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Le bonheur est-il le bien suprême ?

Publié le 09/03/2005

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« De cette solution de l'antinomie de la raison pure pratique, il résulte que, dans les principes pratiques, on peut penser, du moins comme possible, une liaison naturelle et nécessaire entre la conscience de la moralité et l'attente d'un bonheur proportionné à la moralité dont il serait la conséquence (sans pour autant la connaître et la comprendre) ; qu'il est, au contraire, impossible que des principes de la recherche du bonheur produisent de la moralité ; que, par conséquent, le Bien suprême (comme première condition du souverain Bien) consiste en la moralité, tandis que le bonheur forme certes le second élément du souverain Bien, mais de façon à être seulement la conséquence, moralement conditionnée et pourtant nécessaire, de la moralité. Ce n'est qu'au terme de cette subordination que le souverain Bien est l'objet tout entier de la raison pure pratique, qui doit nécessairement se le représenter comme possible, puisqu'elle nous ordonne de travailler, autant que nous le pouvons, à le réaliser. » KANT, Critique de la raison pratique.   3.2 Le Bien propre de l'homme : la raison.   En tant qu'être raisonnable, l'homme doit agir conformément à ce que lui dicte sa raison, ce qui est une condition de son bonheur. « La raison, qui, lorsqu'elle est droite et parfaite, constitue la somme complète du bonheur humain. Donc si chaque chose, quand elle possède son bien propre parfait, est digne d'éloge et a atteint la fin de sa propre nature, et si le bien propre de l'homme est la raison, alors, s'il a amené sa raison à la perfection, il est digne d'éloge et il a atteint la fin de sa nature. Cette raison parfaite s'appelle la vertu et elle est identique à la beauté morale. » SENEQUE, Lettre 76.

Tout homme recherche son propre bien. Le bonheur, compris comme état de plénitude, peut être identifié au bien suprême s’il est la première finalité poursuivie par l’individu, celle qui surpasse toutes les autres, celle qui est la plus importante. Le qualificatif suprême suppose qu’il n’y a rien au-dessus. Mais si être heureux constitue le bien suprême qu’en est-il des moyens ? Tous les moyens sont-ils bons pour être heureux ? La recherche du bonheur et celle de la vertu peuvent s’opposer l’une à l’autre. Le tyran peut faire de son bonheur le bien suprême et pour l’atteindre employer des moyens immoraux. Comment des moyens immoraux peuvent-ils servir le bien ? C’est cette difficulté que nous devons résoudre. Il s’agit d’analyser quelles seraient les conséquences de l’élévation du bonheur au statut de bien suprême et de voir si cette élévation implique contradiction ou non. Pour ce faire nous procèderons en trois étapes. La première consiste à examiner l’hypothèse qui tend à faire du bonheur la fin première de chaque individu. La deuxième nuance la première hypothèse en soulignant les difficultés qu’elle implique. Enfin la troisième interroge une autre acception du bien suprême mettant au premier plan la moralité.

« La Lettre à Ménécée d'Epicure contient un résumé de la doctrine éthique épicurienne, il y est notamment fait mention du bonheur et desmoyens d'y parvenir.

Le plaisir possède une place importante en tantqu'il est le principe de la vie heureuse, il peut être identifié au biensuprême, autrement dit il est la condition du bonheur.

« Et c'est pourcette raison que nous disons que le plaisir est le principe et la fin de la vie bienheureuse .

Car c'est le plaisir que nous avons reconnu comme le bien premier et congénital, et c'est à partir de lui que nous commençons à choisir et refuser, et c'est à lui que nous aboutissons,en jugeant tout bien d'après l'affection prise comme règle.

» Épicure constate que le plaisir, recherché par tous, est l'élémentessentiel de la vie heureuse.

Conforme à la nature humaine, il procureun critère parfait de tous les choix que nous avons à faire.

Il résidedans la sensation qui, nous mettant en rapport avec le monde, est larègle qui nous fait choisir ou exclure.

Ce bien est inné et personnel,puisque chacun est juge de ce qui lui convient : c'est de notre proprepoint de vue sensible que nous jugeons de ce qui est pour nous unplaisir ou une douleur.

Ainsi, nous ne recherchons pas les plaisirs quiengendrent de l'ennui, et l'on peut préférer endurer certaines douleurssi elles sont le moyen d'accéder à un plus grand plaisir.

L'épicurismen'est pas une philosophie simpliste qui recherche le plaisir à tout prix etfuit la douleur ; elle repose sur un principe de détermination, qui est la sensation, critère complexed'estimation des valeurs, puisqu'il aboutit à un paradoxe : "Nous en usons parfois avec le bien comme s'ilétait le mal, et avec le mal comme s'il était le bien", (Épicure).

Transition : Plusieurs problèmes se posent à la fin de cette première partie.

Si le bonheur est recherché par chaque individu y a-t-il consensus sur sa définition ? Le bonheur doit-il être recherché par tous les moyens ? Deuxième partie : Les difficultés résultant de l'identification du bonheur au bien suprême.

2.1 La disjonction entre moralité et bonheur.

Dans le dialogue platonicien intitulé le Gorgias se pose le problème des tyrans heureux.

Si le bonheur est un bien suprême et si des personnes immorales peuvent être heureuses alors cela voudrait dire que le mal et lebien ne s'excluraient pas, que le mal pourrait être au service du bien.

La mise en évidence du bonheur desgens injustes indique le caractère contradictoire de l'identification du bonheur au bien suprême, car quandnous poursuivons le bonheur nous ne poursuivons pas nécessairement le bien.

2.2 Le bonheur est un faux principe.

Faire du bonheur le souverain bien a des conséquences sur la primauté de ce bien, de suprême il devientmédiocre.

« Les épicuriens avaient admis, il est vrai, pour principe suprême des moeurs un principe entièrement faux, celui du bonheur , et substitué comme loi une maxime du choix arbitraire, d'après l'inclination de chacun ; mais ils se montrèrent assez conséquents , en abaissant leur souverain Bien d'autant, c'est-à-dire proportionnellement au niveau peu élevé de leur principe, et en espérant point de plusgrand bonheur que celui que peut procurer la prudence humaine (dont relève aussi la tempérance et lamodération des inclinations), bonheur qui, comme on sait, se révèle forcément assez mesquin , et très différent selon les circonstances.

» KANT, Critique de la raison pratique. 2.3 De l'indétermination du bonheur.

« Pour l'idée du bonheur du tout absolu, un maximum de bien-être dans mon état présent et dans toute macondition future, est nécessaire.

Or il est impossible qu'un être fini, si perspicace et en même temps sipuissant qu'on le suppose, se fasse un concept déterminé de ce qu'il veut véritablement.

» Kant, dans cepassage des Fondement de la métaphysique des moeurs, souligne la difficulté qu'il y aurait à donner une définition unique du bonheur.

Sa relativité est un obstacle à son identification au bien suprême Transition : Cette deuxième partie a permis de souligner les difficultés qu'il y avait à concevoir le bonheur comme bien suprême, notamment la disjonction entre moralité et bonheur et l'indétermination de ce dernier.

Troisième partie : Le Souverain Bien ou la moralité condition du bonheur.

3.1 La moralité comme Bien suprême.

Ce n'est pas le bonheur qui est le principe suprême de l'action mais la moralité.

Or le bonheur et la moraliténe doivent pas être purement et simplement opposés l'un à l'autre.

Au contraire le bonheur peut dériver del'action morale.

« De cette solution de l'antinomie de la raison pure pratique, il résulte que, dans les principes. »

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