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Birmanie

Publié le 11/04/2013

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1 PRÉSENTATION

Birmanie ou Myanmar, en birman Myanma, pays d’Asie du Sud-Est, situé dans la péninsule indochinoise. En 2005, le siège de sa capitale est transféré de Rangoun à Pyinmana.

La Birmanie est limitée au nord par la région autonome du Tibet (Chine), à l’est par la Chine, le Laos et la Thaïlande, au sud par la mer des Andaman et à l’ouest par le golfe du Bengale, le Bangladesh et l’Inde.

La Birmanie est une union fédérale composée de sept États peuplés de non-Birmans (Arakan, Chin, Kachin, Karen, Kayah, Shan et Môn) et de sept « divisions « habitées par des Birmans (Rangoun, Irrawaddy, Mandalay, Sagaing, Tenasserim, Magway et Pégou). La région côtière est connue sous le nom de basse Birmanie et la région de l’intérieur sous celui de haute Birmanie.

2 LE PAYS ET SES RESSOURCES
2.1 Relief et hydrographie

La superficie totale du pays est de 676 552 km². La Birmanie présente trois régions naturelles distinctes. Deux ensembles de massifs montagneux à l’ouest, au nord et à l’est, encerclent une longue dépression centrale parcourue par l’Irrawaddy (2 100 km). À l’ouest, l’Arakan Yoma est un ensemble de reliefs qui s’étend jusqu’en Assam, d’altitude comprise entre 1 500 m et 2 000 m, culminant à 3 053 m dans les monts Chin et Naga. Le plateau Shan, à l’est de la dépression, est un immense canyon traversé par la Salouen, qui se jette dans l’océan Indien (golfe de Martaban). C’est une région de collines ménageant des vallées et des bassins favorables aux établissements humains. Entre le rebord du plateau Shan et les premiers contreforts de l’Arakan se trouve la région centrale, une plaine qui est le berceau historique de la Birmanie drainée par l’Irrawaddy, la Chindwin et la Sitang. Le pays est très étiré et sa partie la plus large ne dépasse pas 960 km. Dans l’extrême nord du pays, le Hkakabo Razi (5 881 m) est le plus haut sommet d’Asie du Sud-Est. Les côtes (1 930 km) sont très variées : rectilignes à l’ouest, jusqu’au delta de l’Irrawaddy qui avance de 50 m par an, elles forment un littoral de submersion au Tenasserim.

2.2 Climat

La Birmanie, située sous le tropique du Cancer, est soumise à un climat tropical avec une période de mousson, de mai jusqu’en novembre, qui frappe surtout les régions de l’Arakan (4 000 mm d’eau par an) et du Tenasserim. Le bassin de haute Birmanie bénéficie, quant à lui, d’un climat plus sec, aux pluies irrégulières. Ainsi, les précipitations annuelles moyennes peuvent varier entre les deux régions de 2 000 mm à 800 mm. Les températures moyennes varient de 21 °C en hiver à près de 40 °C en été.

2.3 Flore et faune

La forêt couvre près de 48 p. 100 du territoire (68 p. 100 il y a trente ans). Les régions très exposées à la mousson abritent ainsi de vastes réserves de tecks (70 p. 100 des réserves mondiales), de bois de fer ou d’hévéas. Mais le reste du pays compte également de nombreuses autres essences, comme l’acacia, le bambou, le palétuvier, le cocotier, le chêne ou le pin et plusieurs variétés de rhododendrons. Les agrumes, les bananes, les mangues et les goyaves poussent dans les régions côtières.

Une faune sauvage habite les plateaux de haute Birmanie. On y trouve des éléphants (souvent domestiqués), des rhinocéros, des buffles sauvages, des sangliers et plusieurs espèces de cerfs et d’antilopes. Mais le pays possède également une multitude de singes, de tigres, de léopards, de chats sauvages et de tapirs, plus de 1 200 variétés d’oiseaux (perroquets, paons, faisans, corbeaux, hérons, etc.), de nombreuses espèces comestibles de poissons d’eau douce, sans oublier les crocodiles, les lézards, les cobras, les pythons et les tortues.

