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brésilienne, littérature.

Publié le 06/05/2013

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brésilienne, littérature. 1 PRÉSENTATION brésilienne, littérature, littérature de langue portugaise produite au Brésil. La langue commune, le portugais, donne son unité à cette mosaïque culturelle qui s'est constituée au fil des siècles, à partir de la colonisation du Brésil par le Portugal (v. 1530). Trois groupes ethniques ont contribué à la constitution de cette littérature : les indigènes d'Amérique, les Européens transplantés et les Noirs, venus d'Afrique comme esclaves. L'histoire de la littérature brésilienne peut être mise en parallèle avec celles d'autres pays latins. Influencée par la culture et la pensée européenne, elle se divise en deux périodes, la période coloniale et la période nationale. 2 LA PÉRIODE COLONIALE On fait généralement correspondre la naissance de la littérature brésilienne avec l'arrivée au Brésil des premiers colons européens. Bien que les auteurs, à cette époque, ne soient pas très nombreux, cette jeune littérature compte quelques riches descriptions historiques et géographiques, et une grande fierté régionale anime déjà les premiers écrits. L'exploration du Brésil, les guerres qui ont jalonné sa conquête par le Portugal, comme la première occupation par les Portugais et les Européens du plateau intérieur appelé sertão lui fournissent alors l'essentiel de ses thèmes. Les premières oeuvres revêtent principalement la forme de chroniques et de poèmes épiques ; elles subissent par ailleurs rapidement les influences du maniérisme ibérique (Espagne et Portugal), alors en vogue, et qu'on a coutume d'appeler gongorisme (du nom de son principal représentant, voir Luis de Góngora y Argote). C'est à Bahia, berceau littéraire du pays, que sont publiées quelques-unes des premières épopées brésiliennes. Le prêtre jésuite António Vieira, au XVIIe siècle, est l'un des tout premiers auteurs à écrire sur le Brésil ; dans des sermons riches en figures rhétoriques mais non exempts d'exagérations, il plaide la cause des indigènes, s'élevant contre le traitement inhumain qui leur est réservé, et condamne les Hollandais pour leurs attaques répétées contre le Brésil. Au XVIIe siècle toujours, les tendances littéraires du Portugal et de l'Espagne trouvent également un écho dans les oeuvres d'inspiration baroque du satiriste Gregório de Mattos Guerra. Ce n'est, toutefois, qu'à partir de la seconde moitié du XVIIIe siècle que l'activité littéraire au Brésil prend véritablement son essor, se déplaçant de Bahia vers la ville minière de Minas Gerais. Le plus éminent poème épique de cette époque est Uruguay (1769) de José Basílio da Gama, un poème narratif en vers évoquant la guerre menée par l'Espagne et le Portugal contre les missions uruguayennes. L'auteur y dépeint avec sympathie, voire avec une certaine sentimentalité, la vie et les moeurs des premiers habitants d'Amérique. Friar José de Santa Ritta Durão appartient lui aussi à ce qu'on a appelé l'« école du Minas Gerais «, et son poème épique intitulé Caramur (« le Dragon de la mer «) célèbre d'ailleurs la découverte de Bahia. La production littéraire du Brésil avant le XIXe siècle reste cependant limitée, tant en nombre qu'en qualité (les chefs-d'oeuvre écrits durant la période coloniale sont rares). 