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Le blues

Publié le 13/02/2004

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1 PRÉSENTATION blues, musique traditionnelle populaire afro-américaine. Le blues, né à la fin du xixe siècle, puise ses racines dans les chants religieux (spirituals), eux-mêmes empruntés à la danse et à la musique africaine traditionnelle, et dans les chants de travail (work songs) des esclaves noirs des plantations de coton du sud des États-Unis. Cette culture musicale orale s’est progressivement assimilée aux traditions américaines folk et country ainsi qu’aux formes musicales européennes pour donner naissance au blues. Exprimant la mélancolie et la dépression, le mot lui-même signifie en anglais « cafard » ou « tristesse » ; le blues est un chant de plainte et de nostalgie qui évoque les affres de l’existence et de l’amour. Il traduit en outre la souffrance et le désespoir du peuple africain réduit à l’esclavage et arraché à sa terre natale. 2 ÉLÉMENTS MUSICOLOGIQUES 2.1 Le rythme du blues Le schéma le plus répandu du blues est une séquence de douze mesures, réparties en trois phrases de quatre mesures, organisées autour de trois accords s'appuyant sur la première note de la gamme, ou tonique (I), la quatrième, ou sous-dominante (IV), et la cinquième, ou dominante (V), et se succédant ainsi : I I I I – IV IV I I — V V (ou IV) I I. Forme musicale propice à l'improvisation, le blues peut contenir huit ou parfois seize mesures. Le chant est lui aussi très flexible : certains bluesmen chantent en effet « autour » du temps, accentuant une note juste avant ou juste après celui-ci. Ainsi, les premiers blues étaient très inégaux rythmiquement et souvent accompagnés de phrases parlées. 2.2 La blue note Rencontre des chants afro-américains et de l'harmonie occidentale, le blues se caractérise par l'utilisation de notes dites « bleues » qui donnent à l’interprétation son atmosphère si particulière. À l’origine, les chanteurs afro-américains ont dû adapter leur sensibilité pentatonique à l’harmonie heptatonique européenne. Ainsi, chantés de manière à exprimer des sons chargés d'émotion, les troisième (médiante), septième (sensible) et plus tard cinquième (dominante) degrés ont été librement infléchis, autrement dit très légèrement diminués par rapport à la gamme majeure normale, créant ainsi un mode blues intermédiaire entre le mode majeur et le mode mineur. C'est en cherchant à imiter ces inflexions de la voix que les instrumentistes (cordes, cuivres, anches) ont commencé à jouer dans ce mode blues et à construire des enchaînements de tensions / détentes si caractéristiques du blues et du jazz. 2.3 Paroles et musique du blues Les paroles du blues sont généralement organisées en strophes de trois lignes reprenant l’enchaînement des trois accords : une première ligne, une reprise légèrement modifiée de la première ligne et une troisième ligne nouvelle (structure A-A-B). Chaque section de texte chanté laisse en général place à une réponse aux paroles du chanteur improvisée par un instrument (c’est le système du call-and-response). Le plus souvent, les chanteurs s'accompagnent eux-mêmes à la guitare ou à l'harmonica, qu'ils utilisent d'ailleurs plus comme « seconde voix » que comme simple accompagnement. La base simple du blues autour de trois accords ou trois lignes laisse libre cours à l'improvisation, aussi bien dans l'interprétation musicale que dans les paroles. Par son caractère autobiographique et son origine liée aux conteurs et aux ménestrels, le blues peut exprimer des mythes, des aspects de la vie quotidienne comme des sentiments très personnels. Le blues chante avec sensibilité (feeling) le désir, la solitude ou la tendresse, mais aussi la tristesse d'une vie sans amour, sans travail et sans foyer, parfois la prison. Les paroles peuvent contenir des connotations sexuelles et parler de voyous comme elles peuvent être incantatoires, spirituelles et s’interroger sur l’homme lui-même. 3 HISTOIRE DU BLUES 3.1 Le country-blues Né dans les campagnes du sud des États-Unis, le country-blues est la première véritable expression culturelle noire. Au début du xxe siècle, il est chanté et joué au piano ou avec une simple guitare (qui remplace le banjo). Du Delta du Mississippi, qui voit naître les pionniers du blues tels Charley Patton, Son House ou Robert Johnson, le blues s’étend sur la côte Est et au Texas avec Big Lemon Jefferson ou Hudie Leadbelly (dit « Ledbetter »). W.C. Handy, appelé « le père du Blues », en popularise sa forme traditionnelle dans Memphis Blues (1912) et St. Louis Blues (1914). 3.2 Le blues urbain À partir des années 1920, le blues suit l'évolution et la popularité du jazz à travers les performances de chanteuses telles que Mamie Smith, Bessie Smith et Billie Holiday. Il s’implante dans les ghettos des grandes villes : Memphis (Tennessee), Saint Louis (Missouri), mais surtout Chicago (Illinois), où il connaît un formidable essor transformant cette ville en un pôle majeur du blues et du jazz. Le blues se diversifie, de nouveaux styles se développent, les solistes comme Big Bill Broonzy ou Memphis Slim s’accompagnent de sections rythmiques. L'interprétation du blues au piano solo donne naissance au boogie-woogie. Mais c’est surtout l'apparition de la guitare électrique dans les années 1950 qui insuffle un son nouveau au blues, à travers la figure du guitariste Muddy Waters (« Rolling Stone », 1950, « Hoochie Coochie Man », 1954). Viennent ensuite, notamment, Otis Rush, Howlin' Wolf, B. B. King (Live at the Regal, 1964), Elmore James, T-Bone Walker, Lightnin’ Hopkins et John Lee Hooker (Boom boom, 1962). Le blues devient alors plus instrumental et de nombreux musiciens combinent la technique jazz avec la tonalité et le répertoire blues. 3.3 Blues et rock Dans les années 1960, la nouvelle vague du blues passe par l’Angleterre avec des groupes comme le Paul Butterfield Blues Band, les Rolling Stones, les Yardbirds, les Bluesbreakers de John Mayall, Cream, Canned Heat et Fleetwood Mac. Le rock subit lui-même plusieurs vagues de renaissance du blues, et certains guitaristes comme Eric Clapton, Jimmy Page (du groupe Led Zeppelin), Jimi Hendrix, Rory Gallagher, Steve Miller ou des groupes comme ZZ Top utilisent le blues pour créer leur propre style : le blues-rock. De même, les guitaristes issus de la scène de Chicago — Freddie King, Albert King, Albert Collins (Ice Pickin’, 1978) et Buddy Guy — perpétuent la tradition du blues. Aujourd'hui, le blues jouit d'une popularité sans cesse renouvelée, grâce notamment à l'interprétation de guitaristes tels que Robert Cray, Johnny Winter, Stevie Ray Vaughan (Texas flood, 1983) ou Robben Ford (Talk to your daughter, 1988). Microsoft ® Encarta ® 2009. © 1993-2008 Microsoft Corporation. Tous droits réservés.

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