2.4 Ressources naturelles

Les principales ressources naturelles sont agricoles et minières. La forêt, avec ses quelque 250 essences, présente un intérêt commercial certain, et la région de basse Birmanie offre des conditions climatiques exceptionnellement favorables à la culture du riz. Le sous-sol est riche et le pays compte d’importants gisements de plomb, zinc, argent, tungstène, charbon, pétrole, mais également rubis, jade et saphir.

3 POPULATION ET SOCIÉTÉ
3.1 Démographie

La population de la Birmanie était estimée en 2008 à 47,8 millions d'habitants (soit une densité de 73 habitants au km2), le dernier recensement remontant à 1983. L’unité du pays est mal réalisée : les Birmans proprement dits représentent environ 80 p. 100 de la population, mais plusieurs minorités indigènes avec leur langue, leur culture et leur État propres revendiquent leurs différences. Il s’agit principalement des Chins (dans les montagnes du Nord-Ouest), des Kachins (à l’extrême nord), des Karens (en basse Birmanie), des Shans (le long de la frontière thaïlandaise) et des Môns (dans la région du delta de l’Irrawaddy). La Birmanie abrite également quelques centaines de milliers de Chinois, d’Indiens et de métis. La population est rurale à plus de 69 p. 100.

3.2 Villes principales

Principal port de mer et ancienne capitale (1948-2005), Rangoun, appelée officiellement Yangon depuis 1989, compte 3 874 000 habitants. Mandalay (801 707 habitants), en Birmanie centrale, est un centre commercial essentiel et la capitale culturelle du pays. Moulmein, devenue officiellement Mawlamyne en 1989 (219 961 habitants), et Sittwe (107 621 habitants) sont deux ports importants. La ville de Pyinmana (environ 60 000 habitants), située dans le centre du pays, à environ 300 km au nord de Rangoun, est amenée à se développer en devenant en novembre 2005 la nouvelle capitale du pays.

3.3 Langues et religions

Le birman, la langue officielle, appartient à la famille des langues sino-tibétaines. Elle est parlée par près des deux tiers de la population. Son alphabet repose sur le sanskrit et le pali, les deux langues sacrées du bouddhisme. La plupart des minorités ethniques utilisent des langues et des dialectes (126 au total) appartenant aux rameaux des langues tibéto-birmanes et môn-khmer. L’anglais et le chinois sont également utilisés.

Plus de 85 p. 100 des Birmans pratiquent le bouddhisme du petit véhicule (doctrine Theravada), parfois teinté d’animisme (culte des génies). Les Karens et les Chins ont été tardivement christianisés (xixe siècle). On trouve également en Birmanie un petit nombre d’hindous et de musulmans.

3.4 Éducation

La civilisation birmane a été fortement marquée par l’influence indienne, mais elle a su cependant développer une langue et une littérature originales. L’éducation est libre et l’école primaire est obligatoire. L’instruction se fait en birman, mais l’anglais est la seconde langue et on le pratique dans un grand nombre d’établissements secondaires. 86,2 p. 100 de la population est alphabétisée. Les principales universités de Birmanie sont l’université de Rangoun (fondée en 1920) et l’université de Mandalay (fondée en 1925).

3.5 Culture

La Birmanie est l’un des pays d’Asie où le bouddhisme est le plus profondément enraciné. On compte par milliers les temples (ou pagodes) où sont conservés de nombreux livres et objets d’art religieux. La gigantesque pagode dorée de Schwedagon à Rangoun, haute de 112 m, avec son sommet orné d’une boule en or incrusté de plus de 2 500 pierres précieuses est, de loin, l’édifice le plus célèbre, avec le Bouddha couché (78 m de long) vénéré dans tout le pays. Le pays est également empreint d’une longue tradition de poésie historique et religieuse, alors que les œuvres en prose ne prirent de l’importance qu’à la fin du xixe siècle. Le premier écrit en langue birmane remonte à 1113 apr. J.-C. Le théâtre apparaît au début du xviiie siècle. U Ponnya, dit Ponnya de Salé (1812-1866), est considéré comme le plus grand dramaturge birman. L’art profane est rare, et la sculpture et la peinture se pratiquent essentiellement dans le cadre du bouddhisme. Les artisans sont réputés pour leurs laques et leurs tissages de soie.