3 LA PÉRIODE NATIONALE : VERS L'ÉMANCIPATION 3.1 Poésie Au XIXe siècle, les courants littéraires européens continuent à être représentés dans les lettres brésiliennes, mais, le Brésil ayant gagné son indépendance en 1822, ils entrent désormais davantage en concurrence avec les préoccupations et les thématiques propres au pays, le sertão et le selva (la brousse amazonienne). C'est pourtant l'introduction de l'un de ces courants, le romantisme français, dans une littérature jusque-là presque exclusivement soumise à l'influence des lettres portugaises, qui va permettre l'émancipation de la littérature brésilienne, en enrichissant sa poésie de formes nouvelles et plus libres. Ses représentants les plus talentueux -- ils appartiennent tous deux à la première génération de romantiques -- sont Domingos José Gonçalves de Magalhães, auteur de Suspiros poéticos e sâudades (« Vues poétiques et saudades «, 1836) et Antônio Gonçalves Dias ; en partie d'origine indigène, ce dernier lutte pour la défense de la cause des Indiens et est notamment l'auteur d'un Dictionnaire de la langue tupi (1858). Ses plus belles oeuvres poétiques (trois volumes de Cantos, 1846, 1848 et 1851), expansives et teintées de sentimentalité, décrivent de façon vivante la nature tropicale. Antônio Álvares de Azevedo fait, lui, partie des nombreux poètes romantiques brésiliens de la deuxième génération décédés à l'âge de vingt ou trente ans (et au nombre desquels on compte Luís Nicolau Fagundes Varela, Casimiro de Abreu, António de Castro Alves), tandis que d'autres, tels Olavo Bilac, Raimundo Correia ou Alberto de Oliveira, sont plutôt les disciples des Parnassiens. 3.2 Romans Du côté de la prose qui, plus que la poésie peut-être, a contribué à forger l'identité littéraire du Brésil, Joaquím María Machado de Assis est sans conteste le plus important romancier du XIXe siècle. Ses nombreux romans se distinguent par la finesse de l'analyse psychologique, qui parfois même anticipe les découvertes de la psychanalyse. Machado de Assis y dépeint ses personnages avec pessimisme et ironie, mais son style est plus empreint de tristesse que de courroux. Le succès de son roman le plus connu, Mémoires posthumes de Braz Cubas (1881), qui a dépassé les frontières du Brésil, ne doit pas faire oublier ses autres oeuvres (Dom Casmurro, 1900 ; Esaü et Jacob, 1904 ; etc.). Les Indiens constituent le thème central des récits d'un autre grand romancier du XIXe siècle, José de Alencar, considéré comme le maître du roman romantique : dans le Guarani (O Guarani, 1857), il associe l'image romantique des Indiens à des descriptions de la nature et à des récits pittoresques sur la vie locale. Les romanciers Bernardo da Silva Guimarães et Euclides da Cunha marquent eux aussi leur siècle avec des chroniques sur la vie dans les terres intérieures brésiliennes. Os Sertões (« Terre de Canudos «, 1902), d'Euclides da Cunha, pose les fondements du régionalisme dans la littérature brésilienne. Ce chef-d'oeuvre, à la fois dramatique et historique, retrace le soulèvement d'un groupe de fanatiques religieux, et dépeint non seulement la société, mais aussi la géographie, la géologie et même la zoologie de ces territoires. Empruntés à la tradition française, le réalisme et le naturalisme, qui éclipsent progressivement le romantisme à partir des années 1870-1880, sont tout d'abord représentés dans la littérature brésilienne par deux écrivains « de transition « : Manuel Antônio de Almeida, auteur de Mémoires d'un sergent de la milice (1853), et Alfredo d'Escragnolle, vicomte Taunay, que l'on associe habituellement à la région du Mato Grosso, qu'il dépeint dans ses romans. Mais le premier auteur véritablement naturaliste est Aluízio de Azevedo, sévère analyste et prosateur, dont l'ouvrage le Mulâtre (1881) narre la tragédie d'un mulâtre tué afin d'empêcher son mariage avec une femme blanche. Ce thème de l'injustice liée à la condition marginale des Indiens ou des Noirs, après celui de l'esclavage, joue et continuera de jouer un rôle important dans l'oeuvre de nombreux écrivains brésiliens, en particulier chez les écrivains noirs. Le poète symboliste João da Cruz e Sousa, place le thème de la négritude et la douleur qui l'accompagne au coeur de sa problématique. Il est le représentant majeur du courant symboliste au Brésil (les recueils Missal et Broquéis, parus en 1893, sont les seules oeuvres éditées de son vivant). 