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BOILEAU: LA JEUNESSE D'UN PARISIEN

Publié le 27/06/2011

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A la fin de 1636, Corneille achève d'écrire le Cid : la tragédie va affronter le public dans la première semaine de janvier, au théâtre du Marais. Au centre de Paris, dans l'île de la Cité, plus précisément dans la cour du Palais de Justice, en face de la Sainte-Chapelle, Gilles Boileau vient de s'installer dans une haute maison à plusieurs étages, à façade étroite. C'est un robin, « commis au greffe de la Cour du Parlement de Paris et greffier du Conseil de la Grand'Chambre de la Cour du dit Parlement «. Il a cinquante-deux ans. D'un premier mariage, contracté avec Charlotte Brochard, il a eu dix enfants ; d'un second, avec Anne de Nyellé, il en a eu quatre. Un quinzième naît le jour de la Toussaint de 1636 : on le nomme Nicolas. Il sera suivi d'un seizième ; puis sa mère mourra, jeune encore, le 13 mai 1638, quand Nicolas n'aura que dix- huit mois. Ces seize enfants forment une belle famille : dix filles et six garçons. Pour distinguer Nicolas, on l'appelle Despréaux. La légende veut que ce nom provienne d'un pré appartenant aux Boileau, sis à Crosnes, près de Villeneuve-Saint-Georges. Aucun document authentique ne fait mention de cette propriété. On a dit parfois que l'enfant y était né ou qu'il y avait vécu quelque temps. Nous n'en savons rien.

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« Son père voulait en faire un clerc, comme son frère Jacques, plus tard l'abbé Boileau, C'était une profession sansaventure.

Nicolas fut tonsuré vers 1647 et commença des études de théologie vers 1652.

Mais la vocation luimanquait : il abandonna, gardant pourtant de ces courtes études des connaissances qui ne lui furent pas inutiles,ne fût-ce que pour écrire l'Epître XII.

Avait-il au moins une foi vivante ? On veut qu'il ait été imprégné dejansénisme.

Dans sa première Satire, il salue un ami de Port-Royal, Jacques de Sainte-Beuve ; il rendra souventhommage à Arnauld ; il y a bien en lui une certaine sévérité morale qui l'apparente aux Solitaires.

Mais il .est lié à defrancs libertins ; on l'accusera même d'athéisme ; ses Satires IV et VIII contiennent des traits sceptiques ; il futassurément fort peu dévot.

Il fera des vers assez pieux, mais sous l'influence de Lamoignon ; il se rapprochera de lareligion, mais avec l'âge.Grâce à sa tonsure, il obtint en 1662 le titre de prieur de Saint-Paterne, dans l'évêché de Beauvais, avec unbénéfice de 800 livres.

Il le garda pendant huit ans.

Lamoignon lui en aurait fait un reproche et l'aurait amené à sedémettre.

Le poète aurait alors rendu l'argent touché, en en dotant, pour la plus grande part, une jeune fille quientrait en religion, pour laquelle autrefois il aurait eu un sentiment de tendresse et à l'influence de qui, d'ailleurs, ilaurait dû ce bénéfice.De la théologie il passa au droit, ce qui était assez naturel pour un fils de robin.

Il travailla chez un beau-frèregreffier au Parlement, M.

Dongois.

Il fut reçu avocat probablement en 1656.

Il aurait été chargé d'une seule cause,qu'il ne plaida pas, rebuté par l'esprit juridique.

Qu'on relise la Satire I, on y saisira l'antipathie du poète pour lesouvrages interminables des juristes, pour le dédale des lois, pour l'abus de la forme, pour la barbarie du pays de lachicane.

Il l'a dit aussi beaucoup plus tard à Brossette, dans une lettre du 15 juin 1704 : « J'ai naturellement peud'inclination pour la science du droit civil et il m'a paru, étant jeune et voulant l'étudier, que la raison qu'on ycultivait n'était point la raison humaine et celle qu'on appelle le bon sens, mais une raison particulière, fondée surune multitude de lois qui se contredisent les unes les autres et où l'on se remplit la mémoire sans se perfectionnerl'esprit.

» Pourtant ce séjour au Palais ne lui fut pas plus inutile que le séjour à la Sorbonne : Boileau a gardé mainteidée de ce milieu où il est né, où il a longuement vécu, même s'il s'y est déplu, ne serait-ce que quelques idéespolitiques sur le rôle des Parlements dans la monarchie ou sur la nécessité d'une religion nationale.Il raconte dans l'Epître V son passage du Palais au Parnasse et l'étonnement horrifié de sa famille, quivit en frémissant Dans la poudre du greffe un poète naissant.Pourtant sa vocation poétique était déjà prononcée et sans doute connue des siens.

Il avait écrit au collège desvers latins, esquissé une tragédie romanesque.

Il avait ensuite sacrifié à la mode, composé des poésies galantes,héroïques et précieuses : une énigme sur la puce, comme un Cotin, un sonnet sur la mort d'une nièce, deuxchansons bachiques, une Ode contre les Anglais, écrite en 1656 quand Cromwell menaçait la France.Faut-il croire que sa vocation fut combattue par sa famille ? Gilles, son frère aîné, était poète aussi bien qu'avocat.En 1653, il avait traduit le Tableau de Cébès, en 1655 le Manuel d'Epictète.

Ecrivain galant, satirique et critique,vaniteux et dangereux, il avait fait redouter ses épigrammes.

Il avait attaqué Ménage en 1655, puis Costar etScarron.

En 1659, il entra à l'Académie, grâce à la protection de Chapelain, à la place de Colletet.

L'élection futhouleuse, mais glorieuse : l'élu avait vingt-huit ans.Jacques Boileau sera aussi un écrivain.

Reçu docteur en théologie en 1662, il publiera des traités latins,pseudonymes ou anonymes, qui feront parfois scandale par leur hardiesse de pensée et d'expression.

Il avait l'esprittrès caustique lui aussi, badin, primesautier, bouffon même malgré sa science.

Despréaux avait de qui tenir pours'intéresser aux lettres.La mort de son père, le 2 février 1657, lui donne à vingt ans la liberté et l'indépendance matérielle.' Il hérite de12.000 écus, dont le tiers, placé en fonds perdu sur l'Hôtel de ville de Lyon, lui vaut une rente viagère de 1.500livres.

Il continue à loger dans la maison paternelle, qui appartient maintenant à Jérôme.

Il a vécu d'abord dans unesorte de guérite, tout en haut de la maison ; puis il est descendu au « grenier », quand la place est devenue libre.Un peu plus tard, il aura une chambre au cloître Notre-Dame.

Enfin il s'installera au même endroit, au premier étagede la maison du chanoine Lenoir.

Sa vie est ordonnée et bourgeoise.C'est alors qu'il s'avise de se lancer dans la satire.

Délaissant la poésie à la mode, il marche sur les traces de Gilles,imite Horace, Juvénal et Régnier et compose un long poème, assez déclamatoire, contre les mœurs du temps.

C'estce qui deviendra la Satire I.

Cette entrée de Boileau dans la carrière satirique doit être de 1657.. »

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