3.6 Institutions et vie politique

La Constitution adoptée à l’accession à l’indépendance de la Birmanie en 1948 a été abolie lors du coup d’État de mars 1962. À partir de 1974, une nouvelle Constitution régit le pays en tant que république socialiste, jusqu’au coup d’État militaire de septembre 1988. Depuis cette date, le chef de l’État et du gouvernement exerce l’autorité législative et exécutive avec l’aide d’une Assemblée constituante de 485 membres élus. Le tribunal le plus important est le Conseil des juges du peuple. Tous les tribunaux civils ont été suspendus à l’arrivée des militaires au pouvoir. La Birmanie est administrée de façon centralisée depuis la capitale.

Après le coup d’État de 1962, la Birmanie a été soumise au BSPP (Parti du programme socialiste birman), reconnu comme le seul parti politique légal. Jusqu’en 1988, le groupe d’opposition dominant était le Parti pour l’unité nationale, remplacé aujourd’hui par la Ligue nationale pour la démocratie de Aung San Suu Kyi, prix Nobel de la paix en 1991.

En 2004, les forces armées de Birmanie comptaient 350 000 hommes dans l’armée de terre, 13 000 hommes dans la marine et 12 000 hommes dans l’armée de l’air. Le pays compte également deux unités paramilitaires : la force de police du peuple et la milice du peuple.

4 ÉCONOMIE

La Birmanie est avant tout un pays agricole. Le développement de l’industrie, presque inexistante avant la Seconde Guerre mondiale, s’est accéléré dans les années 1960-1970, et beaucoup d’entreprises privées ont été nationalisées. Dans les années 1990, le pays a radicalement orienté son économie vers une ouverture aux investissements des voisins asiatiques (Chine, Thaïlande, Singapour) et des États-Unis.

4.1 Agriculture

La Birmanie est l’un des premiers producteurs mondiaux de riz : en 2006, on en récoltait près de 25,2 millions de tonnes (provenant essentiellement du delta de l’Irrawaddy). Les autres cultures importantes, pratiquées majoritairement dans de petites exploitations des plaines centrales, sont le maïs (950 000 t), le blé (148 000 t), le millet (163 000 t), le sésame, la canne à sucre (7,3 millions de tonnes), l’arachide (910 000 t), le coton (59 000 t), le tabac (33 000 t), les fruits et les légumes. Le pavot est cultivé dans le Triangle d’Or, dans l’État Shan, et permettrait la production d’environ 2 200 t d’opium, soit 220 t d’héroïne par an.

Les forêts de Birmanie sont une importante source de richesse, en particulier pour le teck et le caoutchouc naturel sans oublier la production de quinine et de cachou (utilisé pour la teinture).

Les poissons d’eau douce sont principalement pêchés pour la consommation locale et offrent une importante source de protéines. Le gouvernement encourage aujourd’hui la pêche en mer.

4.2 Mines et industries

La plupart des gisements minéraux sont situés dans les régions montagneuses de l’ouest et le long de la côte du Tenasserim. On y exploite des pierres précieuses (jade, rubis, saphirs), ainsi que le cuivre, le nickel, l’argent, le plomb et le zinc. La production minérale comprend également de l’argent, du plomb raffiné, des concentrés de zinc, de cuivre, du gaz naturel et du minerai de fer. L’exploitation des gisements de pétrole est freinée par la pauvreté des moyens de communication et les réserves ne dépasseraient pas 7 millions de tonnes.