3.3 Théâtre La production dramaturgique apparaît tardivement au Brésil. Au XIXe siècle, Gonçalves de Magalhães (1811-1882), d'inspiration romantique, signe la première tragédie brésilienne, Antônio José ou le poète et l'Inquisition (1839). La comédie est au goût du jour, et l'auteur emblématique en est Martins Pena (1815-1848), auteur de dizaines de pièces qui attaquent le pouvoir sous ses diverses incarnations : politique, religieux, financier... Si quelques poètes et romanciers s'essaient ensuite à l'écriture théâtrale, comme Machado de Assis, leur production reste mineure. La deuxième moitié du siècle est marquée par l'introduction de genres très en vogue en Europe, comme le music-hall, le french cancan, l'opérette... Figure majeure du théâtre brésilien de la fin du XIXe siècle, le dramaturge Artur Azevedo (1855-1908) signe de nombreuses comédies, vaudevilles, revues et farces. 4 LE XXE SIÈCLE : L'INDÉPENDANCE INTELLECTUELLE 4.1 1922 : le modernisme Le courant dominant du XXe siècle est le modernisme, dont l'extraordinaire développement marque le désir d'une littérature originale, affranchie des modèles littéraires européens, et qui puiserait ses thèmes et son expression dans la tradition nationale. La Semaine d'art moderne de São Paulo en février 1922 est l'acte fondateur du modernisme : organisé au Théâtre municipal, l'évènement réunit des peintres (Anita Malfatti, Di Calvacanti), des sculpteurs (Victor Brecheret), des compositeurs (Heitor Villa-Lobos), et des écrivains et poètes, notamment Oswald de Andrade, Mario de Andrade, Guilherme de Almeida... Sifflées par le public, les oeuvres vues, lues ou entendues, comme le poème Paulicéia desvairada (São Paulo halluciné) de Mário de Andrade, sont en elles-mêmes des manifestes. Le modèle théorique, développé notamment par Oswald de Andrade, est celui de l'anthropophagie culturelle, qui prône la déconstruction des cultures étrangères par l'assimilation de leurs idées, de leurs valeurs, pour en faire émerger une vision et une représentation du monde originales : l'affirmation d'Oswald de Andrade, « Tupi or not tupi, that is the question «, synthétise cette problématique de l'identité. Avec Oswald de Andrade et Carlos Drummond de Andrade, Mário de Andrade est l'un des principaux acteurs du modernisme. Dans ses recueils de poésie ou son roman Macunaíma (1928), il donne à ce mouvement son art poétique : sujets inspirés du folklore brésilien, rénovation de l'expression poétique par l'introduction de la langue parlée, redéfinition de l'indigénisme, dédain des valeurs bourgeoises, etc. L'oeuvre de Carlos Drummond de Andrade, artisan majeur du modernisme, exerce sur les générations suivantes une influence considérable, notamment sa poésie. Jorge de Lima appartient lui aussi, par ses premières oeuvres, à la génération moderniste. Sa carrière, parnassienne à ses débuts, prend un tour plus social et révolutionnaire par la suite. Manuel Bandeira, auteur de Libertinage (1930), est également un des représentants du modernisme, et a signé des recueils de poésie. La poétesse Cecilia Meireles (1901-1964), d'abord influencée par le symbolisme, puis par le modernisme ( O espirito vitorioso, 1929), emprunte une voie plus personnelle à partir du milieu des années 1930 : Viagem (1939), Vaga música (1942), Mar absoluto (1945)... Son chef-d'oeuvre, Romanceiro da inconfidência (1953), est un long poème lyrico-épique mêlant ses souvenirs d'enfance à des évocations de l'histoire du Minas Gerais. Considérée comme l'une des voix majeures de la poésie brésilienne, elle a su exprimer des thèmes universels comme l'angoisse du temps et la poésie comme forme de résistance. À la même époque, Murilo Mendes (1901-1975), marqué d'abord par le modernisme, puis par sa conversion au catholicisme, laisse une oeuvre à l'inspiration métaphysique et au style apocalyptique (Tempo e eternidade, 1935 ; Poesia Liberdade, 1947 ; Tempo Espanhol, 1959). 