touchés par les bombar-dements (Dresde, Coventry) et les conditions de vie très difficiles (occupation, surmortalité liée au rationnement et aux maladies), les exécutions massives. Ce qui fait de cette guerre un cas unique dans l'histoire, le génocide, assassinat volontaire et programmé de populations dans les camps de la mort, a provoqué la mort de 6 millions de juifs et de Tziganes, mais aussi des homosexuels, opposants…

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es nations européennes à nouveau bouleversées

Des migrations forcées

Des réfugiés (survivants des camps, prisonniers de guerre) et des populations déplacées (Allemands fuyant l'Armée Rouge, Polonais de l'Est contraints de quitter leur région) errent en 1945 sur les routes de l'Europe.

Les pays vainqueurs, en dépit de déclarations de principe humanitaires, ne les prennent pas en charge efficacement. Faute de patrie définie, d'innombrables réfugiés attendent que l'on statue sur leur sort.

La nouvelle carte de l'Europe

Les frontières sont encore une fois modifiées, surtout à l'est : l'Allemagne doit se replier à l'ouest de la ligne Oder-Neisse ; on impose à la Pologne, envahie en 1939 et partagée en 1940, un glissement forcé vers l'ouest.

Au lieu d'accorder autant que possible les frontières aux nationalités, comme en 1918, on privilégie une politique de puissances, au détriment de l'Allemagne vaincue et au profit de l'U.R.S.S (pays baltes, Moldavie, parties de la Pologne, de la Finlande, de la Tchécoslovaquie, de la Roumanie).

La Seconde Guerre mondiale a atteint des sommets dans la barbarie. La "brutalisation" a été extrême sur le front de l'Est. Les popula-tions ne sont pas encore sorties des difficultés car le continent a été littéralement dévasté.

Un continent dévasté

Les pertes matérielles d'une guerre totale

Des destructions

Le Second Conflit mondial fut une guerre totale affectant à la fois l'arrière et la zone des combats, mobilisant industries, chercheurs, populations dans un affrontement d'idéologies opposées. En outre, les combats ne se sont pas concentrés sur un front étroit, à la différence de la Grande Guerre.

La guerre aérienne a été massive et les bombardements stratégiques considérables, surtout au-dessus de l'Allemagne, du Royaume-Uni et aussi de la France. En Yougoslavie, 20 % des bâtiments sont détruits. À elle seule, l'URSS subit la moitié des dégâts matériels dus à la guerre. La destruction des usines, des ponts, des routes, des lignes de chemin de fer et des gares paralyse l'économie et les échanges.

Une crise économique

En 1945, les économies des pays européens sont presque partout en ruines. La production agricole et industrielle a chuté de 30 à 70 % par rapport à 1939. Le produit national brut s'est effondré, surtout en Allemagne, en Italie, en France. Partout en Europe, les restrictions sont importantes et la misère s'étend.

La guerre a également englouti les réserves monétaires des pays européens. Ceux-ci connaissent en 1945-1946 une forte inflation, la demande dépassant l'offre, et de loin. L'endettement s'est accru partout.

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'ébauche d'une réorganisation

Les armées des vainqueurs restent en Europe

Le continent demeure en grande partie

occupé par les deux Grands (même si d'autres pays anglo-saxons sont présents) ; ils sont chargés du ravitaillement et de la mise en place de structures pour la reconstruction, politique mais aussi matérielle.

Suite à la conférence de Yalta, l'Allemagne et l'Autriche restent dans une situation provisoire ; elles sont divisées en quatre zones d'occupation et leurs capitales en secteurs ; de vieilles puissances européennes comme la Grande-Bretagne et même la France (grâce à Churchill), se voient cependant reconnues comme pays ccupants.

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De nouvelles structures

Le passé de l'Europe a été marqué par tellement d'affrontements et les plaies de la guerre sont si profondes qu'on n'imagine pas en 1945 l'existence d'une communauté d'États à l'échelle du continent. En revanche, plusieurs pays européens souhaitent mettre en place un "État-Providence" inspiré par le Plan Beveridge.