L’industrie du pays concerne essentiellement le traitement des produits agricoles (riz, sucre, céréales) et du bois (scieries, contreplaqué), le textile (filatures de coton), le ciment et le raffinage du pétrole.

La Birmanie a un important potentiel de production d’hydroélectricité, notamment grâce au barrage de Kinda. En 2003, près de 37 p. 100 de son électricité provenait d’installations hydroélectriques, le reste étant généré par des centrales thermiques fonctionnant au charbon ou au pétrole raffiné (en tout 7,4 milliards de kilowattheures).

4.3 Échanges

L’ensemble du commerce extérieur est contrôlé par le gouvernement mais une participation directe des entreprises est possible depuis 1990. Les principales exportations (d’une valeur totale de 1,39 milliard de dollars en 2000) sont le bois (surtout le teck), les produits de l’agriculture (riz, légumes secs, coton) et les minéraux et pierres précieuses. Les importations (2,37 milliards de dollars en 2000) comprennent surtout les biens d’équipement industriel, les matériels de transport, les produits chimiques, les textiles et les denrées alimentaires. Les principaux partenaires commerciaux de la Birmanie sont le Japon, la Chine, Singapour, l’Indonésie, l’Allemagne, la Grande-Bretagne et les États-Unis. Il est à noter que la contrebande est importante et le trafic de drogue particulièrement actif (Triangle d’Or).

Le réseau ferré (3 955 km de voies), détenu et exploité par le gouvernement, relie toutes les villes importantes du pays mais n’offre aucune connexion avec l’étranger. La navigation fluviale, avec 5 800 km de fleuves et de canaux navigables, reste un moyen de transport privilégié. Le réseau routier représente 27 966 km, dont un sixième seulement est goudronné. Plusieurs routes traversent la frontière, en particulier la route de Birmanie, qui mène en Chine. Une compagnie aérienne gouvernementale offre des liaisons intérieures et internationales.

En Birmanie, la poste, le télégraphe, le téléphone et la radio sont contrôlés par le gouvernement. L’unité monétaire est le kyat, divisé en 100 pyas. Toutes les banques ont été nationalisées en 1963, puis fusionnées pour former l’Union des Banques de Birmanie, qui gère les opérations bancaires, contrôle la monnaie et sert d’agent bancaire au gouvernement.

5 HISTOIRE
5.1 Les trois empires birmans

Le peuple Pyu est le premier à s’établir en Birmanie, dans la vallée centrale, dès le viie siècle, tandis que les Môns s’installent en basse Birmanie trois siècles plus tard. Ces derniers ne jouent pas un rôle politique de premier plan mais culturel. Ce sont eux qui introduisent le bouddhisme theravada et la culture du riz. Le premier empire birman unifié est fondé par le roi Anawratha (1044-1077) à Pagan, en haute Birmanie. Il conquiert la capitale môn de Thaton. La structure de l’État est celle d’un royaume financé par des impôts directs et des obligations de services pour les villages, dirigés par les myothugis (« chefs de municipalité «). Au fil du temps, de plus en plus de terres sont données à des monastères bouddhistes, puis transformées en villages consacrés à l’entretien du sangha (« clergé «). La royauté est légitimée à la fois par l’idéologie religieuse et le rôle de défenseur de la foi tenu par le roi.

Après deux cent cinquante ans de paix relative, le royaume tombe en 1287 aux mains des armées mongoles. Il s’ensuit une période de turbulences au cours de laquelle la haute Birmanie subit la domination des Shans, tandis que la basse Birmanie tombe sous le contrôle des Môns. L’unité du pays est rétablie, avec l’aide d’aventuriers portugais, par Bayinnaung (1515-1581), troisième roi de la dynastie Toungoo. Cette dynastie est renversée peu de temps après par une rébellion môn. En 1752, Alaungpaya fonde la dynastie Konbaung en restaurant la domination birmane puis en conquérant Ayuthya, l’Arakan, le Manipur et l’Assam.