4.2 L'explosion du roman Au cours du XXe siècle, les romanciers brésiliens continuent d'explorer la société brésilienne : le mouvement régionaliste a vocation à formuler une fiction identitaire qui vaut pour tout le pays, à travers l'analyse de la vie rurale, notamment du Nordeste, comme dans l'Enfant de la plantation (1932) de José Lins do Rêgo, ou l'Année 1915 (O quinze, 1930) de Rachel de Queiroz (1910-2003), ou par l'évocation de la vie urbaine, comme dans les oeuvres de Erico Veríssimo (1905-1975) : la grande fresque romanesque le Temps et le vent (O tempo e o vento, parue en trois volumes de 1949 à 1961) dépeint, dans un souffle lyrique, la constitution de l'identité nationale brésilienne à travers le regard des habitants du Sud brésilien. Les premiers romans de Jorge Amado dépeignent et dénoncent, quant à eux, dans une perspective réaliste socialiste, l'exploitation des travailleurs ruraux et des classes populaires ( Cacao, 1933 ; les Terres du bout du monde, 1942) ; cependant, le lyrisme, qui n'est pas absent de ses premiers récits, l'emporte dans ses oeuvres ultérieures, sans que disparaisse la critique sociale (Gabriela, girofle et cannelle, 1958 ; Dona Flor et ses deux maris, 1966). João Guimarães Rosa, auteur de Diadorim (1956) et Sagarana (1946), perpétue la tradition naturaliste et régionaliste ; fortement influencé par William Faulkner, il écrit dans un style idiosyncratique nouveau. Gracilio Ramos (1892-1953), romancier métaphysique à la production limitée, est l'une des voix majeures du roman moderne brésilien dont les récits sont ancrés dans le Nordeste, sans toutefois sacrifier à l'exotisme. Cette terre sèche, dure, brutale (le sertão), sert de cadre à une réflexion sur l'homme, à la manière d'une étude en milieu naturel (Angoisse, 1936 ; Sécheresse, 1938). 4.3 Théâtre Au début du siècle, le théâtre reste largement dominé par le boulevard et les revues, mais connaît une courte période d'effervescence au début des années 1920, sous l'influence du modernisme ; Oswald de Andrade signe ainsi o Rei da vela (le Roi de la chandelle, 1937), Gastão Tojeiro, Onde canta o sabiá (Là où chante le sabiá, 1921). Le renouveau intervient par le biais de groupes amateurs, comme le Théâtre universitaire (Rio de Janeiro), puis le Théâtre des étudiants du Brésil, créé en 1938, ou Os Comediantes (São Paulo), qui mettent en scène de grands textes internationaux. Le Teatro Brasileiro de Comedia (TBC), créé en 1948, est également axé sur la création de textes étrangers, sous la direction de metteurs en scène européens. L'évolution du théâtre dans les années 1950 s'inscrit en réaction à cet européanisme, avec notamment Nelson Rodrigues et Ariano Suassuna. 4.4 La littérature de cordel Parallèlement à la littérature « officielle « coexiste une production littéraire en vers, par et pour le peuple. Apparue à la fin du XIXe siècle, la littérature de cordel (de corde) tient son nom de la manière dont elle est présentée et vendue : constitué de feuillets assemblés en mauvais papier, la couverture ornée d'une xylogravure, le livret est suspendu sur une corde dans les marchés et les foires ; le marchand, bien souvent ambulant, en est également le déclamateur, et parfois l'auteur. Les récits en vers sont les héritiers