Les différentes nations sont intégrées dans de nouvelles structures internationales comme l'ONU (vainqueurs et neutres seulement dans un premier temps) ou des organisations financières initiées par les accords de Bretton Woods (création du FMI fin 1945, puis de la BIRD). Les tats-Unis dominent dans ces institutions.

É

La reconstruction économique et politique s'annonce difficile pour l'Europe, qui a perdu son ancien statut : ses valeurs ont été remises en question dans le conflit et elle ne peut plus jouer son rôle dominant sur la planète.

U

ne Europe qui panse ses plaies

La victoire de la démocratie ?

La volonté de châtier les coupables

L'épuration, organisée par les vainqueurs et les résistants, connaît des dérapages (règlements de comptes) et des ratés : fonctionnaires collaborateurs maintenus selon les besoins administratifs du moment, savants nazis récupérés.

Le procès de Nuremberg (20 novembre 1945 - 1er octobre 1946) permet de réaffirmer le rejet du fascisme et la primauté des droits de l'homme en définissant notamment les notions de "crime contre la paix" et de "crime contre l'humanité".

Le retour apparent à un "modèle démocratique"

La Grande-Bretagne de Churchill, seul pays à avoir combattu l'Axe du début du conflit à la victoire, membre européen de la "Grande Alliance", a vu triompher son modèle démocra-tique aux dépens des puissances fascistes. Elle obtient, comme d’ailleurs la France de De Gaulle qui revient de loin, un siège de membre permanent au Conseil de sécurité de l'ONU.

On peut encore croire en 1945 à l'installation de régimes pluralistes sur l'ensemble du

continent ("Déclaration sur l'Europe libérée" à Yalta) : en France, bien sûr, où le régime républicain du GPRF finit par s'imposer, mais aussi en Italie, en Tchécoslovaquie et même en Pologne où on prévoit la constitution d'un gouvernement d'Union Nationale. Là où des élections libres sont organisées, patriotes et forces de gauche réalisent des scores élevés.

L

e déclin de l'Europe

Des valeurs ébranlées

La guerre a divisé en profondeur les communautés nationales : à qui fallait-il obéir ? Le traumatisme de l'Holocauste, organisé par une puissance européenne à l'autorité culturelle reconnue, laisse des traces dans le vieux continent. La nouvelle de l'utilisation de la bombe atomique par les Américains aggrave le désarroi moral de toute une génération.

La foi des Européens dans le progrès, qui avait contribué à la réussite du continent dans le monde, laisse la place au sentiment de l'horreur et de l'absurde, décrit par des écrivains (Camus), des cinéastes (Rossellini), des peintres (Picasso), es dramaturges (Sartre)…

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Une Europe affaiblie

Les conférences de Yalta et de Postdam, consacrées avant tout au sort de l'Europe, montrent que l'avenir du continent se décide surtout entre USA et URSS ; si l'entente semble prévaloir entre eux en février, les blocages deviennent évidents en août. Yalta ne décide pas d'un "partage de l'Europe" entre les deux Grands, mais celui-ci devient vite un fait établi, correspondant à l'avancée des troupes sur le continent en mai 1945… Déjà les pressions soviétiques se font fortes en Europe de l’Est.

Les défaites infligées aux Européens dans les colonies par l'Axe ont mis fin au mythe de leur invincibilité, et l'appel aux troupes coloniales pendant la guerre suscite de nouvelles revendications. Les premiers mouvements en faveur de l'indépendance se produisent dès 1945 en Indonésie, en Indochine, en Algérie (émeutes de Sétif le 8 mai).

Conclusion

Ruinée, exsangue, s'interrogeant sur ses valeurs, l'Europe paraît en 1945 avoir perdu tout crédit pour jouer un rôle actif dans les destinées de la planète. Elle se retrouve sous la tutelle des deux Grands qui vont bientôt en faire un enjeu de la guerre froide.

Mais la construction européenne, encouragée au départ par les États-Unis, lui permettra dès les années cinquante de puiser dans ses propres ressources pour se reconstruire dans la paix et, après l’élargissement à l’Est, de devenir aujourd'hui un pôle de stabilité relatif dans le monde.

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