5.2 Les guerres anglo-birmanes

La pression commerciale et politique croissante des Européens provoque la chute de la dernière dynastie birmane : en effet, les Britanniques, les Néerlandais et les Français ont des intérêts concurrents dans le pays. Les Britanniques accusent les Birmans d’exactions dans leurs territoires de l’Inde et déclenchent ainsi la première guerre anglo-birmane (1824-1826). Le traité de Yandabo laisse aux Britanniques le contrôle de l’Arakan, de l’Assam, du Manipur et du Tenasserim. La production de riz et de bois d’œuvre prospère dans ces deux zones sous contrôle britannique, tandis que la stabilité politique relative amène une croissance massive de la population. Ce schéma se répète après que le reste du delta a été annexé à l’issue de la seconde guerre anglo-birmane (1852-1855). L’ambition commerciale et les prétextes politiques, aiguisés par les rivalités régionales anglo-françaises, précipitent l’annexion finale au cours de la troisième guerre de 1885. Le 1er janvier 1886, la Birmanie est proclamée province de l’empire des Indes.

5.3 La domination britannique

Sous la domination coloniale, les liens entre le gouvernement et la religion se perdent, les ordres monastiques tombent en déconfiture et leurs écoles, qui ont donné à la Birmanie un taux d’alphabétisation plus élevé que celui de l’Angleterre à la même époque, déclinent au fur et à mesure que l’anglais devient la langue de la promotion sociale. Néanmoins, la culture indigène persiste à travers le monde magique du pwe (« théâtre «), la pratique du bouddhisme et l’animisme.

Rangoun, promue capitale du pays, devient le point d’appui d’une administration où les dirigeants locaux maintiennent la loi et l’ordre, collectent les recettes et administrent la justice. La Birmanie devient le premier exportateur mondial de riz (de 500 000 t avant la chute de Mandalay à 3 millions avant le début de la Seconde Guerre mondiale). En 1937, la Birmanie est séparée de l’Inde, mais la domination britannique a déjà provoqué l’émergence d’un mouvement nationaliste. En 1941, Ba Maw, Aung San, U Nu et le général Ne Win tentent de conquérir l’indépendance : le mouvement Thakin (« maître «) forme une Armée d’indépendance de la Birmanie (BIA) avec l’aide des Japonais qui, en mai 1942, occupent presque tout le pays. Le 1er août 1943, l’indépendance est proclamée. Mais, comme dans les autres pays d’Asie occupés, le pillage systématique par les Japonais des ressources de la Birmanie au nom de la sphère de coprospérité asiatique leur aliène le soutien des nationalistes. Le mouvement nationaliste profite de la faiblesse du gouvernement installé par les Japonais pour fonder en 1944 la Ligue antifasciste pour la liberté du peuple (AFPFL) et résister à la domination nippone.

Après la guerre, les Britanniques découvrent que l’AFPFL, dirigée par Aung San, a la mainmise sur le pouvoir politique indigène. L’AFPFL négocie avec la Grande-Bretagne et obtient l’indépendance pour la Birmanie le 4 janvier 1948, tout en refusant de faire partie du Commonwealth. Les groupes ethniques des Shans et des Karens sont inclus dans la république « fédérale « et Aung San obtient une écrasante majorité de sièges à l’Assemblée constitutionnelle. En juillet 1947, U Saw, un rival politique nationaliste, fait assassiner Aung San et six de ses ministres. U Nu, ancien leader des étudiants nationalistes, est appelé à diriger l’AFPFL et le gouvernement.

5.4 La démocratie constitutionnelle

Le gouvernement de l’AFPFL dirigé par U Nu est rapidement confronté à de nombreuses insurrections de la part des Karens et des Shans. Au cours des années 1950, une révolte des Karens est écartée et les insurgés communistes sont forcés de se retirer dans les collines. La Birmanie met alors en place une politique étrangère rigoureusement non-alignée. Le pays connaît par la suite une période de relative prospérité économique.