d'une tradition orale où l'actualité est retranscrite avec dérision, offrant ainsi à ses auditeurs une interprétation du réel ludique et poétique. Certains personnages mythiques sont récurrents, comme la figure du vaqueiro (le cowboy brésilien), du cangaceiro (le brigand de grand chemin) ou des figures régionales ; l'héritage médiéval, dû à la lointaine origine ibérique du genre (les romanceros du XVe et XVIe siècles), avec des cycles autour de Charlemagne ou de Robert le Diable, est également récurrent. Particulièrement vivace dans le Nordeste, la littérature de cordel et les informations qu'elle véhicule fait office, à l'origine, de lien entre le littoral, plus développé, et la zone rurale et désertique du sertão. L'âge d'or de la littérature de cordel se situe entre 1930 et 1960 mais, après une période moins faste due à l'avènement de la radio puis de la télévision, le genre accède à une nouvelle légitimité, grâce aux travaux de chercheurs brésiliens et étrangers qui le sortent du champ folklorique pour le reconnaître comme fait littéraire. Cet intérêt de la part des intellectuels brésiliens est également motivé par le besoin de fonder une authentique culture nationale à partir de la culture populaire. À partir des années 1970, le genre se renouvelle et contourne à son avantage les bouleversements de la modernité. Ainsi le cinéaste Glauber Rocha utilise à plusieurs reprises le cordel, notamment dans Antônio das Mortes, et les emprunts à cette tradition en littérature et en musique ne sont pas rares. 5 DEPUIS LES ANNÉES 1950 5.1 Poésie Immédiatement après la Seconde Guerre mondiale apparaît une réaction au modernisme, réunie sous l'appellation « génération de 1945 «. Se voulant plutôt évolution que rupture, cette nouvelle vague se détache de la tonalité lyrique des oeuvres modernistes, pour revenir à une perfection formelle : retour à la métrique et à la rime, primauté du vers, sens de la forme. Le poète João Cabral de Melo Neto (1920-1999), originaire de Recife, en est le représentant majeur, avec Imaginações do Ledo Ivo (1944) et O Engenheiro (l'Ingénieur, 1945), et le recueil Duas águas (1956). Se détachant de toutes influences, modernisme, « néo-modernisme «, etc., son oeuvre l'impose comme l'un des poètes les plus importants du siècle. Divers courants et groupes dominants se succèdent durant les années suivantes -- le concrétisme (1956), le groupe Tendência (1957), le mouvement Praxis (1962)... --, ces multiples évolutions révélant le dynamisme de la création poétique brésilienne. Le mouvement du tropicalisme, initié à partir de 1968, renouvelle la fonction poétique en rejoignant la musique : Caetano Veloso, Gilberto Gil, Chico Buarque et Vinicius de Moraes incarnent ainsi ce nouveau statut du poète-musicien. La fin des années 1970, période charnière, voit émerger la poésie marginale, le nouvel érotisme féminin, la poésie noire... 5.2 Théâtre Le théâtre, après la littérature et la poésie, connaît un mouvement fort de renaissance autour de l'identité, motivé par la grande place laissée à la création européenne. Nelson Rodrigues (1912-1980) en est l'artisan le plus important, et le fondateur du théâtre moderne brésilien. Sa pièce Robe de mariée (Vestido de noiva, 1943), mise en scène par Zbigniew Ziembinski, révolutionne les codes scénographiques en usage, et est aujourd'hui l'une des plus jouées du répertoire moderne ; ses pièces suivantes se heurtent à la censure, pour certaines durant une vingtaine d'années, tandis que le milieu intellectuel décrie son théâtre, qui vise précisément à heurter la morale bourgeoise. Les travaux d'Ariano Suassuna (né en 1927) se distinguent quant à eux par leur contenu religieux et folklorique, ancré dans la culture du Nordeste, qui leur