Blaise Cendrars
Publié le 08/04/2013
Extrait du document
«
immigrants, passant ses journées à
lire à la Central Library.
Le jour de
Pâques, affamé et transi, il poussa la
porte d'une église presbytérienne, où
l'on jouait La Création de Haèndel.
Pourquoi raconter
cette anecdote ?
Parce que, la nuit suivante, d'un seul
jet -« il y avait trois ratures, un point
c'est tout» -il écrivit son premier
long poème, Pâques à New York, qui
fut aussitôt publié lorsqu'il eut re
trouvé la France, en octobre de la
même année (1912).
L'aventure intérieure
D
ésormais, Blaise Cendrars allait
aussi voyager et bourlinguer
dans ses livres.
Il dit certes qu'il avait
horreur
d'écrire, mais il pouvait pas
ser des heures et des heures penché
Blaise Cendrars avec son chien «W agon-Lit ,.
en 1953
sur sa machine à écrire.
Il
considérait la littéra-
ture comme une « mau
vaise habitude
», il l'op
posait à « la vie de l'es
prit », mais il remplit
plus de cent mille pages
de ses poèmes, romans
et autres confessions.
A
partir
de cette époque, la
vie et l'œuvre allaient se
confondre et, parfois, on
ne sait plus très bien -
mais le savait-il lui
même ? - s'il raconta ce
,.
L
.• , ..
,.
qu'il vivait ou s'il vécut ce qu'il écri
vait
(La Prose du Transsibérien et de
la Petite Jehanne de France,
1913 ,
Panama ou les Aventures de mes
Sept Oncles, 1914).
L'aventure était
toujours présente, mais cette fois in
térieure.
Cendrars vivait alors à Paris,
il
« zonait », il fréquentait de préfé
rence les marginaux
comme un beat
nik avant l'heure.
Il avait pour amis
Chagall,
Max Jacob, Fernand Léger,
Timbres émis à l'occasion
du centenaire de Cendrars, en 1987
,.
NOTES DE L'EDITEUR
«L'une des écritures que nous avons vues,
à plusieurs reprises, revenir chez Cendrars
( ...
)est cette écriture dynamique ou
cinématographique que nous avons signalée.
( ...
)Elle se présente parfois sous l'aspect
d'un pêle-mêle, d'un tohu-bohu de mots
pris au jargon de certains spécialistes
- voire interlopes -
à quelque langue
étrangère ou encore à l'argot des
sports.( ...
)
Spontanéité et intensité d'émotion, puissance
imaginative, association d'idées
pour le jaillissement
de l'image, lui ont valu
ces trouvailles
qu'une fois rencontrées on
n'oublie
plus.» A.
Lepage, Blaise
Cendrars,
Les Écrivains réunis, 1926.
«Aussi bien l'œuvre de Cendrars n'est-elle
pas un cadavre, mais un monde en marche,
en expansion, avec des branches, des
tentacules
et des bouffées d'odeurs qui lui
sortent
de partout.
Cela vit, grouille,
fornique, accouche
et philosophe ensuite.
1 bois gravé de Frans Hasercel, éd.
René Kieffer, Paris, 1926 /photo Roger-Viollct 2 DR 3 Roger-Viollet 4.
6 D.R 5.
photo Roger-Viollet
Soutine, Modigliani.
Avec Apolli
naire, il était désormais le grand
poète du renouveau.
Il avait fait voler
en éclats le cadre figé et contraignant
du poème court, pour de longs
poèmes, en prose ou en vers.
Il s'in
téressait à toutes les aventures artis
tiques (cubisme, art nègre, groupe
des Six en musique, etc.) et considé
rait le poète comme la nouvelle
conscience du monde.
Le poète homme d'action
E
n 1914, lorsque éclata la guerre,
Cendrars s'engagea dans la
Légion étrangère ; il entraîna derrière
lui
de nombreux étrangers amis de la
France, et découvrit le vrai visage de
la guerre (Aujourd'hui, L'Homme
foudroye), « une machinerie ano
nyme, démoniaque, systématique,
aveugle».
En Champagne, en 1915,
il fut gravement blessé
et dut être am
puté du bras droit.
Démobilisé, tou
jours convaincu que le poète doit être
un homme d'action, il participa à la
réalisation du film d'Abel Gance La
Roue ( 1920-1921 ), il dirigea les
Éditions de la Sirène, il reprit sa vie
de nomade, en Amérique du Sud
cette fois, et il composa en 1948
l'argument de La Création du
Monde,
dont Darius Milhaud créa
la musique et Léger les décors.
Il
travaillait sans relâche,
donnant des
poèmes et des ro
mans (L'Or, 1925 ;
Moravagine, 1926),
se consacrant au
grand reportage et à
une autobiographie
lyrique (La Main
coupée, 1946 ; Bour
linguer, 1948 ; Le
Lotissement du Ciel,
1949).
Ou ne philosophe pas.
Ou philosophe de
façon brouillonne, contradictoire,
à coups
de cœur, à coups de gueule, à coups
de
poings.» J.
Rousselot, Cendrars, Éditions
Universitaires, 1955.
« C'est au cœur même de la vie que
Cendrars est ancré.
Il est le plus actif des
hommes,
et cependant serein comme un
lama tibétain.
» H.
Miller, Les Livres de
ma Vie, 1957.
CENDRARSOI.
»
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