La domination de l’AFPFL est renforcée lors des élections nationales de 1951-1952 et de 1956, mais en 1958, une scission du parti nécessite l’intervention constitutionnelle d’un gouvernement intérimaire militaire pendant dix-huit mois, sous la direction du général Ne Win. Son gouvernement resserre la discipline administrative et contient les prétentions séparatistes des États shans. Les élections de 1960 offrent une victoire retentissante à la faction de U Nu. Mais sa décision de promouvoir le bouddhisme au rang de religion d’État et sa tolérance vis-à-vis du séparatisme ethnique précipitent un coup d’État sans effusion de sang qui rétablit la domination militaire de Ne Win en mars 1962.

5.5 Le régime Ne Win

Au cours des années 1960 et 1970, Ne Win tente de bâtir un gouvernement totalitaire efficace, d’établir sa légitimité auprès des Birmans et de maintenir l’autonomie du pays sur la scène internationale. Le pays s’engage alors sur la « voie birmane du socialisme « avec le Parti du programme socialiste de Birmanie, ce qui a pour conséquence une catastrophe économique sans précédent, accompagnée d’une diminution des libertés personnelles. Les principaux secteurs de l’économie sont étatisés. La nouvelle Constitution de 1974 transfère le pouvoir du parti unique du Conseil révolutionnaire militaire à une Assemblée du peuple dirigée par Ne Win et d’autres anciens dirigeants militaires.

Les insurrections ethniques qui éclatent dans les États kachins et shans isolent d’importantes régions (surtout la partie birmane du Triangle d’Or, fournisseur essentiel du marché mondial de l’opium) qui échappent au contrôle du gouvernement. L’insurrection du Parti communiste de Birmanie garde le soutien officiel de la Chine. U Nu, réfugié en Thaïlande, tente sans succès d’appeler au renversement du gouvernement Ne Win. En 1980, il est autorisé à revenir en Birmanie comme simple citoyen. En 1981, Ne Win abandonne la présidence du pays à San Yu, un général, mais garde la direction du parti.

Durant cette période, le gouvernement met l’accent sur l’autonomie de la Birmanie, en réduisant sa dépendance vis-à-vis de l’aide étrangère et en différant son adhésion à la Banque de développement asiatique. La Birmanie rompt même ses liens avec le groupe des pays non-alignés en 1979 pour protester contre ses inclinations prosoviétiques ; elle y est réadmise en août 1992.

5.6 Le coup d’État militaire

Les émeutes antigouvernementales de mars et de juin 1988 amènent Ne Win à démissionner de la présidence du parti en juillet, déclenchant une période de forte instabilité politique. En septembre, le général Saw Maung, chef d’état-major sous Ne Win, sort vainqueur d’une lutte sanglante pour le pouvoir et instaure un gouvernement militaire : le Conseil de restauration de la loi et de l’ordre de l’État (SLORC). En juin 1989, le nom du pays est officiellement changé en Union du Myanmar et le nom de la capitale de Rangoun en Yangon.

Les élections législatives de mai 1990 voient la victoire écrasante du parti d’opposition, la Ligue nationale pour la démocratie, dirigé par Aung San Suu Kyi (fille de Aung San, assignée à résidence dès 1989 et prix Nobel de la paix en 1991), mais le SLORC refuse la tenue de la convention de l’Assemblée du peuple et poursuit sa politique de répression. Malade, Saw Maung est remplacé à la tête du SLORC par le général Than Shwe en avril 1992. Aung San Suu Kyi retrouve la liberté le 10 juillet 1995, et la Birmanie connaît alors une relative libéralisation de son économie. Après de nouvelles émeutes étudiantes en décembre 1996 et en 1997, des restrictions supplémentaires sont imposées à Aung San Suu Kyi.