donne une dimension populaire, notamment dans sa pièce le Jeu de la miséricordieuse ou le Testament du chien (Auto da compadecida, 1957). Plus politique, Gianfresco Guarnieri (1934-2006) introduit dans ses pièces les thématiques de l'engagement syndical et des conflits urbains (Eles não usam black-tie [Ils ne portent pas de smoking], 1958) ; le théâtre Arena, auquel il participe avec Augusto Boal, porte cette parole de contestation, accentuée à partir du coup d'État militaire de 1964. La censure des années de dictature voit également l'éclosion du groupe Oficina, à São Paulo, qui s'illustre par des spectacles engagés ; mais la répression de plus en plus dure incite la majorité des auteurs, comédiens et metteurs en scène à travailler pour la télévision. Plínio Marcos (1935-1999) est l'auteur de pièces où la violence et le désespoir tiennent le premier rôle, à l'image des changements profonds qui affectent la société. Sa langue crue accentue d'autant plus la violence à l'oeuvre entre les protagonistes, ainsi les deux clochards de Deux perdus dans une nuit sale (Dois perdidos numa noite suja, 1965) ou les détenues séropositives de A mancha roxa (1988). À partir des années 1980, le retour à la démocratie permet l'émergence de nouvelles voix, comme Fernando Bonassi (né en 1962), et redonne un nouveau dynamisme à la production théâtrale. 5.3 Littérature L'impressionnante poussée économique et sociale qu'a connue le Brésil au XXe siècle, l'influence déterminante du modernisme, et l'essor des communautés urbaines laissent émerger dans la seconde moitié du XXe siècle une littérature riche et variée. L'oeuvre de João Antonio (1937-1996) se caractérise par une langue et un style « populaire «, ainsi que par un engagement politique contre la dictature militaire. Auteur de contes et de nouvelles, Clarice Lispector (1925-1977) gagne ses lettres de noblesse avec une oeuvre au lyrisme froid, débarrassée de toute intrigue traditionnelle et tendue vers l'introspection (A paxão segunda G.H., 1964 ; Un souffle de vie ([Um sopro de vida, Pulsações, 1978]). Lygia Fagundes Telles (née en 1923) est l'auteur d'une oeuvre à la fois engagée et tournée vers l'intime ; ses récits, romans ou nouvelles, avec concision et froideur, abordent les mouvements de l'âme qui agitent ses héros, dans un univers clos ( Un thé bien fort et trois tasses, 1972 ; La Structure de la bulle de savon, 1978 ; L'Heure nue, 1989). Parmi les écrivains de la fin du XXe siècle, le poète-musicien Chico Buarque est l'auteur de plusieurs romans remarqués, comme Benjamim (1995) ou Budapeste (2004, prix Jabuti). Lya Luft (née en 1938), dans la lignée de Clarice Lispector, produit une oeuvre où les femmes, qui tiennent une place centrale, sont à la recherche d'une identité indépendante des contraintes culturelles ( Pertes et profits, 2005). Le plus traduit des auteurs brésiliens, Paulo Coelho, connaît un succès international depuis l'Alchimiste (1994), grâce à sa langue simple et à son message humaniste accessible au plus grand nombre. Parmi les auteurs qui renouvellent la production littéraire de cette fin de siècle, Moacyr Sciliar (né en 1937), auteur de romans picaresques à l'humour mélancolique (a Majestade do Xingu [Sa Majesté, les Indiens], 1997), ainsi que Rubem Fonseca (né en 1925) qui, à travers la forme policière, explore les changements de la société brésilienne, et notamment sa violence. La question de la violence et son lien avec la littérature est abordée par de nombreux jeunes auteurs, dont certains amènent au premier plan la vie de la périphérie et des quartiers pauvres, comme Paulo Lins avec la Cité de Dieu (a Cidade de Deus, 1997). Microsoft ® Encarta ® 2009. © 1993-2008 Microsoft Corporation. Tous droits réservés.

