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Le bonheur se limite-t-il à l'argent ?

Publié le 22/02/2012

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On dit bien souvent que l'argent ne fait pas le bonheur, bien qu'il y contribue. Au-delà de ce simple aphorisme populaire c'est la question de la valeur intrinsèque d'une chose qui se fait jour. La question est donc de savoir ce qui réellement de la valeur et ce que l'on peut envier ou désirer. Est-ce l'argent ou autre chose ? L'argent est-elle la nouvelle idole moderne ? C'est en ce sens que le bonheur qui se définit comme un état stable de satisfaction pleine et entière semble entretenir un lien avec l'argent d'où cette interrogation : « le bonheur se limite-t-il à l'argent ? ».             Si l'argent pouvait faire le bonheur de l'homme alors on pourrait parler de l'argent roi ou de l'idole des temps modernes (1ère partie), bien que fausse il faudra s'interroger sur le fondement de cette assertion (2nd partie) et étudier finalement à l'aune de la notion de bonheur la valeur de l'argent (3ème partie).    

« l'autre et de ce qu'elles permettent de s'offrir qui pour nous constitue un idéal de vie.

Dès lors l'argent fonctionnesur la représentation de l'imagination provoqué par le désir et c'est en ce sens que l'on peut mettre en exergue leconcept de concupiscence tel que le pense Pascal dans les Pensées .

En effet, Pascal parle notamment de « roi de concupiscence ».

C'est donc sur le ressort de l'imagination et du pouvoir que procure l'argent que se fonde cetteidée selon laquelle l'argent ferait le bonheur : L'imagination rend la vie possible en donnant prix aux choses et en lesconstituant en réseaux hiérarchiques.

Dès lors, dans un monde social et politique, la position des grands estenviable parce qu'ils disposent des moyens de divertissement : « Qu'on en fasse l'épreuve : qu'on laisse un roi toutseul, sans aucune satisfaction des sens, sans aucun soin de l'esprit, sans compagnie, penser à lui tout à loisir ; etl'on verra qu'un roi sans divertissement est un homme plein de misères ».

L'imagination, associée à la concupiscenceet poussée par l'angoisse, est donc le moyen terme qui constitue le lien social, c'est-à-dire qui institue les individusen sujets d'un pouvoir de domination : « Vous êtes… proprement un roi de concupiscence.

Votre royaume est depeu d'étendue ; vous êtes égal en cela aux plus grands rois de la Terre ; ils sont comme vous des rois deconcupiscence.

C'est la concupiscence qui fait leur force, c'est-à-dire la possession des choses que la cupidité deshommes désire […].

Ce n'est point votre force et votre puissance naturelle qui vous assujettit toutes cespersonnes ».b) Il faut donc bien voir avec Pascal dans les Pensées que le plaisir, qui anime le mouvement imaginaire de la concupiscence, ne soit pas le simple manque qu'un objet pourrait combler, mais « la marque et la trace toute vide ».Les ordres de la chair et l'esprit, qui se déploient selon trois désirs fondamentaux, sont donc pris dans cette illusionque le sens de l'existence est donné par l'objet visé, illusion qui apparaît comme telle lorsque l'on saisit que cemouvement est proprement indéfini.

En d'autres termes, le mouvement même de l'existence humaine, telle qu'elle sedéploie spontanément, est sans origine ni fin.

Cette valeur de l'argent bonheur fonctionne donc sur suivant lesrègles des cordes de nécessités que décrit Pascal dans les Pensées c'est-à-dire sur fond de désir et d'imagination : « Les cordes qui attachent le respect des uns envers les autres, en général, sont cordes de nécessité ; car il fautqu'il y ait différents degrés, tous les hommes voulant dominer, et tous ne le pouvant pas, mais quelques-uns lepouvant.

[…] Et c'est là où l'imagination commence à jouer son rôle.