La rébellion Karen connaît des défections à la suite du ralliement de la DBKA (l’Armée démocratique bouddhiste karen) au gouvernement militaire. Dans les États shans, où les militaires birmans et thaïs collaborent étroitement, un accord est passé entre le gouvernement birman et l’armée môn-thaï du général Khun Sa. Le rôle du trafic de drogue dans la vie politique et économique du pays explique l’interdiction américaine et les réserves de l’Union européenne quant aux investissements à destination de la Birmanie. Pourtant, ce relatif isolement est rompu à partir de juillet 1997 avec l’adhésion du pays à l’Ansea (Association des nations du Sud-Est asiatique). Cependant, cette adhésion n’entraîne pas de vrais échanges commerciaux et économiques. L’objectif visé est de s’affranchir de la pression occidentale et de soustraire le pays à l’influence de la République populaire de Chine. Si une détente des relations s’opère avec les pays membres de l’Ansea, les rapports avec la Thaïlande restent très tendus. Ainsi, en janvier 1998, le gouvernement thaïlandais procède au rapatriement vers la Birmanie de 300 000 travailleurs immigrés illégaux.

Les mesures à l’encontre de Aung San Suu Kyi se poursuivent toute l’année. Le 6 septembre 1998, la junte militaire fait arrêter 110 membres de la Ligue nationale pour la démocratie (LND) afin d’éviter la réunion du Parlement élu en 1990. En juin 1999, la Birmanie est exclue de facto de l’Organisation internationale du travail (OIT) pour recours au travail forcé.

5.7 Une amorce de dialogue ?

Après une nouvelle période de tensions avec l’opposition qui conduit en septembre 2000 à la mise en résidence surveillée et à l’interdiction de contact avec l’extérieur de Aung San Suu Kyi, le dialogue s’engage, sous la médiation de l’ONU, entre la LND et la junte militaire. Cette dernière tient à marquer une certaine bonne volonté en libérant 84 membres de la LND, emprisonnés en septembre. Les négociations aboutissent à la libération de la « prisonnière de Rangoun « en mai 2002. Sous la pression internationale, le régime birman accepte en outre une série de concessions, dont la coopération avec les États-Unis dans la lutte contre les drogues et la présence sur le territoire birman d’un représentant de l’OIT afin de lutter contre la pratique du travail forcé.

Ces avancées subissent cependant un coup d’arrêt brutal dès le mois de mai 2003, avec l’arrestation d’Aung San Suu Kyi et de plusieurs autres sympathisants de son parti. Lourdement condamnée au niveau international, cette vague de répression est également critiquée par les autres membres de l’Ansea (Association des nations de l’Asie du Sud-Est), habitués jusque-là à une attitude plus prudente. Soumise aux sanctions économiques des États-Unis et de l’Union européenne, isolée au niveau international, en dépit des tentatives d’intégration régionale menées en 2002-2003, la Birmanie semble au bord de la banqueroute, avec une inflation de près de 70 p. 100 et l’absence quasi totale d’investissements étrangers. La junte birmane tente alors de s’attirer le soutien politique et économique de ses voisins et y parvient avec succès auprès de l’Inde, la Chine et la Thaïlande, avec lesquels elle développe ses relations diplomatiques et ses échanges commerciaux en 2004-2005. À l’intérieur, elle entreprend une vaste purge au sein de l’appareil d’État, avec notamment, en octobre 2004, le limogeage du poste de Premier ministre du général Khin Nyunt, remplacé par le général Soe Win. Elle met également en avant la libération de plusieurs milliers de prisonniers (de droit commun pour la plupart) ainsi que la poursuite de sa « feuille de route « vers une démocratie multipartite dans le cadre d’une Convention nationale censée élaborer une nouvelle Constitution. Toutefois les négociations progressent très lentement alors que le régime continue de bâillonner l’opposition. De même, après la conclusion d’un cessez-le-feu en 2004 entre le gouvernement et la guérilla karen, les pourparlers de paix piétinent. Le 7 novembre 2005, les autorités militaires birmanes annoncent le déplacement du gouvernement et de l’administration de Rangoun à Pyinmana (à 300 km au nord). Ce choix est officiellement motivé par la nécessité de moderniser la Birmanie et de déplacer sa capitale au centre du pays. Une autre hypothèse semble être la crainte d’une invasion maritime étrangère, en particulier américaine.

 

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