« symboliste João da Cruz e Sousa, place le thème de la négritude et la douleur qui l’accompagne au cœur de sa problématique.

Il est le représentant majeur du courant symboliste au Brésil (les recueils Missal et Broquéis, parus en 1893, sont les seules œuvres éditées de son vivant). 3. 3 Théâtre La production dramaturgique apparaît tardivement au Brésil.

Au XIXe siècle, Gonçalves de Magalhães (1811-1882), d’inspiration romantique, signe la première tragédie brésilienne, Antônio José ou le poète et l’Inquisition (1839).

La comédie est au goût du jour, et l’auteur emblématique en est Martins Pena (1815-1848), auteur de dizaines de pièces qui attaquent le pouvoir sous ses diverses incarnations : politique, religieux, financier… Si quelques poètes et romanciers s’essaient ensuite à l’écriture théâtrale, comme Machado de Assis, leur production reste mineure.

La deuxième moitié du siècle est marquée par l’introduction de genres très en vogue en Europe, comme le music-hall, le french cancan, l’opérette… Figure majeure du théâtre brésilien de la fin du XIXe siècle, le dramaturge Artur Azevedo (1855-1908) signe de nombreuses comédies, vaudevilles, revues et farces. 4 LE XX E SIÈCLE : L’INDÉPENDANCE INTELLECTUELLE 4. 1 1922 : le modernisme Le courant dominant du XXe siècle est le modernisme, dont l’extraordinaire développement marque le désir d’une littérature originale, affranchie des modèles littéraires européens, et qui puiserait ses thèmes et son expression dans la tradition nationale.

La Semaine d’art moderne de São Paulo en février 1922 est l’acte fondateur du modernisme : organisé au Théâtre municipal, l’évènement réunit des peintres (Anita Malfatti, Di Calvacanti), des sculpteurs (Victor Brecheret), des compositeurs (Heitor Villa-Lobos), et des écrivains et poètes, notamment Oswald de Andrade, Mario de Andrade, Guilherme de Almeida… Sifflées par le public, les œuvres vues, lues ou entendues, comme le poème Paulicéia desvairada (São Paulo halluciné) de Mário de Andrade, sont en elles-mêmes des manifestes.

Le modèle théorique, développé notamment par Oswald de Andrade, est celui de l’anthropophagie culturelle, qui prône la déconstruction des cultures étrangères par l’assimilation de leurs idées, de leurs valeurs, pour en faire émerger une vision et une représentation du monde originales : l’affirmation d’Oswald de Andrade, « Tupi or not tupi, that is the question », synthétise cette problématique de l’identité.

Avec Oswald de Andrade et Carlos Drummond de Andrade, Mário de Andrade est l’un des principaux acteurs du modernisme.

Dans ses recueils de poésie ou son roman Macunaíma (1928), il donne à ce mouvement son art poétique : sujets inspirés du folklore brésilien, rénovation de l’expression poétique par l’introduction de la langue parlée, redéfinition de l’indigénisme, dédain des valeurs bourgeoises, etc.

L’œuvre de Carlos Drummond de Andrade, artisan majeur du modernisme, exerce sur les générations suivantes une influence considérable, notamment sa poésie. Jorge de Lima appartient lui aussi, par ses premières œuvres, à la génération moderniste.

Sa carrière, parnassienne à ses débuts, prend un tour plus social et révolutionnaire par la suite.

Manuel Bandeira, auteur de Libertinage (1930), est également un des représentants du modernisme, et a signé des recueils de poésie.

La poétesse Cecilia Meireles (1901-1964), d’abord influencée par le symbolisme, puis par le modernisme ( O espirito vitorioso , 1929), emprunte une voie plus personnelle à partir du milieu des années 1930 : Viagem (1939), Vaga música (1942), Mar absoluto (1945)… Son chef-d’œuvre, Romanceiro da inconfidência (1953), est un long poème lyrico-épique mêlant ses souvenirs d’enfance à des évocations de l’histoire du Minas Gerais.

Considérée comme l’une des voix majeures de la poésie brésilienne, elle a su exprimer des thèmes universels comme l’angoisse du temps et la poésie comme forme de résistance.