[…] Or ces cordes qui attachent donc lerespect à tel et à tel en particulier, sont des cordes l'imagination ».c) Au demeurant, il reste toutefois vrai comme le note Aristote dans ses Topiques que l'argent est un facteur nécessaire mais moins important que la santé pour mener une bonne vie ce qui semble bien être l'un des critèrespremiers du bonheur : « Aussi, le superflu est meilleur que le nécessaire, et est quelque fois plus désirable en tantque bien : pour la bonne vie que la simple vie, et la bonne vie a du superflu tandis que la simple vie est nécessité.Quelque fois, cependant, le meilleur n'est pas aussi désirable […] au demeurant, être un philosophe est meilleur quefaire de l'argent, mais ce n'est pas plus désirable pour un homme auquel l'essentiel pour vivre.

L'expression« superflu » apparaît quand un homme possède le nécessaire pour vivre et travaille pour assurer autant que possibled'autres nobles acquisitions.

Pour parler rapidement, peut-être, le nécessaire est plus désirable tandis que lesuperflu est mieux » [1]. Transition : Ainsi l'argent-bonheur fonctionne suivant le principe propre de la concupiscence et de l'imagination.

C'est donc ledésir et l'envie qui sont la source de cette idée bien que l'argent soit nécessaire à la bonne vie.

Néanmoins l'argentne fait en aucun cas le bonheur : il est une non valeur.

III – La non-valeur de l'argent a) Et c'est bien ce que l'on peut voir avec Alain dans ses Propos sur le bonheur .

En effet, il écrit : « On dit que la plupart des hommes tombent en quelque sorte à genoux sur la seule mention de l'argent.

Je n'ai vu rien de tel.

Jevois bien que les hommes ont besoin d'argent et s'occupent premièrement à en gagner ; cela veut dire seulementque l'homme mange au moins deux fois par jour, et choses semblables.

Mais un homme qui ne pense qu'à manger età gagner, cela est rare ; c'est une sorte de monstre.

Et pareillement, celui qui ne pense qu'à étendre ses affaires,et à ajouter des millions à des millions est une sorte de monstre.

Quant aux opérations intellectuelles que supposecette manie d'acquérir, elles sont tellement communes et faciles que personne ne les jugera au-dessus de soi.

Oùdonc courent les hommes dès qu'ils sont assurés de leur pâtée ? Ils courent au stade, et ils acclament un hommefort, un homme agile, un homme courageux ; ce sont des valeurs qui ne s'achètent point, des valeurs estimées bienplus haut que l'argent.

Ou bien ils vont au concert, et crient de tout leur cœur et casseraient les banquettes enl'honneur de quelque artiste ; et certes ils savent que le plus riche des hommes ne peut s'offrir cette gloire.

Quantaux puissances de pur esprit, nul ne les méconnaît ; nul ne les mesure aux millions.

Personne ne demande si Einsteinest bien riche ».

Ainsi, bien que l'on pense souvent que l'argent est une valeur suprême, on peut largement endouter et voir qu'il existe d'autres valeurs incommensurablement supérieures à l'argent comme la gloire, laconnaissance et le génie.

Dès lors, à l'aune d'une recherche de bonheur, l'activité appropriée est sans doute pluscelle qui aura le plus de valeur que celle de moindre valeur.b) Ainsi pour Alain l'argent serait donc encore cette idole remise au goût de la modernité.

Or elle ne constitue en rien une valeur en elle-même.

Autrement dit, ce que recherche les hommes ce ne sont pas les richesses ou l'argentmais bien autre chose.

L'argent n'est donc pas fondamentalement lié au bonheur pour Alain même si bien sûr ilassure une existence décente.

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L'argent nous sert essentiellement à pourvoir et à satisfaire nos besoins premierscomme manger, boire, s'abriter etc.

En cela Alain rejoint l'origine même de l'avènement de la monnaie comme moyenplus simple pour assurer l'échange et la survie de tous.

En ce sens, Alain ne dénie pas la valeur de l'argent.

Il larelègue simplement au rang de simplement outil permettant à l'homme de vivre correctement.

Dans ce cas, lavénération de l'argent est superfétatoire et illusoire.

L'homme serait donc cet être rempli d'un vide pour reprendre lathématique pascalienne du néant et des deux infinis.

L'homme se satisfaisant seulement de ses besoins serait une. »

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