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BOILEAU: UN NOUVEAU BURLESQUE

Publié le 27/06/2011

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boileau

La Sainte-Chapelle faisait partie du décor de la vie de Boileau. La chapelle palatine de saint Louis se trouvait depuis le XVE siècle envahie par les robins, établis dans l'ancien Palais royal. Certes, les magistrats n'avaient pas conquis pour autant l'honneur de pouvoir se dire coparoissiens du roi ; cette prérogative était réservée au Premier Président du Parlement. Mais c'était à leurs salles qu'attenait la chapelle haute, dans leur cour que se dressaient les ogives hardies, devant leurs fenêtres que flamboyaient les magnifiques verrières. Les Boileau vivaient ainsi au contact constant du chef-d'œuvre architectural enclos dans l'enceinte du Palais.

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« Le dernier mot est remplacé par des astérisques, mais la rime parle assez clairement.

De même plus loin : Pour soutenir tes droits, que le Ciel autorise,Abîme tout plutôt : c'est l'esprit de l'Eglise. Ici le mot est écrit en toutes lettres.

Ailleurs, on sent que le poète a de la sympathie pour le jansénisme, que l'ons'apprêtait de nouveau à persécuter.C'est pourquoi l'Avis au lecteur affirme « que tout le poème n'est qu'une pure fiction et que tout y est inventé,jusqu'au nom même du lieu où l'action se passe ».

Paris devient Pourges.

Mais Boileau s'embarrasse dans sesprécautions.

Au début du chant III, il montre la Nuit volant des vignobles de Bourgogne vers la capitale :Mais la Nuit aussitôt de ses ailes affreusesCouvre des Bourguignons les campagnes vineuses,Revole vers Paris et, hâtant son retour, Déjà de Montlhéry voit la fameuse tour.

N'est-ce pas avouer le lieu réel de l'action ? Non pas : l'Avis au lecteur nous explique que Pourges est le nom «d'une petite chapelle qui était autrefois proche de Montlhéry ».

L'auteur insiste : « C'est pourquoi le lecteur ne doitpas s'étonner que pour y arriver de Bourgogne, la Nuit prenne le chemin de Paris et de Montlhéry.

»Ces déguisements ne trompèrent personne.

Aussi, en 1683, Paris remplaça Pourges et le poète avoua l'originevéritable du récit.

Il maintenait pourtant qu'il avait inventé les personnages.

Il proclamait qu'il leur avait donné uncaractère « directement opposé >> au caractère des hérosréels de l'histoire.

Qui le crut ? Après avoir exposé son sujet et invoqué la Muse selon le rite épique, le poète introduit la Discorde.

La déesse seplaint du calme qui règne dans la Chapelle.

Elle prend l'aspect d'un vieux chantre et va trouver le Trésorier.

Ici seplace une description fort réaliste de la chambre où dort le prélat.

La Discorde le réveille et lui tient un discours oùelle excite sa jalousie contre le Chantre.

Inquiet, il fait rassembler ses partisans et les harangue.

Le sacristain Sidracpropose de braver l'insolent chanoine en rétablissant devant la stalle qu'il occupe dans le chœur le monumental lutrinqui le cachait autrefois, faisant converger tous les regards sur le glorieux Trésorier.

On tire au sort les noms de ceuxqui seront chargés de l'entreprise: le sous-marguillier Brontin, le sacristain Boirude, le perruquier L'Amour sontdésignés.Le chant II débute par la visite de la Renommée à la perruquière.

La pauvre femme, effrayée par ce qu'elle apprend,essaie d'empêcher son mari de s'exposer au danger.

Il résiste et part avec ses deux complices.

La Discorde réveillela Mollesse par ses cris.

La Nuit raconte à la Mollesse l'injurieuse entreprise.

La Mollesse soupire, déplore la rigueurdes temps et se rendort.Au chant III, la Nuit, qui veut faire échouer l'expédition, introduit un hibou dans le lutrin qu'on va transporter de lasacristie dans le chœur.

Les trois champions arrivent dans la chapelle et se disposent à rouler le meuble.

Ils ytouchent à peine que le hibou en sort et les met en fuite.

La Discorde, sous la figure du vieux Sidrac, les rallie ; ilsreprennent courage et achèvent l'entreprise.Le Chantre se réveille, effrayé par un songe, qu'il raconte à son valet.

Il s'habille et se rend à la chapelle.

Furieuxdevant le spectacle que lui offre le lutrin, il veut détruire « la machine ».

Mais il faut que tous les chanoinesparticipent à l'affront.

Il les fait sortir du lit au son de la crécelle.

Le chapitre se rassemble, délibère et finit pardémolir le lutrin infamant.

Ici s'achevait le poème de 1674.Au chant V, Sidrac avertit le Trésorier de l'attentat perpétré contre son œuvre.

Le prélat, accompagné de sespartisans, va consulter la Chicane dans son antre du Palais.

Cette affreuse sibylle profère des prédictions sinistres.Pendant ce temps la Renommée informe les chanoines de la démarche de leur supérieur.

Ils se précipitent au Palais.Les adversaires se rencontrent sur un perron, devant la boutique du libraire Barbin.

La bataille s'engage ; les livresservent de projectiles.

Le Trésorier a enfin une inspiration qui lui donne la victoire : il bénit les révoltés selon saprérogative de prélat et les force à s'agenouiller.Le chant VI, sur un ton tout différent, non plus comique, mais héroïque, nous montre la Piété, accompagnée de laFoi, de l'Espérance et de la Charité, faisant une démarche auprès de Thémis pour faire cesser le désordre.

Thémisrenvoie la Piété à Ariste, dont elle fait l'éloge.

La Piété adresse sa supplication à ce digne magistrat, dans lequel onreconnaît Lamoignon.

Le poème tourne court, l'auteur demandant à Ariste de raconter lui-même comment il apaisa ledifférend.On a décelé dans ce poème une « satire dramatisée ».

La parenté d'intention est en effet flagrante entre le Lutrinet les Satires.

Boileau se moque : il multiplie les attaques, d'ordre moral, politique ou littéraire, contre les mœurscléricales, contre l'Eglise, contre Boursault.

Tout l'épisode de la bataille des livres est une excellente occasion dedauber sur les écrivains détestés.

Mais le Lutrin est plus proprement un poème burlesque.Ce burlesque éternel, par lequel les contemporains d'Homère tournaient en dérision les exploits des héros, qu'onretrouve chez Aristophane, et beaucoup plus tard, en Italie, dans les poèmes de Pulci, de Boiardo, de l'Arioste,s'était acclimaté en France avec le Typhon de Scarron et son Enéide travestie.

Il avait donné lieu à de nombreusesparodies de Virgile, d'Homère, de Lucain, d'Ovide, qui eurent la faveur du public entre 1650 et 1660.

Boileau lecombattit dans ses Satires.

Et pourtant cette mode l'intéressa ; peut-être y trouva-t-il un renfort dans sa. »

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