À la même époque, Murilo Mendes (1901-1975), marqué d’abord par le modernisme, puis par sa conversion au catholicisme, laisse une œuvre à l’inspiration métaphysique et au style apocalyptique ( Tempo e eternidade, 1935 ; Poesia Liberdade, 1947 ; Tempo Espanhol, 1959). 4. 2 L’explosion du roman Au cours du XXe siècle, les romanciers brésiliens continuent d’explorer la société brésilienne : le mouvement régionaliste a vocation à formuler une fiction identitaire qui vaut pour tout le pays, à travers l’analyse de la vie rurale, notamment du Nordeste, comme dans l’ Enfant de la plantation (1932) de José Lins do Rêgo, ou l’Année 1915 (O quinze, 1930) de Rachel de Queiroz (1910-2003), ou par l’évocation de la vie urbaine, comme dans les œuvres de Erico Veríssimo (1905-1975) : la grande fresque romanesque le Temps et le vent (O tempo e o vento, parue en trois volumes de 1949 à 1961) dépeint, dans un souffle lyrique, la constitution de l’identité nationale brésilienne à travers le regard des habitants du Sud brésilien.

Les premiers romans de Jorge Amado dépeignent et dénoncent, quant à eux, dans une perspective réaliste socialiste, l’exploitation des travailleurs ruraux et des classes populaires ( Cacao , 1933 ; les Terres du bout du monde, 1942) ; cependant, le lyrisme, qui n’est pas absent de ses premiers récits, l’emporte dans ses œuvres ultérieures, sans que disparaisse la critique sociale ( Gabriela, girofle et cannelle , 1958 ; Dona Flor et ses deux maris , 1966).

João Guimarães Rosa, auteur de Diadorim (1956) et Sagarana (1946), perpétue la tradition naturaliste et régionaliste ; fortement influencé par William Faulkner, il écrit dans un style idiosyncratique nouveau.

Gracilio Ramos (1892-1953), romancier métaphysique à la production limitée, est l’une des voix majeures du roman moderne brésilien dont les récits sont ancrés dans le Nordeste, sans toutefois sacrifier à l’exotisme.

Cette terre sèche, dure, brutale (le sertão ), sert de cadre à une réflexion sur l’homme, à la manière d’une étude en milieu naturel ( Angoisse, 1936 ; Sécheresse, 1938). 4. 3 Théâtre Au début du siècle, le théâtre reste largement dominé par le boulevard et les revues, mais connaît une courte période d’effervescence au début des années 1920, sous l’influence du modernisme ; Oswald de Andrade signe ainsi o Rei da vela (le Roi de la chandelle, 1937), Gastão Tojeiro, Onde canta o sabiá (Là où chante le sabiá, 1921).

Le renouveau intervient par le biais de groupes amateurs, comme le Théâtre universitaire (Rio de Janeiro), puis le Théâtre des étudiants du Brésil, créé en 1938, ou Os Comediantes (São Paulo), qui mettent en scène de grands textes internationaux.

Le Teatro Brasileiro de Comedia (TBC), créé en 1948, est également axé sur la création de textes étrangers, sous la direction de metteurs en scène européens. L’évolution du théâtre dans les années 1950 s’inscrit en réaction à cet européanisme, avec notamment Nelson Rodrigues et Ariano Suassuna. 4. 4 La littérature de cordel Parallèlement à la littérature « officielle » coexiste une production littéraire en vers, par et pour le peuple.

Apparue à la fin du XIXe siècle, la littérature de cordel (de corde ) tient son nom de la manière dont elle est présentée et vendue : constitué de feuillets assemblés en mauvais papier, la couverture ornée d’une xylogravure, le livret est suspendu sur une corde dans les marchés et les foires ; le marchand, bien souvent ambulant, en est également le déclamateur, et parfois l’auteur.

Les récits en vers sont les héritiers d’une tradition orale où l’actualité est retranscrite avec dérision, offrant ainsi à ses auditeurs une interprétation du réel ludique et poétique.

Certains personnages mythiques sont récurrents, comme la figure du vaqueiro (le cow- boy brésilien), du cangaceiro (le brigand de grand chemin) ou des figures régionales ; l’héritage médiéval, dû à la lointaine origine ibérique du genre (les romanceros du XVe et XVIe siècles), avec des cycles autour de Charlemagne ou de Robert le. »

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