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BOSSUET: Sermons (Fiche de lecture)

Publié le 17/11/2010

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bossuet

«Ô mort, nous te rendons grâce des lumières que tu répands sur notre ignorance : toi seule nous convaincs de notre bassesse, toi seule nous fais connaître notre dignité : si l'homme s'estime trop, tu sais déprimer son orgueil ; si l'homme se méprise trop, tu sais relever son courage ; et, pour réduire toutes ses pensées à un juste tempérament, tu lui apprends ces deux vérités, qui lui ouvrent les yeux pour bien se connaître : qu'il est méprisable en tant qu'il passe, et infiniment estimable en tant qu'il aboutit à l'éternité.«

(Sermon sur la mort)

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« s'imprégner des vérités religieuses. Le sermon est donc tout à la fois instrument de pédagogie religieuse, événement mondain et, si le prédicateur en ale talent, pièce littéraire.

A ce dernier titre, Bossuet demeure sans conteste le plus brillant auteur de sermons deson époque.

Ses Sermons n'étaient pas destinés à être publiés.

Sur les quelque cinq cents sermons qu'il a prononcés en chaire, deux cents environ seront édités pour la première fois à la fin du XVIIIe siècle par desbénédictins. UN MODÈLE D'ÉLOQUENCE Si le prédicateur peut être assimilé à un écrivain, c'est cependant dans le respect de règles, celles del'éloquence religieuse, extrêmement rigoureuses.

Prêché devant l' assemblée des fidèles, le sermon se dérouleselon un ordonnancement très strict, que doit scrupuleusement respecter le prédicateur.

Ce dernier s'appuiesur une phrase tirée des Écritures, qui sert de point de départ à la réflexion proposée à l' auditoire.

Cetteréflexion se décompose de la manière suivante : un exorde en deux parties, séparées par un Ave destiné à appeler la bénédiction de la Vierge.

Dans un premier temps, est annoncé le sujet du sermon, puis la citationchoisie est commentée et le plan annoncé.

Vient ensuite la partie centrale, qui traite chaque point selon une progression dynamique, pour se conclure sur la péroraison, dans laquelle se trouve dégagée la conclusion. Grand orateur, sachant admirablement soumettre à son génie de la parole ces règles strictes, Bossuet acquiertrapidement de cet art une maîtrise pleine d'humilité.

Influencé par saint Vincent de Paul, il se détourne deseffets oratoires grandiloquents pour atteindre une simplicité de verbe qui ne donne que plus de poids à sespropos. C'est que, selon Bossuet, le mystère divin est au-delà dans sa puissance et en deçà dans sa simplicité de tousles artifices du langage ; la vérité chrétienne est une vérité de l'ordre du coeur et de la foi, non de larationalité et de l'intelligence.

La prédication n'est pas un divertissement rhétorique pour l'esprit, «mes discourssont forts parce qu'ils sont simples» écrit Bossuet.

Cette vertu chrétienne rejoint la philosophie qui fonde leclassicisme et qui prône la simplicité dans l'art.

Nulle part aussi clairement que chez Bossuet ne, se fait jour cequi est au coeur de toute la réflexion littéraire de l'époque : les liens qui unissent la morale (tirée ici desévangiles) et l'esthétique, dans ce siècle éminemment religieux. 2. RIGUEUR ET HUMILITÉ 3. Malgré la célébrité et les honneurs qui lui échurent, Bossuet ne renonça jamais à accomplir son sacerdoce avectoute la ferveur d'un véritable chrétien.

Ses sermons révèlent un homme préoccupé non de sa propre gloiremais de la sauvegarde des âmes.

Chacun de ses prêches vise à convaincre un auditoire.

Remarquableconnaisseur des Écritures saintes, il nourrit son discours de citations et de références sur lesquelles il appuieson argumentation.

C'est ainsi que l'un de ses pl -us célèbres sermons, le Sermon sur la mort, abonde en citations bibliques, signe de l'humilité de l'orateur qui met son éloquence au service de Dieu.

Cette humilité, onla retrouve au coeur même de sa prédication, comme la valeur suprême à laquelle l'homme doit se rattacher.

Deux textes sont à cet égard particulièrement représentatifs de la pensée de Bossuet: le Sermon sur l'éminente dignité des pauvres et le Sermon sur la mort. Dans le premier, prononcé en 1659, Bossuet se fait l'avocat des pauvres, moins par souci de justice socialeque par devoir de charité.

Ce plaidoyer pour la dignité des pauvres, qui est un motif récurrent de saprédication, renvoie à l'une des qualités du Christ; il est une manière de souligner a contrario la vanité de nosrichesses terrestres, qui ne sont rien face à la mort, lot commun de notre condition humaine, et devantlaquelle les hommes, riches ou pauvres, humbles ou puissants, sont tous égaux : «Étant tous pétris d'une même masse et ne pouvant y avoir grande différence entre de la boue et de la boue,pourquoi verrons-nous d'un côté la joie, la faveur, l'affluence ; et de l'autre la tristesse, le désespoir etl'extrême nécessité, et encore le mépris et la servitude ?» (Sermon sur l'éminente dignité des pauvres) On touche ici au thème central et primordial que développe Bossuet dans toute son oeuvre, celui de la mort.

SonSermon sur la mort, sans doute l'un de ses chefs-d'oeuvre, incite l'homme à contempler en face cette vérité fondamentale qu'est la mort: «Me sera-t-il permis aujourd'hui d'ouvrir un tombeau devant la cour, et des yeux si délicats ne seront-ils pointoffensés par un objet si funèbre ?» (Sermon sur la mort) En frappant son auditoire par une image forte, Bossuet veut, pour reprendre un terme pascalien, le détourner du«divertissement», le contraindre à un retour sur soi.

Vérité suprême, la mort révèle à l'homme sa double vérité.. »

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